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Comment les vigneron·nes font face au changement climatique ?

Comment les vigneron·nes font face au changement climatique ?

Vignes vu du ciel avec un chemin en forme de coeur.

Face au débat éternel entre la poule ou l’œuf, une chose est sûre : pour refaire le monde, rien ne vaut un bon verre de vin. Et côté vignoble, Cep pas compliqué : la première vigne sauvage est née il y a plus de 8 000 ans dans les montagnes du Caucase, en Géorgie. Depuis, le vin est devenu le fruit du travail de nombreux·ses viticulteur·rices et on compte aujourd’hui plus de 10 000 variétés de vignes dans le monde. Mais face au dérèglement climatique, ces artisan·es de la terre doivent rivaliser d’inventivité pour adapter leur savoir-faire. En partenariat avec La Cité du Vin, lieu culturel unique au monde dédié au vin situé à Bordeaux et qui met à l’honneur l’Histoire des vignobles du monde à travers son exposition permanente, on vous propose de lever nos verres à ces 4 innovations qui aident les vigneron·nes à relever ce défi. Allez, santé !

La viticulture régénérative de la famille Torres

Une bonne raisin de se battre
Une bonne raisin de se battre – © Angela Llop

Chez les Torres, une famille de viticulteurs en Catalogne, on ne plaisante pas avec la planète et on bichonne les vignes comme des Bonsaïs exigeants (on est d’accord, ils sont trop beaux mais assez princesse niveau conditions de vie). Dans le module « Terroirs du monde » de l’expo permanente de la Cité du Vin, ces vigneron·nes nous évoquent que pour lutter contre la sécheresse qui tape fort dans la région de Penedes et qui inquiète de nombreux Méditerranéens, ils recherchent de nouveaux sites de viticulture plus en hauteur et donc plus dans la fraîcheur. Pour pallier au manque de ressources, ils recyclent l’eau de lavage des cuves pour l’envoyer directement aux racines de vignes assoiffées. Listés parmi les 100 leaders les plus influents du monde en matière d’actions concrètes, les Torres ne manquent jamais d’idées, chez eux ce sont les moutons qui tondent et fertilisent les cépages. Bref, dans ce domaine viticole, on fait du vin bon au palais, bon pour la planète avec un brin d’ingéniosité et de l’amour qui coule à flots.

Lâcher la grappe au raisin pour qu’il se porte bien

Feuille de vigne au soleil.
La raisin l’emporte – © Pexels

En été, dans le sud de la France, le soleil tape sur les vignes. Pour les protéger de ses rayons, certains viticulteur·rices diminuent ou suppriment l’effeuillage. Les grappes gardent donc leurs feuilles, petits parasols privés qui leur permettent de ne pas trop chauffer, la température des grains peut même baisser de 10 degrés ! Les vigneron·nes ont bien raisin de les protéger de la chaleur car celle-ci accélère les phénomènes de maturation, ce qui rendrait le raisin trop sucré et donc trop alcoolisé. D’autres techniques primitives sont réutilisées aujourd’hui : dans le Beaujolais, on procède à un éclaircissage, non on ne décolore pas encore le raisin mais on réduit le nombre de grappes sur la vigne, tout simplement. Cette technique permet d’augmenter les ressources en eau disponible par pied de vigne et donc une meilleure irrigation, elles aussi ont droit à leur petite goutte !

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Les vignes connectées, quel(le)s drones de dames

Exposition permanente à la Cité du Vin (Bordeaux), écrans géants qui montrent des domaines viticoles du monde entier.
Vol au-dessus d’un nid de cru-cru – © Anaka

Suivre l’évolution de ses vignes tel un Tamagoshi pour voir si elles ne manquent de rien, si elles ont soif ou trop chaud, c’est déjà ce que les vigneron·nes font avec les drones connectés qui scannent les vignes et collectent des données sur la forme des ceps, la couleur des feuilles… Quand on survole les régions viticoles à travers le monde, comme dans le module « Survol des Vignobles », on constate que les vignes évoluent dans des milieux très différents : dans la vallée aride de l’Elqui, dans des paysages verdoyants des Coteaux, des paysages volcaniques à Lanzarote… Mais dis-moi Jamy (qui se promenait dans les couloirs de la Cité du Vin près de nous), est-ce qu’on ne supposerait pas une amélioration des techniques dans les prochaines années ? Dans le module « Allée des tendances » de l’Exposition permanente de la Cité du Vin, on peut découvrir toutes sortes d’innovations technologiques qui nous obligent un temps de maturation après leurs découvertes.

