Ça y est, c’est le printemps ! Les fleurs bourgeonnent, les oiseaux chantent et les champs se couvrent de couleurs. Quoi de mieux pour profiter de ce spectacle qu’un week-end à vélo, à un peu plus d’une heure de train de Paris, pour faire le plein de vert sans aller trop loin ? Cap sur Les Ardennes, ce « trou de verdure où chante une rivière »*, sur les traces de celui qui a écrit ces vers : Arthur Rimbaud.
Ce topo en un coup d'oeil
- Gare la plus proche : Rethel
- Des bonnes baskets
- Une gourde
- Un coupe-vent
- Une casquette
- De la crème solaire
- Sur-vêtements de pluie
- Cuissard de vélo
J1 : De Rethel à Condé-Lès-Vouziers (38km)
Le wagon n’est pas rose et les coussins ne sont pas bleus**, mais c’est bien en train que nous rejoignons Rethel. En gare, Matthieu, notre loueur de vélos, nous attend avec les deux montures qui nous mèneront en terres ardennaises tout le week-end. Avant de visiter avec Anne-Flore de Destination Sud-Ardennes, la ville connue pour son boudin blanc, dont la recette traditionnelle est protégée, on fait une halte chez « Lecture & confiture » : une librairie-salon de thé, où l’on peut dévorer un livre tout en savourant un café.
Les batteries chargées à bloc, on prend la route sur la Voie Verte Sud-Ardennes. Prochain arrêt : le snack de l’Écluse n°5 à Attigny, ancienne maison éclusière réinventée, pour déguster un plat généreux sous le soleil. Après une grillade accompagnée d’une sauce aux oignons à en perdre les pédales, on remonte sur les nôtres.
10 kilomètres plus loin, on retrouve Sarah, l’une des neuf habitants du petit hameau de Roche. On y découvre les vestiges de la maison familiale de Rimbaud, on refait le chemin qu’il parcourait à pied pour se rendre à la gare, et on s’assied au bord d’un abreuvoir dont la beauté est un poème sans parole. Cette balade bucolique prend fin là où une autre commence : aux portes de « Aux Sabots de Vent », la ferme pédagogique de Sarah.
Derrière ce portail, le vivre ensemble prend tout son sens. Dans les écuries, des canards comme des coqs en pâte se sont installés dans la paille des chevaux. Ici, les étalons ne deviennent pas chèvre et les biquettes ne montent pas sur leurs grands chevaux : tout doux comme des agneaux, ils évoluent en groupe sans prise de bec !
Derrière la carrière des chevaux, c’est une tout autre illustration du partage qui se dresse fièrement : un logement insolite tout de chanvre et de chaux vêtu, fruit d’une cagnotte et d’un chantier participatif pour aider l’économie de la ferme quelques années en arrière. Quand écologie, solidarité et partage bâtissent ensemble.
On laisse les selles de chevaux pour celle de notre vélo, et on regagne notre gîte Clévacances, membre du chouette réseau d’Ardenne Ecotourism, à Condé-lès-Vouziers. Nous sommes accueillis par Virginie, qui déborde de bienveillance et de petites attentions.
On dépose nos affaires et on descend un étage en dessous, dans l’atelier d’Olivier, l’un des deux derniers vanniers de la région. Assis au milieu de bottes d’osier, il tisse un panier. Les tiges s’entremêlent dans une chorégraphie répétitive et envoûtante, orchestrée par le regard passionné de l’artisan. Une heure après, on trinque à cette première journée avant d’engloutir le panier-repas livré au gîte. Le soleil n’est pas encore couché, que nous, on part déjà dans les bras de Morphée.
J2 : De Condé-Lès-Vouziers à Sedan (71 km)
Après un petit déjeuner de roi, soigneusement préparé par Virginie et Olivier, on quitte Condé-les-Vouziers vers Le Chesne. Le long de la Voie Verte Sud-Ardennes, « Le Soleil du matin doucement chauffe et dore »***, pendant que chantent les oiseaux. Seuls au monde, on profite de cette tranquillité tout en parcourant la vallée des écluses.
Au Lac de Bairon, on est accueillis par Aurélien, coordinateur Natura 2000, qui nous présente l’étang puis nous conduit à l’observatoire. Les jumelles et le regard cherchant les différentes espèces présentes à cette saison, on enchaîne les noms d’oiseaux sans impolitesse. Il suffira d’un cygne pour nous rendre gais comme des pinsons !
