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Justine Dupont : surfeuse de haut niveau et écolo, équation impossible ?

Justine Dupont : surfeuse de haut niveau et écolo, équation impossible ?

Interview de Justine Dupont

Sport de haut niveau et écologie : c’est compatible ? Entre les compèt’ aux quatre coins du monde, les obligations liées aux sponsors ou le besoin d’équipements toujours plus performants : à côté, courir un semi-marathon en claquettes-chaussettes c’est du gâteau à la crème fouettée. Alors on fait quoi ? On annule les compèt’ internationales ? On arrête de suivre le sport ? On boycotte les sportifs sur les réseaux ? À la place, on a rencontré la championne mondiale de surf de grosses vagues (et notre idole) : Justine Dupont. Comme d’autres sportif·ves de haut niveau, elle s’efforce de concilier son métier-passion avec ses engagements pour la Planète. Elle nous a raconté avec transparence ses dilemmes, ses choix et comment son engagement écologique a influencé sa pratique.

Interview de Justine Dupont
Justine Dupont – ©Fred David
La championne de surf Justine Dupont sera présente au Festival Chilowé les 10 et 11 juin 2023 prochains à la Fondation GoodPlanet à Paris. Elle participera à une table ronde en partenariat avec MAIF autour de laquelle on se demandera Comment agir maintenant pour assurer le sport de demain.

C’est possible de ne pas prendre l’avion quand on est sportive de haut niveau ?

Au début de ma carrière avec toutes les compétitions, je faisais beaucoup de déplacements en avion. Mais je me suis rendu compte qu’avoir un planning aussi chargé à parcourir le monde, ce n’était pas ce qui me faisait vibrer. J’ai donc fait le choix de recentrer ma carrière sur le surf de grosses vagues. Je voyage moins et surtout hors saison. Malgré tout, on sait généralement une semaine à l’avance quand il y a une grosse vague à l’autre bout du monde… je n’ai pas le temps de prendre un canoë et de traverser l’Atlantique, donc je prends toujours l’avion.

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Tu t’es fixé des règles pour réduire ton impact ?

Avec mon compagnon on s’est fixé un maximum de 5 allers-retours d’avion par an. Pour l’instant, on est en dessous : à 2 ou 3. On a réussi à réduire drastiquement le nombre de trajets en arrêtant de faire des allers-retours à la maison et en restant vivre parfois plusieurs mois dans les endroits où il y a de la houle et des grosses vagues. Mon sport, c’est mon métier et ma passion, donc je n’ai pas d’autres déplacements pour les loisirs. Tout est combiné. Enfin, dès que c’est possible, on prend le train. Même quand certains partenaires nous proposent de payer la première classe en avion !

Interview de Justine Dupont
Surfer sans faire du vagues – ©Tim McKenna

Envies des partenaires et engagements écolo : c’est compatible ?

Si tu respectes les valeurs auxquelles tu crois, ton écosystème se crée naturellement autour de ça. J’ai eu des propositions de partenaires avec pas mal d’argent à la clef, mais qui n’étaient pas engagés ou n’avaient pas de vision à long terme. J’ai le luxe de pouvoir choisir mes partenaires, alors je ne m’entoure que de marques qui tentent d’être les plus respectueuses possibles de la planète et avec qui je peux monter des projets sur le long terme.

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Il ne suffirait pas de tout arrêter pour réduire ton impact ?

Il faut être honnête avec soi : j’ai un impact, on en a tous un. Je pense que c’est important de le comprendre et de voir comment le réduire sur le long terme. Pour réduire mes émissions de carbone, je pourrais arrêter ma pratique mais est-ce que j’aurais autant d’impact sur les gens ? Mon statut me donne une voix pour toucher les personnes qui me suivent pour les grosses vagues. Ce n’est pas énorme, je fais mon petit bonhomme de chemin… Mais je le fais !

 

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As-tu mis en place d’autres actions ?

J’essaie de m’engager ! Avec mon partenaire MAIF et la Fondation GoodPlanet je calcule mon empreinte carbone à l’année. Ça me permet de me rendre compte d’où j’en suis, d’avoir un objectif, de faire le bilan. Mon empreinte carbone est ensuite traduite en somme d’argent que je verse à une association qui a du sens pour moi. J’essaie aussi de mener des actions sur le terrain. Dans quelques jours avec MAIF je vais à Lacanau avec des jeunes, ramasser des déchets et les initier au surf. Je pense que c’est en s’amusant dans notre environnement qu’on aura envie de le respecter et de ne pas y jeter de déchets.

Interview de Justine Dupont
Qui a jeté son sac plastique dans les mûrs ? – ©MAIF

3 conseils aux surfeur·euses pour une pratique plus responsable ?

  1. La qualité avant la quantité. Il faut trouver du bon matos et le garder des années. On a tendance à pousser la performance au maximum aux dépens de la durabilité. Moi j’ai trouvé une marque de combinaisons dans laquelle je me sens bien et que je garde longtemps à chaque fois.
  2. Utiliser des matériaux respectueux. Il y a de la wax en résine de pins fabriquée dans les Landes qui fonctionne très bien ! On peut aussi mettre un pad en mousse recyclée pour éviter d’utiliser de la wax.
  3. Pas besoin d’avoir du neuf. Le neuf c’est quand on a un certain niveau et que l’on cherche de la performance. Moi j’ai débuté avec des planches qui ne ressemblaient à rien et qui avaient servi je ne sais combien de fois ! Mais si elles sont passées par autant de surfeurs·euses, au moins ça veut dire qu’elles sont validées!
Interview de Justine Dupont
Mais où est Justine ? – ©Red Bull

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