Vague de froid : les conseils d’une grande exploratrice pour y survivre
Cette semaine on se caille la barbiche et on se pèle le front. Enfin pas tout le monde : Laurence de la Ferrière, est la seule femme au monde à avoir traversé l’Antarctique en solitaire. Là-bas, il fait jusqu’à moins 50°. Elle a aussi traversé le Groenland et est montée à 8700 m d’altitude sur l’Everest sans oxygène. Bref, le froid, elle en connaît un rayon (surgelé). Cette exploratrice de renom a accepté de nous donner quelques conseils pour affronter ces températures hivernales tant psychologiquement que physiquement.
Sommaire
Se mettre au frais
On aura beau s’enfiler tous les documentaires d’expédition polaire sous notre couette, ce n’est pas comme ça qu’on accoutumera notre corps aux conditions polaires. La meilleure préparation, c’est sur le terrain, en condition. « C’est là que l’on intègre dans ses tripes les réflexes et l’expérience du froid », assure Laurence de la Ferrière.
Une fois dehors, il faut se mettre dans un certain état d’esprit : « Il faut faire preuve d’une certaine innocence et d’inconscience pour se libérer de ce qu’on connaît. On doit laisser son instinct entrer en jeu pour comprendre et appréhender ce nouvel environnement. » En d’autres mots, laissez s’exprimer l’ours polaire qui sommeille en vous.
À lire aussi : 👉 Rencontre avec un glaciologue
Briser la glace avec le froid
La seconde grande règle de Laurence de la Ferrière, c’est qu’il faut comprendre comment vivre avec le froid, plutôt que de lutter contre. Lorsque l’on ne veut pas avoir froid, on a tendance à se crisper et se recroqueviller sur nous-même. « Cette contraction empêche notre corps de s’adapter aux températures. » Elle ne permet pas une bonne circulation du sang et nous fait dépenser inutilement de l’énergie.
Tel un pingouin, il faut au contraire ouvrir ses nageoires au froid et l’embrasser de tout son être. « Il faut laisser le froid nous envahir pour apprendre à connaître ses limites. Il faut le sentir jusqu’à ce que cela soit insupportable et ensuite trouver des solutions pour s’en protéger. »
Garder son sang-froid
Une fois que l’on a accepté le froid dans nos vies, il faut faire en sorte que la colloc’ se passe pour le mieux. On va donc le dompter par l’esprit : « Au lieu d’être paralysé par le froid, on acquiert une forme de lucidité qui nous permet d’apprivoiser la sensation de froid. » D’ailleurs, une sensation n’est pas toujours une réalité : ce n’est pas parce que j’ai froid qu’il fait froid et souvent, on n’a pas froid, mais on en a peur.
Cette lucidité permet de se faire confiance, de relativiser et maîtriser la situation même par -50°. « En Antarctique j’ai découvert que l’on pouvait avoir des gelures et les gérer sans risquer sa vie. J’ai appris à détecter les signaux d’alerte de mon corps face au froid. » Si Laurence de la Ferrière a survécu à des gelures, on devrait pouvoir surmonter le bout des doigts qui pique.
À lire aussi : 👉 Ice therapy : 4 bonnes raisons de plonger dans l’eau glacée
Avoir froid dans le dos
Maintenant que l’on a mis notre cerveau en condition, passons aux bonnes pratiques physiques. « La plus grande erreur lorsqu’il fait froid, c’est d’avoir trop chaud », affirme Laurence de la Ferrière. Si vous transpirez, l’humidité se met dans vos vêtements et crée un pont thermique entre la chaleur de votre corps et les températures extérieures. On ressent alors le froid de manière décuplée et il y a une déperdition de chaleur.
Lorsque l’on démarre une activité en extérieur par temps froid (comme une rando ou un sprint pour attraper son bus) on a tendance à trop se couvrir et à enlever des couches une fois qu’on a trop chaud. « Il faut faire l’inverse, même si ce n’est pas très confortable de partir peu habillé. » La bonne tactique c’est donc de démarrer pas trop couvert et une fois que l’on a trouvé le juste équilibre entre la température extérieure et celle de notre corps en activité, on rajoute des couches si nécessaire.
L’appétit vient en gelant
Lorsque l’on a froid, on perd des calories qu’il faut récupérer en se nourrissant. « En Antarctique je mangeais entre 6000 et 7000 calories, essentiellement de la graisse », se rappelle l’exploratrice. C’est ce qui apporte le plus de calories, mais si demain vous ingurgitez autant de gras, votre organisme va le rejeter car il n’en a pas besoin. Imaginez manger d’un coup un bocal de 800 grammes de graisse de canard pure…
« Avec l’aide d’Esquimaux, j’ai appris à manger autant de gras et à l’assimiler. » Lorsqu’il fait froid, il convient donc de manger plus richement. Orgie de fondue savoyarde et open-bar sur le kouign amann ? Bien tenté, mais non. L’exploratrice s’est rendue compte que « lorsque l’on s’alimente sainement, on découvre que l’on a naturellement envie de ce dont notre corps a besoin ».
À lire aussi : 👉 5 recettes végétariennes qui vont vous faire saliver cet hiver
Boire la tasse (chaude)
On ne parle évidemment pas d’alcool (on vous voit venir). Laurence s’hydrate avant, pendant et après être allée dans le froid. « C’est extrêmement important car c’est ce qui permet à l’organisme de fonctionner de manière optimum. » Mais surtout, l’experte des zones polaires ne boit que des boissons tièdes ou chaudes, jamais glacées. « C’est contre productif car votre organisme va dépenser des calories pour ramener la boisson à une température adéquate pour l’estomac. » C’est le moment d’investir dans une gourde isotherme pour garder son eau au chaud toute la journée.
Si vous voulez encore plus de conseils de Laurence de la Ferrière, on vous recommande froidement son dernier livre L’Antarctique, au cœur du continent blanc ou bien son grand classique Seule dans les vents des glaces.
Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.