Week-end à vélo dans les vignes jurassiennes

Ce topo en un coup d'oeil

Récit

Le Jura possédant un grand réseau de voies vertes et pistes cyclables, c’est donc tout naturellement que Simon et Jérôme ont enfourché leur vélo en direction de ce territoire. Sacoches et mollets gonflés à bloc, ils sont partis pour 3 jours d’exploration à travers les vignobles et collines du Jura.

J0 : Veillée à Dole

Avant d’entamer les 3 jours de vélos, on pose nos valises à Dole, ancienne capitale de la Franche-Comté. On décide de partager notre fin de journée avec les locaux pour une soirée animée, conviviale et plutôt (très) gourmande. On parcourt cette petite ville à l’architecture soignée entre histoire et culture. On y retrouve notamment la collégiale Notre-Dame de Dole et la maison natale de Louis Pasteur. Eh oui, on ne croisait pas n’importe qui en Franche-Comté !

Côté gastronomie, il y a le choix. Aussi chanceux qu’une tartine qui atterrit sur sa biscotte : ce soir, pas besoin de choisir un restaurant car comme tous les jeudis de la belle saison à Dole, c’est soirée Barbecue Paysan. De quoi découvrir une des traditions de la ville, faire la rencontre des producteurs locaux, des habitants et des musiciens qui se retrouvent face à la grande place de la ville pour partager leur soirée dans la bonne humeur et les bonnes odeurs.

Sur place, on peut acheter des produits de saison, de quoi boire et manger mais aussi et surtout, faire griller ses propres grillades sur des grands BBQ communs. La dégustation se fait sur les longues tables en bois au son des groupes locaux à la mode des Beergarten allemand. Après cette soirée, direction l’hôtel de la Cloche, où l’on passe la nuit avant d’attaquer la première journée de pédalage !

J1 : Dole – Port Lesney, entre canaux et forêts

Le soleil se lève du bon pied aujourd’hui. On a la chance de commencer notre périple sous un temps radieux, sans aucun nuage à l’horizon. Le temps d’engloutir un petit-déjeuner copieux (c’est le gros avantage du voyage à vélo, aucune culpabilité pour la nourriture !) et on part faire tourner le pédalier le long des canaux sur l’EuroVélo 6. Ce premier tronçon de piste cyclable suit la rivière du Doubs, un emblème de la Franche-Comté.

Les canaux de navigation du Jura ont été creusés dans le but de transporter les productions de sel dès le 11ème siècle. On vous confirme qu’il n’y a ni mer, ni flamands roses dans le Jura, mais grâce à des sources naturelles d’eaux salées, la région a été un gros producteur de sel. Aujourd’hui (et depuis 1962), les canaux laissent place aux péniches de plaisances pour le bonheur des touristes.

L’ambiance nature et simplicité est au rendez-vous ! Entre la voie cyclable ombragée, les oiseaux de rivage et les bateaux qui déambulent lentement, on prend son temps et ça fait du bien. En plus, le tracé est clair et vraiment accessible. Il n’y a plus qu’à apprécier et pédaler.

Comme le dit la chanson : « Jura où tu irais », alors on traverse des villages de pêcheurs et on apprécie le vent de fraîcheur qui nous permet d’enfiler les kilomètres sans s’en rendre compte. On pose la béquille à Ranchot pour une halte dans l’herbe le long du Doubs. On casse la croûte puis, direction la forêt de Chaux. C’est la deuxième plus grande forêt de feuillus de France avec 13 000 hectares de parcelles boisées. Il paraît qu’ici les gens ne comptent plus les moutons pour s’endormir, mais les chênes du Jura.

À peine sorti de la forêt, on se retrouve à Arc-et-Senans, connue pour sa saline Royale. Visite obligatoire de cette ancienne manufacture de sel commandée par le roi Louis XV, aujourd’hui inscrite au patrimoine de l’UNESCO. Quelques kilomètres plus loin, la plage du Port Lesney signera notre ligne d’arrivée (et de baignade) pour cette première étape. On attache nos vélos à l’hôtel l’Edgar pour partager une pizza et se glisser sous la couette avant la seconde journée qui nous attend.

