Dans le jeu des 7 familles, je demande celle des Baroudeurs. Chez Chilowé, c’est vrai qu’on a l’aventure et le voyage dans le sang. Quand certain·es passent leurs week-ends à crapahuter en pleine Nature, d’autres partent à la rencontre de nos voisins européens. Mais comme on dit, peu importe le flacon pourvu qu’il y ait de l’ivresse l’impact. Écologique évidemment, mais aussi humain ou introspectif : se reconnecter à soi-même et aux autres tout en se reconnectant à la Nature. Allez, on vous embarque avec nous dans ces aventures qui ont bousculé nos vies !
Sommaire
- Abeille : faire perdurer l’héritage de l’aventure
- Alpaga : oser son premier solo trip à vélo
- Macareux : se dépayser juste à côté de chez soi
- Moustique : challenger son amitié en alpinisme
- Anémone : faire des rencontres (parfois pour la vie)
- Colibri : apprendre à se réinscrire dans le Vivant
- Alouette : ralentir et prendre le temps en Interrail
- Écureuil : contempler chaque détail du quotidien
Abeille : faire perdurer l’héritage de l’aventure
J’ai grandi en région parisienne, loin des sommets. Mais depuis l’âge de six ans, je pars en bivouac en famille dans la vallée de Chamonix. Mon père nous a emmenés pour la première fois dans les Aiguilles Rouges, au lac Noir. Nous y avions instauré le rituel de nous baigner avant d’aller nous coucher. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris combien la montagne et la passion de notre père avaient laissé une empreinte forte en moi.
Dès que j’en ai eu l’occasion, j’ai voulu initier mes amis à leur première expérience de bivouac. Car la rando, c’est avant tout une histoire de transmission.
Ce que j’aime en montagne, c’est ce sentiment d’être tout petit, surtout en fin de journée, quand la nature reprend ses droits. Cela nous permet de prendre du recul et, pour moi, de me reconnecter à moi-même. Il y a cette notion de dépassement de soi : savoir jusqu’où nous sommes capables d’aller, tester nos limites. Souvent, dans l’effort, tout ce qui n’est pas essentiel s’efface. Ce qui compte vraiment réapparaît à la surface. J’adore être dehors, et je le dois à mon père et à son mode de vie.
Aujourd’hui, nous avons l’habitude de partir tous ensemble (parents et enfants) pour faire des courses. Notre prochaine aventure : le défi de Montecristo, une course de nage en eau libre entre le château d’If et les plages du Prado. Et si c’était là le plus beau des héritages ?
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Alpaga : oser son premier solo trip à vélo
En septembre 2022, je me suis lancé un défi un peu fou : traverser la France à vélo, de Colmar à Saint-Nazaire en 25 jours, sans aucune préparation. Niveau équipement, j’ai acheté un vélo gravel et j’en ai rapidement perçu le potentiel : celui d’un compagnon de voyage, d’un passeport vers l’aventure. Je venais de quitter un emploi et avais vraiment besoin de prendre l’air, de partir loin des écrans et de la routine du quotidien.
Je n’avais jamais voyagé seul, ni parcouru une telle distance… Chaque jour, je pédalais à travers des paysages nouveaux : vallées, forêts, bocages, villages, villes. Chaque étape apportait son lot de surprises, parfois même de galères. Je dormais là où je trouvais refuge : une nuit chez un hôte Warmshowers, une autre en camping, parfois chez des ami·es, souvent en Airbnb. Chaque soir, je me demandais : “Et si je rentrais ?”
Chaque matin, une petite voix me poussait : « Et si on allait voir ce qu’il y a juste après ? » Alors, je repartais, un coup de pédale après l’autre.
J’ai suivi la voie de l’EuroVélo 6 et la Loire à Vélo. Mais que serait l’aventure sans de bons gueuletons ? Ça tombe bien car à chaque région ses spécialités : bœuf bourguignon arrosé de Meursault en Bourgogne, rillons croustillants et verre de Vouvray en Touraine, poissons frais à l’arrivée à Saint-Nazaire. Ce que j’ai préféré ? L’arrivée à l’océan. Après des jours au rythme des canaux, des forêts, du silence et de l’effort, voir la mer m’a profondément ému. J’étais allé au bout.
Ce voyage m’a appris beaucoup : que j’en étais capable, que la France est un pays incroyable à explorer et que parfois, pour se retrouver, il suffit juste de sortir de chez soi.
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Macareux : se dépayser juste à côté de chez soi
Le 18 mars 2020, ma compagne et moi avions un beau projet : partir un an en Amérique du Sud, en mobilité douce. On avait tout planifié, étape par étape, avec un itinéraire aux petits oignons. Mais c’est finalement le Covid-19 qui a pris le billet à notre place. De notre côté, on a pris un aller simple pour… le canap’ de chez mes parents, direction le confinement. Ce qui devait être le reflet d’un sentiment de liberté ultime s’est transformé en contrainte absolue.