Après un bon pique-nique le long du Canal des Ardennes, et 30km de vélo qui nous auront fait emprunter le tunnel fluvial de St-Aignan, nous arrivons au Moulin des étangs, à Hannogne-St-Martin. Ici, les meuniers ne dorment pas : ils sont au four et au moulin, mais aussi à l’architecture d’intérieur, aux arts de la table, ou à la conception de recettes.
Pendant que, dans le moulin, Thibault moud le blé, Pauline, quelques mètres plus loin, tient « Tolme », un concept rural unique dans lequel sa passion pour le design et celle de son mari pour la meunerie s’épousent parfaitement. Elle y vend tout le nécessaire à la panification, des farines du moulin aux produits boulangers spécialisés, en passant par un large choix d’arts de la table.
Avant de partir, on reprend des forces : sur le comptoir, il y a du pain sur la planche… Mais aussi de la tarte au sucre, spécialité locale et de la brioche, préparées spécialement pour notre venue ! Dopés par ce bon entracte brioché, on laisse nos « boulangers aux grands sourires »**** écouter « le bon pain cuire »****.
De notre côté, on passe de l’épi à l’épée, puisque ce soir, on se la joue Chevaliers des temps modernes, ou Roi Arthur et Reine Baud (Rimbaud) en dormant et dînant dans l’hôtel-restaurant du Château Fort de Sedan.
J3 : De Sedan à Charleville-Mézières (31 km)
Notre petit-déjeuner est accompagné d’un beau spectacle : par la fenêtre de la salle du restaurant, les lueurs orange du petit matin viennent danser sur les murs ocre du château fort. On engloutit nos tartines, et on part voir ça de plus près, en visitant ce château, connu comme l’une des plus grandes forteresses médiévales d’Europe.
À l’intérieur, le château a revêtu ses couleurs pastel et ornements de Pâques, et pour cause : des jeux et parcours à énigmes adaptés à différents âges et niveaux y ont pris place en ce mois d’avril. Tout au long de l’année, des événements à thèmes, comme celui-ci, sont organisés.
L’interlude chevaleresque s’arrête ici : on retrouve nos montures à pédales pour parcourir les 30 derniers kilomètres de notre périple, par la Voie verte Trans-Ardennes, tronçon de « La Meuse à vélo » – EV 19. Il est 12h30 quand on arrive sur la place Ducale de Charleville-Mézières, où l’ambiance des cafés et restaurants nous fait oublier qu’aujourd’hui, c’est dimanche. Ça tombe bien, nos estomacs nous rappellent qu’ils ont faim ! On s’installe à la terrasse de l’Antre Ducale pour profiter d’un déjeuner bien mérité !
Pour finir notre séjour sur les terres de Rimbaud, on visite cette ville dans laquelle il a écrit ses premiers poèmes. François, guide-conférencier passionné, de l’office de tourisme Charleville/Sedan en Ardenne, nous mène dans les ruelles en nous contant anecdotes, grandes dates historiques et événements culturels.
Après être passé devant le musée puis la maison d’adolescence de Rimbaud, on finit notre balade aux pieds de l’horloge du grand marionnettiste : une statue de 10 mètres de haut, dont les mains s’animent à chaque heure, de 10h à 21h, pour conter en 12 petits spectacles de marionnettes, la légende des 4 Fils Aymon. Ce n’est pas un hasard : la ville est mondialement connue comme le point d’ancrage de la culture marionnettique.
C’est sur ce dernier acte que le rideau de ce week-end ardennais tombe. Changement de décor : on regagne la gare de Charleville-Mézières, où Matthieu nous retrouve à nouveau pour récupérer nos vélos. Il ne nous reste plus qu’à nous asseoir dans le TGV qui nous ramène à Paris en moins de deux heures. Les yeux fixés sur les paysages ruraux qui défilent, on se laisse rêver à notre prochaine balade dans ce département qui a encore bien des expériences à offrir, comme le festival Cabaret Vert au mois d’août.
*Référence au poème Le Dormeur du Val d’Arthur Rimbaud
*Référence au poème Rêvé pour l’hiver d’Arthur Rimbaud
**Référence au poème Le Soleil du matin de Paul Verlaine
***Référence au poème Les Effarés d’Arthur Rimbaud