J2 : De Port-Lesney à Saint-Germain-lès-Arley, un goût de raisin

Plutôt matinaux, on attaque la journée à 8h et on met les guidons direction Poligny. Certains voient la vie en rose. Ici, on voit le vin en jaune ! On traverse le Vignoble du Jura au 7 AOC vin et on roule entre les vignes à flancs de coteaux.. Rien de mieux que le vélo pour une sortie d’œnotourisme. On roule, on trouve un panorama, on s’arrête, on admire, on repart. Simple et efficace !

De passage à Arbois, on découvre une (autre) maison où Louis Pasteur a mis les pieds ainsi que le musée de la vigne et du vin du Jura. Puis, on se laisse tenter part une visite et dégustation dans la cave de la Reine Jeanne, la seule et unique cave de style gothique classée Monument Historique à Arbois. Attention au moment de la chevauchée de nos montures, les vins possèdent parfois autant degrés que l’air du Jura !

La suite du parcours mêle grandes étendues campagnardes, champs de culture, vignes et villages bucoliques à en perdre les pédales. Au loin, on aperçoit Poligny et la maison du Comté avec sa belle architecture en bois. De quoi réitérer une pause gourmande et pédagogique afin d’en apprendre plus sur ce fromage mythique du Jura. Saviez-vous que le Comté est exporté à l’étranger ? Belges, Allemands, Anglais, Américains et Japonnais en raffolent !

Le ventre (et les sacoches) rempli de bons produits, on se remet en selle pour la dernière trace de la journée direction Saint-Germain-lès-Arlay. Sur la route, on salue le Château de Frontenay et ses imposantes tours carrées ainsi que le village pittoresque de Château-Chalon réputé pour son Vin Jaune. Si vous n’avez pas peur d’alourdir les sacoches, c’est l’occasion rêvée pour ramener des souvenirs.

Vu que le soleil ne nous lâche pas d’une semelle, on décide de se donner rendez-vous à la base de loisirs Bresse Haute-Seille à Desnes pour un plouf de fin de journée bien mérité ! On pose nos pneus à l’hostellerie Saint-Germain et on autorise une récup à nos gambettes le temps de savourer un délicieux menu à base de produits locaux. Sans oublier un plateau de fromages du Jura pour faire honneur aux vaches croisées aujourd’hui.

Pour des habitués des plats lyophilisés, le contraste et rude. Mais le sport n’arrête pas le gourmet et on déguste nos plats sans en laisser une miette en prenant grand soin de féliciter le chef pour sa performance et son équipe pour leur service impeccable.

J3 : De Saint-Germain-lès-Arlay à Dole

Le petit-déjeuner est à l’image du dîner de la veille : parfait. On démarre cette dernière journée sur les chapeaux de roues. En quelques coups de pédales, on arrive au village d’Arlay. L’occasion de se laisser impressionner par son château du 18ème siècle et sa forteresse du 11ème sur la bande-son originale de Kingdom of heaven.

On emprunte ensuite le tracé de l’ancienne voie de chemin de fer à travers la Bresse Jurassienne. Coup de cœur pour cet itinéraire extrêmement calme entre les étangs sauvages et forêts de cette partie du Jura que l’on n’a pas l’habitude de visiter. De passage à Ruffey-sur-Seille, on admire l’église Saint-Aignan et le Prieuré Saint-Christophe qui se dévoilent à travers les feuillages des platanes du cours d’eau de la Seille.

Pendant que le duo fait une pause au bord de l’eau et que Simon assomme son binôme avec ses connaissances ornithologiques, un couple de blongios nains (un oiseau vachement dur à voir en temps normal) vient nous dire bonjour. Ça tombe à pic(-vert), la maison des étangs, une ancienne gare réaménagée se trouve pile poile sur notre route. On y continue notre apprentissage des différentes espèces présentes de cette zone naturelle dont une très grande partie est classée Natura 2000.

Après avoir repris la route et esquivé les grenouilles qui prennent la voie verte pour une zone de bronzage, on traverse la Loue (un cours d’eau qui n’a rien à avoir avec l’animal) et on retrouve l’EuroVélo 6. C’est au passage du panneau communal de Dole que se termine cette aventure riche en terroir. Avec les fesses un peu plus musclées et les mollets bombés, on monte nos vélos dans le train pour un voyage retour sur les rails. Comme quoi pour s’échapper de notre train-train quotidien, il n’y a pas besoin d’aller très loin.