Mais d’une contrainte naît souvent une opportunité. Cette épreuve nous a obligé permis de réinventer notre vision du voyage et de redéfinir notre notion de dépaysement. Quand nous avons pu aller au-delà du fameux kilomètre, nous avons commencé par un tour de Bretagne, nous qui avions rarement visité autre chose que la petite (mais formidable) île d’origine de ma compagne. Redécouvrir ces paysages sous un angle neuf nous a profondément marquées.
Quelque temps plus tard, nous avons imaginé une idée un peu folle mais rapidement devenue une évidence : partir à vélo sur la Vélodyssée, de Vannes à Hendaye (de chez elle à chez moi), sans préparation, avec des vélos spartiates, des sacoches premiers prix et une tente de bivouac. Vivre une aventure hors du commun à deux pas de chez nous.
Nous n’avions aucun objectif de temps, ce qui nous a permis de profiter différemment. Entre la Vendée, le Marais poitevin et la côte landaise, nous avons pris une claque que nous ne nous attendions pas à vivre si près de chez nous. Nous avons fait des rencontres : certain·es nous accueillaient dans leur jardin, d’autres voyageaient à vélo comme nous. Finalement, de cette contrainte est née une nouvelle vision du voyage : plus proche, plus lente, plus authentique.
C’est d’ailleurs ce qui m’a motivé à rejoindre Chilowé. Aujourd’hui, cette manière de voyager est restée ancrée : on se projette vers des voyages plus lents et plus proches de chez nous, en van, à vélo ou en train et en famille. Un conseil : ayez des idées folles et vivez-les à fond !
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Moustique : challenger son amitié en alpinisme
Dans mon groupe d’amies, nous sommes un peu touche-à-tout. Nous adorons partir à l’aventure et tester de nouvelles disciplines. Au début de 2024, nous avons décidé de franchir un cap : nous essayer à l’alpinisme. Grandes randonneuses l’été et adeptes du ski de rando l’hiver, nous avons contacté un bureau des guides. Nous avons bloqué deux jours et une nuit dans nos agendas… Direction le refuge de Staffal, en Italie.
Après avoir appris à chausser des crampons et à nous encorder, nous avons effectué une marche d’approche glaciaire jusqu’au refuge pour nous familiariser avec le matériel et l’environnement. Nous avons dormi en refuge, à 3 500 mètres d’altitude. Le lendemain, nous nous sommes levées vers 2 h 30 du matin pour atteindre le sommet avec le lever du soleil.
Ce fut dur et intense, mais nos efforts ont été récompensés : la vue sur les sommets environnants était incroyable. J’étais surtout fière que tout le groupe ait réussi. Ce fut un moment très émouvant : nous nous tenions par la main, nous nous embrassions. Quand notre guide, très pédagogue et âgé de 67 ans (que nous avons fêté ensemble au refuge !), nous a proposé d’enchaîner avec un deuxième sommet, nous n’avons pas hésité une seule seconde.
Avant cette aventure, un lien fort nous rapprochait déjà. Mais sortir de notre zone de confort a renforcé notre amitié. Que dis-je ? Notre cordée !
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Anémone : faire des rencontres (parfois pour la vie)
Pour moi, la recette parfaite d’un voyage qui transforme, c’est : un décor naturel qui sent bon l’été, des gens curieux et joyeux, prêts à partager leurs connaissances et histoires. En juillet 2021, j’ai décidé de partir en vacances en solitaire pour la première fois. À l’époque, je vivais à Paris et travaillais dans un lieu cloîtré, sans fenêtres (bonjour les claustrophobes !). Alors j’ai choisi de me rendre dans la Drôme.
Mon objectif ? Faire le plein de vitamine D, profiter des paysages vallonnés et me baigner dans les rivières. J’avais pourtant une crainte : me sentir seule, scroller des vidéos de rénovations de fermes sur Instagram toute la journée. Finalement, dès que j’ai déposé mes affaires dans ma chambre, j’ai été d’emblée invitée à cueillir des fraises dans le potager du vieil oncle de mon hôte, et le soir, nous avons partagé un dîner avec un autre voyageur.
Le lendemain, je suis tombée sous le charme de celui qui partage aujourd’hui ma vie. Quelques jours plus tard, sans trop réfléchir, nous sommes partis ensemble en road-trip dans le Sud : Avignon, Carcassonne, Lamalou-les-Bains… Nous avons profité des longues journées d’été et de cassoulets gigantesques. Chaque soir, une nouvelle rencontre. Comme Tom, qui avait vécu en Angleterre et répétait tout le temps, avec son délicieux accent : « c’est nécessaire » pour approuver nos idées.
