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3 jours à vélo dans l’Aude le long du Canal du Midi

3 jours à vélo dans l’Aude le long du Canal du Midi

Quelque part dans le Sud de la France, des bords de plages de Gruissan aux forêts verdoyantes de la montagne noire en passant par la célèbre cité de Carcassonne, se tient un département pas comme les autres : l’Aude. Entre mer et montagne, les paysages époustouflants ne sont pourtant pas les seuls à tirer leur épingle du jeu : l’Aude est aussi une terre de savoir-faire, témoin d’un héritage humain transmis au grès des générations. Prenez vos vélos, votre appareil photo et vos envies d’apprendre : ce week-end, on part à la découverte de ces artisanats qui bordent le Canal du midi. À v’Aude marques, prêts ? Pédalez !

Infos pratiques

  • Durée : 3 jours – 2 nuits
  • Saisons idéales : toute l’année
  • Niveau : facile (10km et 300m de dénivelé positif en moyenne par jour).
  • Réalisé par : Marmotte Haltérophile et Vison Bavard

Jour par jour

J1 : De Toulouse à Castelnaudary

8h, le jour se lève à peine sur la ville rose : il est l’heure pour nous d’accrocher nos casques, d’enfourcher nos vélos, et de filer tout droit vers la capitale mondiale du cassoulet : Castelnaudary.  

Les petits bâteaux qui sont sur l’Aude ont-ils des jambes ?  – ©Marie Hazan

On regagne le Canal du midi, qu’on longera toute la journée. Ici, la route est réservée aux piétons et aux vélos. Dans le calme de ce parcours sécurisant, on profite de la beauté du paysage. Les péniches colorées se succèdent pendant que les hauts platanes, revêtus de leur orange automnal, se la jouent Narcisse en contemplant leur reflet dans l’eau. Les rayons du soleil se fraient un passage entre les feuilles, et nous, on avance d’écluse en écluse.

Promis il n’y pas eu de pot cassés – ©Marie Hazan

Sur les coups de 13h, on fait un petit détour par Labastide d’Anjou pour le déjeuner. Une soupe chaude faite maison et un accueil qui réchauffe directement nos coeurs plus tard, on rejoint le canal. C’est au croisement de ce dernier avec la départementale qu’on tombe sur la Poterie NOT. Ici, depuis plus de 3 générations, on fabrique des cassoles, autrement dit : les plats qui ont donné leur nom au cassoulet.

On a découvert le pot aux roses – ©Marie Hazan

On pousse la grande porte de bois et on se retrouve au milieu de l’atelier. Pendant que trois potiers tournent des pots sans tourner autour, on visite le séchoir où sont entreposés les plats. Si c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, aucun doute que c’est dans ces cassoles que cuisent les meilleurs cassoulets.

Sur le ponton, on y danse, on y danse – ©Marie Hazan

Après cette parenthèse argileuse, on remonte en selle. Quelques coups de pédales plus tard, nous sommes à Castelnaudary. Le Canal nous conduit droit sur le Grand Bassin. Point de lancement officiel de la voie navigable au XVIIe siècle, il est aujourd’hui le miroir d’eau de la ville.

Une sky line qui n’a rien à envier à New York – ©Marie Hazan

D’un côté, ce sont les façades claires des vieux bâtiments qui se reflètent dans son eau. De l’autre, le port. Sous le soleil déjà orange des courtes journées de novembre, on s’y promène. Le long de la balade, on croise quelques grands-mères souriantes, un cygne qui barbotte et un chien qui lézarde. Si Castelnaudary n’était pas la capitale du cassoulet, elle serait peut-être celle de la tranquillité.

Avant que le jour ne tire sa révérence, on se remet une dernière fois la tête dans le guidon, et on roule d’un trait vers le dernier moulin encore en activité du canal : le moulin du Vivier.  Oui, aujourd’hui, nous aurons été au tour et au moulin. 

Une jeune meunière qui veille au grain – ©Marie Hazan

Sur place, Solenn, une jeune meunière qui veille au grain, nous fait découvrir la meule de pierre et le processus de fabrication de la farine. Devant un spectacle si singulier, on reste bouche-blé. 

