Chilo | Story
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De Rome à Paris en Vespa

De Rome à Paris en Vespa

une vespa garée le long d'un champ sur une route de campagne

Cette histoire parle de bandits, de joint de culasse et d’amitié. Elle commence dans un train qui part vers l’Italie depuis la Gare d’Austerlitz, un soir de juin.

J’ai 12 jours devant moi pour réaliser le défi que m’a lancé mon ami Quentin : aller à Rome dégoter une Vespa (guêpe en italien), et la conduire jusqu’à Paris.

À Rome

À la recherche de la perle rare

Devant la fontaine de Trévi je retrouve Lorenzo, rencontré à Calcutta trois ans plus tôt. Il ressemble à un pur mannequin Valentino. Il m’apprend illico qu’il vient de passer la plus belle année de sa vie, derrière les barreaux. Le pire, c’est qu’il a l’air sincère (ce blaireau ?).

On ne s’attarde pas trop sur la rixe qui l’a envoyé en zonzon. Pendant qu’il me raconte les tournois de tennis qu’il a organisés pour ses co-détenus, je me souviens que notre première discussion en Inde avait porté sur le portrait du Duce qu’il a tatoué sur l’un de ses avant-bras…

À ce moment là, je me demande sérieusement ce que je suis venu faire dans ce traquenard. Pourtant ce n’est que le début.

En tout cas, Lorenzo a compris que j’avais besoin de lui et il est trop content de pouvoir m’aider. Je ne parle pas un mot d’italien et j’ai 3 jours pour trouver une Vespa avec 500 € en poche.

Alors dans les deux jours qui suivent, on fait la tournée de ses copains : Dino qui braquait des banques dans les 90’s, Alfredo qui a assassiné celui qui extorquait sa vieille mère et Giorgio qui posait des bombes pendant les Années de plomb.

Manque plus que Capone ou Charles Manson et on va commencer à se marrer !

Au moment où je commence à me dire que j’aurais mieux fait de rester à Paris, l’un des trois malabars en train de téléphoner autour de moi fait un signe : il pense avoir trouvé la perle rare.

Elle est rouge, elle fait 50 cm3.

En rouge et noir ! – ©Thibaut Labey

On récupère la bête en essayant de pas trop faire peur au propriétaire. Il a quand même l’air content de nous voir partir sans avoir à nous donner sa montre, sa soeur, son téléphone et son scooter gratis.

Dans la foulée, j’ai le droit à une leçon de conduite inoubliable avec Dino le braqueur. Assis derrière moi sur la selle, il tente de m’expliquer en anglais comment passer les vitesses au guidon.

Dans ma tête à ce moment là, on ressemble à ça :


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Le départ

Paparazzi mon kiki

Lorenzo a ameuté des dizaines de personnes devant un bar, qui parient sur mes chances d’atteindre Paris en conduisant cette brêle de 30 ans d’âge.

Le patron m’a donné du cash pour payer l’essence. En échange, il me fait porter un tee-shirt à l’effigie de son bistrot et veut une photo de la Vespa devant la Tour Eiffel si je réussis.

Un peu plus et je vais avoir l’impression de partir pour le Vendée Globe !

Grosse pression au démarrage, je suis terrifié à l’idée de caler devant tout ce monde. Deux journalistes me talonnent avec une caméra. C’est parti !

Une aventure romaine absolument givrée se termine, une autre commence. À partir de maintenant, je suis seul aux commandes.

Arrivederci les amis ! – ©Thibaut Labey

Sur la route

Hit the road, Jack

En 8 jours et à 45 km/heure en descente le vent dans le dos, j’ai suivi à peu près cet itinéraire là (une bonne partie de la Via Aurelia) :

En route, je me souviens avoir passé la plupart du temps à sourire béatement devant les paysages qui défilaient.

Quelques anecdotes en chemin :

  • Quand il apprend ma destination, un pompiste italien se met au garde à vous en chantant la Marseillaise, tout en me faisant le plein.
  • Sur le port de Cannes, je me fais jeter de tous les yachts auxquels je demande l’hospitalité pour la nuit.
On dirait le Sud – ©Thibaut Labey
  • Dans les Cévennes, le moteur s’arrête d’un coup dans une pente à 12%. Je redescends en roue libre sur 5 km jusqu’au premier village où je trouve un garagiste. J’aime à dire que c’était la faute au joint de culasse mais je ne sais pas ce que c’est.
Ma vie en l’air – ©Thibaut Labey
  • J’ai été accueilli par quelques amis sur la route. Le reste du temps, j’ai dormi dans des champs, sur des plages, sous des catamarans. J’avais une tente que je n’ai pas utilisée.
  • A Montpellier, je rends visite à un ami militaire qui m’héberge dans sa caserne sans autorisation. Au petit matin, je profite du rassemblement autour du lever de drapeau pour m’échapper en douce.
Moi et ma guêpe – ©Thibaut Labey
  • J’arrive à Paris le matin de ma soutenance de mémoire. Je récolte un joli 7/20. Welcome home !
  • Le tout m’a coûté 900 EUR. C’était à peu près le montant de mon découvert en arrivant et le prix que j’ai revendu la belle guêpe dans la foulée.

Épilogue

La recette miracle

Cette histoire a 10 ans ! Je réalise aujourd’hui combien elle a servi de déclic. Avec très peu de temps et très peu de moyens, on peut vivre des trucs qui sortent complètement de l’ordinaire.

C’est ça le moins mais mieux de l’aventure les gars !

La recette que j’ai découverte et que je continue d’utiliser :

  • Une idée à la con
  • Zéro préparation
  • De l’argent que je n’ai pas
  • Géronimo !
Si vous êtes à Rome et que voyez cette photo dans un bar, embrassez bien le patron de ma part. – ©Thibaut Labey

Bringue aux questions

Comment s’équiper ?

  • une Vespa 50 cm3
  • un sac à dos + protection pluie 
  • une tente légère, un duvet, un matelas gonflable 
  • deux tee-shirts, une polaire, un coupe-vent, un short, un pantalon, des chaussures fermées 
  • une brosse à dent 
  • une pièce d’identité + 1 carte bleue

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.