Gestion durable des forêts : la taille compte
Saviez-vous qu’il y avait autant de façons de gérer une forêt qu’il y a de saisons ? Quatre, mais ça n’a rien à voir, oubliez cette comparaison. En France, il existe plusieurs modèles d’exploitation forestière : la futaie régulière, la futaie irrégulière, le taillis simple et le taillis sous futaie. Vous comprenez un mot sur deux ? Nous aussi, pas de panique. D’abord, une futaie ce n’est pas un petit fût de bière, mais une forêt où les arbres poussent à partir de graines et de semis. Dans une forêt dite de taillis, les arbres partent des souches. Quand on a rencontré notre partenaire EcoTree, on a appris qu’il y avait des modes de gestions plus ou moins durables. Que certains répondaient en priorité à des enjeux écologiques, d’autres plutôt économiques. Vu l’impact sur l’environnement, ça valait le coup de se pencher dessus. Prenez un sécateur, on va débroussailler tout ça.
Sommaire
La futaie régulière : la plus répandue
Ces forêts sont pour beaucoup, au même titre que Daniel Balavoine, un grand héritage français des années 80. À cette époque, il y a eu une vague de plantation d’arbres en monoculture sur des terrains nus. Des espaces remplis de conifères d’âge et de dimension similaires où seuls les plus majestueux sont conservés pour devenir des charpentes et des parquets du plus bel effet. Quand leur temps est venu, on coupe tout et on recommence. C’est la coupe rase ou à blanc. L’Office national des forêts (ONF) estime que la méthode de la futaie régulière concerne 77 % des peuplements forestiers en France.
La technique séduit assez peu les promeneurs : pas très sexy la balade au milieu d’un champ de souches… Certains dénoncent aussi les effets néfastes sur la biodiversité. « Les arbres sont les habitats de nombreux animaux comme le pic épeiche qui creuse le tronc pour s’y installer », nous explique Eglantine Goux-Cottin, ingénieure forestière.
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« L’ombre qu’ils génèrent garantit l’existence d’autres habitats comme les mares où vivent des espèces protégées telles que la salamandre, le triton ou le sonneur à ventre jaune. » Enfin, cette coupe à blanc crée un trou dans le paysage et empêche certaines espèces qui se déplaçaient grâce aux feuillages, d’accéder d’un point A à un point B.La futaie irrégulière : la plus écologique
Ici diverses générations et espèces d’arbres cohabitent. Le prélèvement des plus beaux conifères se fait avec parcimonie, par une coupe « jardinatoire ». Minimum 40 ans pour le bouleau, entre 60 et 80 ans pour le chêne et une centaine d’années pour l’hêtre. La coupe rase est bannie ce qui est autant intéressant d’un point de vue économique (revenu régulier et diversifié), qu’au niveau de la capacité de résilience des lieux face au dérèglement climatique. Le mode de gestion en futaie irrégulière est « le seul qui préserve une couverture constante de la forêt et permet d’avoir une continuité écologique », assure Eglantine Goux-Cottin, également à la tête de l’Icef. C’est pour cette raison que des acteurs du marché décident d’exploiter les forêts de cette manière à l’image d’EcoTree par exemple.
Chaque animal possède un habitat spécifique, donc plus on multiplie les variétés d’arbres, plus on a d’espèces différentes (CQFD). Cette biodiversité crée la matière organique au sol qui, une fois décomposée, nourrit les plantes. « Elle est le moteur de l’écosystème forestier. » Pour bivouaquer dans une forêt qui ne ressemble pas à un cimetière de souches, c’est par ici.
Taillis simple : la plus productive
Les taillis (comme expliqué plus haut pour ceux qui suivent), sont des bois où les arbres poussent à partir de souches coupées. Ils sont aussi appelés des rejets de souche. Si les futaies ont des airs de forêts cathédrales, le taillis ressemble plutôt à une chambre d’ado mal rangée. Beaucoup plus fouillis, avec souvent plusieurs tiges poussant sur un même tronc. Ici, on n’est pas là pour faire du haut de gamme, les bûches partent en bois de chauffage ou vers des filières n’exigeant pas de gros diamètres.
Différentes espèces végétales peuvent cohabiter. Cela favorise la biodiversité et protège les exploitants des attaques de parasites ne ciblant souvent qu’une seule sorte d’arbre. Pour autant, les prélèvements de bois se font en coupe rase (pas cool pour les salamandres) et assez vite. Seulement 15 ans pour les plus rapides.
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Taillis sous-futaie : la fourre-tout
En ces lieux, les arbres issus de rejet de souche (les taillis) poussent à côté d’arbres issus de semis (les futaies). Une forêt à deux niveaux avec au premier, des arbres coupés rapidement, pendant que ceux du dessus continuent de pousser. « Cela permet aux exploitants de diversifier leur filière et d’avoir un peuplement plus long, puisque même si on coupe le taillis, la futaie reste », note Eglantine Goux-Cottin. La méthode permet de maintenir à plus long terme la biodiversité forestière, mais ne l’épargne cependant pas complètement lorsque la coupe rase est finalement appliqué.
Avouez que vous ne regarderez plus jamais une souche de la même manière…
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