On y entre comme dans un moulin – ©Marie Hazan

On passe ensuite par la boutique, avant de regagner nos chambres, aménagées dans l’ancienne grange. On ne s’est pas fait rouler dans la farine : le lieu est plein de charme. Avant de se glisser dans notre lit avec vue sur le canal, la faim des haricots se fait sentir ! Ça tombe bien, le cassoulet commandé à la Maison Escudier nous attend dans le four : il n’y a plus qu’à lui casser la croûte.

J2 : Cap sur la montagne noire

La tête dans le café – ©Marie Hazan

Au réveil, le petit-déjeuner nous attend déjà dans la cuisine du gîte. Un bon café, un verre de jus et un croissant plus tard, on a fait le plein de forces nécessaires pour reprendre la route.  On the rAude again : on remonte sur nos 2 roues et on longe encore un peu notre cher Canal du Midi. Sous un soleil aussi matinal que nous, on profite des paysages qui changent.

Une bonne raison de se lever à l’Aude – ©Marie Hazan

Cette portion, plus sauvage, a des airs d’ailleurs. Les longues plantes à pompons se courbent sur l’eau, pendant qu’une famille de canard se prélasse à l’ombre d’un saule pleureur. À hauteur du lac de Bram, on quitte le canal pour s’enfoncer davantage dans la montagne noire.

Ahlala je suis complètement Poumpet – ©Marie Hazan

En passant par Alzonne, on fait une halte à la boulangerie Fabre pour acheter notre pique-nique. On en profite pour goûter au Poumpet : un délicieux gâteau feuilleté au citron et à la bergamote. Cette spécialité initialement tarnaise a fini par conquérir toute la région Midi-Pyrénées. On comprend pourquoi : c’est à en perdre les pédales !

On consomme donc avec modération, puisque de nos pédales, on en a encore besoin pour rejoindre l’abbaye cistercienne de Villelongue, édifice vieux de 9 siècles.

Pas sûr que ça soit du double vitrage – ©Marie Hazan

Sur place, c’est Maryannick et Jean, les propriétaires du lieu, qui nous accueillent et nous font visiter. On passe par l’ancien réfectoire, la salle capitulaire et le cloître, avant de rester ébahis devant la ruine de l’ancienne église qui s’impose majestueusement dans la cour.

Difficile de rester de pierre – ©Marie Hazan

Dans le « jardin punk » juste derrière, des objets loufoques en métal ou en osier, tous chinés ou fabriqués par Jean, sont exposés. Un peu partout, des vestiges de courges sculptées, souvenirs des fêtes de la courge organisées là-bas pendant 13 ans, nous font sourire. En poussant le portail de ce lieu presque mystique où cohabitent histoire, savoir-faire ancestral, art et partage, difficile de rester de pierre.

On file la socquette légère – ©Marie Hazan

C’est pas le moment d’avoir un coup de pompe : il nous reste encore quelques bons coups de pédales à donner pour regagner Brousses-et-Villaret où nous passerons la nuit. On ne sait pas si l’un d’eux résidait au sein de l’église de Villelongue, mais on remercie tous les dieux pour l’invention du vélo électrique quand on prend 450 mètres de dénivelé dans les jambes !

On pose nos affaires au Lodge des Chênes et on part se balader au-dessus du moulin à papier que nous visiterons demain. Le ciel est dégagé et la vue sur les Pyrénées se marie parfaitement à la lumière des fins de journée. En rentrant, il ne nous reste plus qu’à nous régaler avec le poulet-curry concocté par notre hôte, Frédérique. Curry, les dents, et au lit !

J3 : De Brousses à Montolieu

Au menu du petit-déjeuner directement déposé devant la porte ce matin : des tartines de pain maison, une bonne tranche de cake, un yaourt au lait de chèvre et suffisamment de jus pour faire le plein de vitamines.

Un mécanisme réglé comme du papier à musique – ©Marie Hazan

300 mètres plus loin, on retrouve André, papetier et propriétaire du moulin de Brousses-et-Villaret. Ici, dans l’un des derniers moulins à papier d’Europe, les feuilles sont fabriquées à la main, à partir d’eau et de fibre de chiffons de coton, de crottin de cheval, de cellulose de lin, de chanvre, de raisins ou de tout autre végétal.

Laissez parler les p’tits papiers ! – ©Marie Hazan

André ne change pas l’eau en vin, mais sous nos yeux, il transforme la pâte de cellulose en papier dans une cuve deau. Les visites reposent sur trois grands axes : voir, (sa)voir-faire et faire. Après le papetier, c’est donc à notre tour de mettre les mains à la pâte ! 

