Prêts à croquer la Normandie ? À quelques stations de train de la capitale, on se rend dans un territoire normand qui ne manque pas de jus. Entre troupeaux de vaches et reliefs hauts comme 3 pommes, le pays d’Auge est le terrain idéal pour le cyclotourisme. Bonus : on rencontre sur la route des acteurs plus engagés les uns que les autres : hébergements éco-responsables, restauration locale, circuit court – bref, tout ce qu’on aime. Alors tous en selle, on vous emmène avec nous découvrir le Calvados !
Ce topo en un coup d'oeil
- Gare d’arrivée : Pont-l’Évêque
- Un bon coupe-vent
- Des lunettes de soleil pour les rayons farceurs
- Une gourde pour de l’eau fraîche (les pommes, ça donne soif)
- Un pyjama cosy pour des soirées cocooning dans des logements romantiques
- Une bonne curiosité du terroir, car il y en a pour tous les goûts
Jour 1 – Terre de Calvados
La locomotive freine en gare de Pont-l’Évêque. Entre architecture mi-alsacienne mi-gauloise, une prison dite « joyeuse » et une expo de street art dans les recoins historiques de la ville, on ne sait pas par où commencer. C’est l’église Saint-Michel (rien à voir avec les galettes) qui nous attire en premier. Au cœur d’un ciel bien normand : rempli de soleil et de nuages à la fois, on continue avec une touche à la fois insolite et culturelle.
Dans l’ancien couvent, on découvre l’exposition « Polymorphe » de Nicolas Barrome Forgues, l’animation des micro-folies et une artothèque. Un nom qui vaut cher au scrabble mais qui fait simplement référence à une bibliothèque d’œuvres d’art où l’on emprunte des tableaux pour refaire sa déco tous les mois. Encore mieux que la seconde main, le prêt d’œuvres d’art !
La visite continue dans la «joyeuse prison». On ne s’attendait pas à des murs roses façon Charlotte aux fraises, mais encore moins à l’histoire « drôle » des 4 dernières années d’activité de ce centre pénitentiaire. Ici, les prisonniers pouvaient sortir et rentrer librement avec l’accord du garde (un peu trop amateur de soirées arrosées). Mais toute fête a une fin : l’évasion rocambolesque de René la Canne, le « Lupin » du coin, finit par sceller le destin de la prison. En 1953, rideau définitif sur les cellules. Aujourd’hui, le lieu est plein d’anecdotes et devient même un manoir (faussement) hanté le temps d’une soirée d’Halloween ou encore un escape game grandeur nature pour les plus téméraires.
- Où déjeuner ? À l’Auberge des Dominicaines. Aventuriers aguerris, on se lance dans un trempage de lèvres dans du pommeau (fermentation de jus de pomme et de Calvados) et un kir de cidre… Ça réchauffe le gosier ! Pour le plat : viande fondante, frites maison et (clou du spectacle) un morceau de fromage Pont-l’Évêque bien de chez lui. Plus local ? Impossible.
On continue notre périple à vélo sous une météo bien normande. On enlève et on remet nos impers’ avec l’impression de changer de saisons toutes les 10 min. Mais c’est aussi ça la Normandie. On atteint finalement notre destination : la Fontaine aux Herbes. Julia, maîtresse des lieux et herboriste passionnée nous fait visiter son séchoir. Des plateaux fleuris plus odorants les uns que les autres. 40m2 d’étagères colorées (bien mieux rangées que la chambre de mon compère d’aventure), il y a de quoi en prendre de la graine ! Dans cette ferme pédagogique, tout est pensé pour un tourisme plus durable : des matériaux biodégradables, une limitation de l’éclairage de nuit, des ateliers de sensibilisation à la faune et à la flore, des produits frais et de saison… On reprendra une double ration de graines du coup !
- Où diner et dormir ? En attendant que nos récoltes infusent, on prend possession de notre écolodge. Pas besoin de wifi quand Voltaire, l’alpaga, et son acolyte le mouton offrent un show de cabrioles à visionner depuis la terrasse. Après une balade à Clarbec, Antonio passe aux fourneaux : cabillaud, épinards, patates grenailles, sel fleuri aux aromates du jardin et… cidre normand pour trinquer. What else ?