Domaine viticole vu du ciel.
Une technologie qui fait tout drône – © Unsplash

Dans le futur, les vigneron·nes ne seront plus jamais seul·es dans leurs rangs de vignes puisqu’une armée de drones, de capteurs et de robots est prête à dégainer au moindre coup de chaud. Grâce aux ombrières, créées avec l’intelligence artificielle, la vigne est protégée en fonction de ses besoins et en temps réel : un parasol pour protéger madame en cas de soleil intense et de l’autre côté de l’ombrière, un panneau solaire pivotant pour produire de l’électricité. Dis-moi Jamy (qui est bouche bée et a dû s’asseoir tellement cette information est inattendue) on peut dire qu’on a grappé les échelons, là, non ? Pour les technophobes qui craignent une révolte des machines, rassurez-vous : aucun robot ne sait encore trinquer correctement après les vendanges. Pour l’instant…

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Faire revenir les anciens cépages oubliés dans les vignes d’aujourd’hui

Deux grappes de raisin blanc sur un fond noir.
Salut, vieille branche – © Pexels

Dans l’Exposition permanente de la Cité du vin, le module « Planète Vins » permet à ses visiteur·ses d’explorer l’expansion du vin et de la vigne à travers le globe. Là où les humains ont pu poser le pied, ils ont voulu faire du vin. Hélas, parfois ils se sont plantés et en fonction de l’endroit où ils se trouvaient, la culture était difficile voire impossible. Le climat est un facteur déterminant pour un vin de qualité. Aujourd’hui, après avoir innové, testé de nouvelles techniques et traitements, on fait un retour en arrière et on réimplante d’anciens cépages plus résistants face à certaines maladies, comme le Manseng noir dans les Pyrénées, qui ne craint pas la sécheresse et les températures élevées. Dis Jamy (qui est toujours à côté, un petit verre de chardonnay à la main), comment on fait pour retrouver ces variétés oubliées ? Hé bien, on commence par farfouiller dans les archives historiques, on peut aussi se tourner vers nos aînés pour obtenir des informations précieuses, certains scientifiques ont aussi recours à du clonage moléculaire pendant que d’autres conservent l’ADN d’anciens cépages dans une banque de gènes. On fait du neuf avec du vieux pour mieux résister au changement climatique, c’est un peu comme faire un retour vers le futur…

Bonus : se cultiver et partager son savoir sur le vin

Cité du vin à Bordeaux vu de l'extérieur.
© Anaka

Se cultiver et partager son savoir sur le vin, c’est un peu comme déguster un grand cru : ça se savoure, ça se transmet et ça donne du corps à nos discussions. Dans un bâtiment à l’architecture audacieuse, la Cité du Vin à Bordeaux est le véritable temple de ce nectar. Son objectif ? Accueillir des visiteur·ses chaque jour et les faire voyager au cœur des terroirs viticoles du monde entier. Que ce soit à travers une vidéo immersive avec le « Survol des vignobles », une remontée dans le temps dans la « Galerie des civilisations » ou accompagnés de dix vigneron·nes venu·es des quatre coins du globe, les spectateurs assistent à une véritable masterclass sur le vin et n’en perdent pas une goutte. Dans une envie de valoriser et transmettre la dimension culturelle du vin, la fondation préserve son héritage et offre ses enseignements au public et leur médiathèque en ligne « Culture vin » permet de se tenir au jus de toute l’actualité dédiée au vin. Un lieu où l’émerveillement coule à flots et dont on en a jamais marc, si ça cépage génial !

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.