Des feuilles de papier qui font un carton – ©Marie Hazan

On retrousse nos manches, et en suivant à la lettre les instructions de notre professeur, on prend vite le pli. Sous l’eau, les feuilles se forment comme par magie. Il n’y a plus qu’à les laisser sécher et elles pourront rejoindre les tas de mille-feuilles (non comestibles) qui attendent dans l’atelier. On serait bien restés quelques heures de plus dans les petits papiers, mais il est l’heure pour nous de poursuivre notre feuille de route.

Magret tous nos efforts, on a pas pu résister à un dessert – ©Marie Hazan

Après le papier, place aux bouquins. Maintenant qu’on sait comment sont fabriquées manuellement les feuilles, quoi de plus logique que de rejoindre Montolieu, le village du livre ?
Mais avant tout, on fait une halte déjeuner chez Thé and Co. Le magret y est si bon qu’il y a vraiment de quoi en faire toute une histoire ! 

Acheter un bouquin c’est un libraire-rite de passage – ©Marie Hazan

On se balade ensuite dans les petites ruelles bucoliques de la ville. On avance de librairie en librairie, au milieu des maisons de pierre, dans le charme inimitable qu’ont les villages qui existent depuis des siècles.

Vous auriez l’édition collector du Magicien d’Aude ?– ©Marie Hazan

Bien qu’il ne faille pas juger un livre à sa couverture, celles présentes dans les librairies spécialistes des ouvrages anciens sont très belles. À Montolieu, il y a de beaux romans et de belles histoires pour tous : des livres d’autrefois à la littérature pour enfant, en passant par les recueils de recettes ou même les histoires à dormir debout, il y en a pour tous les goûts. Après une après-midi à flâner chez les libraires, il est l’heure pour nous de tourner la page. On rejoint une dernière fois le canal qu’a tant chanté Nougaro et on se rend à la gare de Bram.

Il y aura toujours de l’Aude pour couler sous les pont – ©Marie Hazan

Nos vélos bien installés dans le wagon dédié, on rentre à Toulouse. Le magnéto du week-end se lance : on a rencontré des meuniers qui ne dorment pas, pendant qu’un papetier apporte de l’eau à son moulin. Des potiers terre à terre font le tour de leur art pour que la faim des haricots continue à se faire sentir. Quelle belle histoire, cette Aude au savoir-faire !

Accès

Idée budget

  • Location de vélo Chez Paulette : Pour 2 vélos électriques et une paire de sacoches sur 4 jours 244€.
  • Déjeuné au Fournil de Labastide : Pour une soupe maison à partager, deux sandwiches, deux cafés et un dessert à partager environ 20€
  • Visiter l’atelier de la poterie NOT : visite gratuite
  • Visiter le Moulin du Vivier : visite de l’atelier gratuite. À la boutique, les paquets de farines vont de 1,50€ à 3,50€ le kilo.
  • Dormir au Moulin du Vivier : 85€ la nuit pour une chambre double, 115€ pour une familiale (4 couchages). Le salon et la cuisine sont communs à tous les locataires.
  • Livraison de cassoulet de la Maison Escudier : Pour un cassoulet de 2 à 3 personnes 24€.
  • Pique-nique à la Boulangerie Fabre à Alzonne : Pour deux repas et un poumpet entier 23€.
  • L’Abbaye de Villelongue : visites possibles d’avril à août pour 6€ par adulte et 1€ par enfant. Possibilité de dormir sur place, dans les chambres d’hôtes.
  • Dormir et dîner au Lodge des Chênes : Pour la chambre et le petit-déjeuner 80 à 100€ selon la saison.
  • Visiter le moulin à papier de Brousses-et-Villaret : 10,50€ par adulte, 6€ pour les enfants de 5 à 12 ans, gratuit pour les plus jeunes.
  • Pour déjeuner chez Thé and Co à Montolieu : Pour une salade de gésier, 2 demi-magrets et légumes rôtis, un brioche perdue, et deux verres de vins 60€.
  • Train retour : Bram-Toulouse en TER. 21,80€ pour deux. Penser à réserver un espace pour votre vélo

Ce qu’il faut prévoir

  • Le trajet jusqu’à Toulouse et le trajet retour
  • Un vélo avec ses sacoches
  • Une gourde
  • Des vêtements de pluie si nécessaire
  • Un cuissard confortable
  • Un casque

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.