Ou ce cher Éric, cinquantenaire, philosophe autour d’un verre de rosé ; et ce couple d’octogénaires adorable, qui avait installé un bar chez lui, concoctait des petits plats maison et rénovait des statues dans le jardin. Des énergies comme les leurs, ça donne envie d’en faire toujours plus ! Finalement, même quand on part seul·e, on ne le reste pas très longtemps.
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Colibri : apprendre à se réinscrire dans le Vivant
J’ai fait plusieurs expériences qui ont changé ma relation aux animaux et à la nature. Lors de mon premier bivouac entre amis, nous cherchions un endroit confortable pour planter nos tentes : ni trop caillouteux, avec un peu d’herbe mais sans humidité. Un endroit où NOUS étions bien.
Puis nous avons commencé à observer le sol jonché de traces animales : nous avons compris que les chemins menant à notre spot étaient des coulées (des passages que les animaux empruntent habituellement). En plein milieu de la nuit, un troupeau de vaches a traversé notre camp, empruntant tout naturellement son chemin habituel. Nous étions des intrus, imposant notre présence dans leurs habitudes.
Nous nous sommes sentis mal : nous, les humains, nous appropriions l’espace animal. Cette nuit agitée, au cœur du troupeau, nous a poussés à prendre davantage conscience de notre place. Certes nous avons réintroduit les loups, les lynx, et œuvrons plus largement à la protection de la biodiversité pour notre survie.
Mais Il est peut-être temps de nous réinscrire dans le Vivant et de prendre conscience que la nature, aussi formidable terrain d’expression et d’aventure soit-elle, n’est pas un terrain de jeu. Il faut s’adapter pour mieux préserver ce que nous aimons.
Alouette : ralentir et prendre le temps en Interrail
Nous sommes partis un mois en Interrail, avec deux amies, faire le tour de l’Europe. Adeptes du voyage en train, cette idée nous trottait dans la tête depuis un moment. Et ce qu’on aime avec le train, c’est que l’aventure démarre dès la montée à bord. Jusque-là, j’avais plutôt tendance à enchainer les destinations, à cocher les bucketlist et essayer de tout voir en quelques jours.
Le train, lui, permet de se poser, de profiter du paysage autrement, de s’imprégner des cultures et des rencontres, pour mieux digérer tout ce qu’on a vu et vécu. Ce voyage nous a permis de ralentir, de prendre du temps pour nous, tout en découvrant vraiment de nouvelles destinations.
Voyager en Europe rassure aussi : même s’il y a du dépaysement, le mode de vie est similaire, alors que les cultures, les plats et des paysages diffèrent. Et, en tant que femmes, on s’y sent en sécurité. Nous avons rencontré de nombreuses aventurières qui voyageaient seules. Aujourd’hui, cocher des cases ne m’intéresse plus. Ça ne suffit plus. Et si le train devenait aussi votre meilleur allié ?
Écureuil : contempler chaque détail du quotidien
J’ai réalisé à quel point le voyage en France prend vie au quotidien. N’ayant pas de voiture, je me déplace toujours en train ou en covoiturage et c’est souvent là que naissent les plus velles micro-aventures. Ayant récemment déménagé à Annecy, j’ai pris le temps d’observer ce nouveau décor de vie incroyable. Après avoir vécu à l’étranger plusieurs années, j’ai éprouvé la sensation étrange d’être étrangère dans mon propre pays.
C’est en le quittant qu’on prend conscience de la beauté et de la diversité des paysages. La France reste un « petit » pays, mais avec une variété infinie de faune et de flore.
Vivre à l’étranger m’a aussi fait réaliser notre confort en France : les infrastructures piétonnes ou cyclables, le luxe d’être piéton·ne là où d’autres pays n’ont pas de trottoirs, l’option du train pour se déplacer dans tout l’Hexagone et en Europe, ainsi que la multitude de fruits et légumes issus de notre agriculture qui nous donnent la chance de bien manger. Aujourd’hui, je me sens reconnectée aux petits détails.
Il y a une leçon que j’ai tirée de toutes ces expériences : en marchant, on ralentit. En ralentissant, on s’ancre dans le présent. Ma dernière aventure ? Un tour du lac d’Annecy à pied, huit heures de marche, un effort qui laisse place à la contemplation et à la pleine conscience. Alors, ouvrons les yeux et prenons garde aux petits détails… souvent, ce sont eux les plus beaux.
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Chez Chilowé, vous l’avez compris : on ne cherche pas l’aventure qui fera le plus de likes, mais celle qui continue de briller dans nos souvenirs. Qu’il s’agisse d’aventures qui commencent sur un coup de tête ou qui font prendre conscience des éléments et des personnes qui nous entourent… Dans tous les cas, l’essentiel, ce n’est pas le décor, c’est l’attention qu’on y met.

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.