Jour 2 : Terroir & Balade à vélo
Le lendemain matin, après un petit dej’ (costaud) sur la terrasse de notre écolodge, on enfourche nos montures pour la suite de l’aventure. Qui dit séjour dans le Pays d’Auge dit : stop obligatoire à Beuvron-en-Auge, Plus Beau Village de France. Et aucune remise en cause de son titre ! Ici, toutes les façades sont colorées et chacune a son histoire. Qui a dit que toutes les maisons à colombages étaient en Alsace ?
- Où déjeuner ? Sur la terrasse gourmande du restau-boutique d’Antoine et Lucil. Tartines de chèvre miel avec vue sur la place centrale et des artisans passionnés qui ouvrent leurs ateliers toute l’année. Nos yeux pétillent comme les bulles de cidre à l’heure de l’apéro.
La suite se fait en mode éco sur nos vélos électriques pour prendre le temps d’observer le paysage. La chapelle de Clermont, les troupeaux de vaches qui broutent sous les pommiers, les fermes de la Route du Cidre qui embaument les champs d’une odeur de pomme… c’est la normand’vie idéale !
On pose la béquille à la Ferme Cidricole de la Vallée au Tanneur. On a la pomme à la bouche depuis le début de notre vélo-trip, alors cette ferme bio de 10 hectares et son grand troupeau de vaches normandes tombent à pic. Dans le respect de la biodiversité et avec 22 variétés de pommes au compteur, les propriétaires ont même installé quelques ruches pour booster les écosystèmes. On valide à 100% ! La visite file entre aspiro’pomme, tri, presse et fermentation… avant la dégustation au bar. Demi-sec, brut, pomme-poire ou cuvée Pépin passée en fûts de Calvados : ici, l’amour se cultive dans le verger.
Question à 100 000€ : vous saviez que la Normandie est le premier producteur de cidre (avant la Bretagne) ? Alors, on ferme sa boîte à camembert (de Normandie) maintenant ?
- Où dîner et dormir ? À la Maison Mouche de Beaumont-en-Auge. À l’intérieur, c’est une chambre royale qui nous attend (et une salle de bain plus grande que notre maison). Heureusement, l’odeur de lasagnes et la générosité du tiramisu nous ramènent les pieds
sur terresous la table ! En plus de prendre soin de nous, la Maison Mouche prend aussi soin de la planète. Ici, la déco a une histoire : des meubles de secondes mains et cette cheminée chinée chez Emmaüs pour un charme authentique. Dans l’assiette, tous les produits sont frais, de saison et issus de circuits courts : un régal pour les papilles !
Jour 3 : Détente à la sauce Calvados
Le lendemain matin, on se retrouve pour le petit-déjeuner dans le petit salon de thé ouvert à tous en bas du logement. Ici, la déco est soignée du premier au dernier étage. Ensuite, c’est au sous-sol que l’on dépensera des calories avec une session de yoga.
Adaptée à notre niveau débutant, on découvre une pratique vraiment intéressante à la fois sportive et technique. Quelques étirements, un peu de gainage, une touche de relaxation et nous voilà comme neufs pour continuer notre périple.
- Où déjeuner ? En quelques coups de pédales, nous voilà à la fromagerie La Dégusterie. La planche normande nous fait voyager : Pont-l’Évêque fondant avec sa gelée de pomme, Neufchâtel en forme de cœur, Livarot corsé et bien sûr, le camembert de Normandie né du lait des vaches bercées par l’air marin. On picore, on savoure, on déguste comme des experts et on cherche les réponses à notre curiosité bien placée dans les vidéos ludiques de la Dégusterie.
Dernier virage direction la gare de Pont-l’Évêque pour rendre nos bolides. Le cœur (et le ventre) lourd, on saute dans le train. Dans le wagon, on se dit qu’on aurait bien aimé prolonger un peu l’aventure. Et quand il n’y en a plus, il y en a encore : notre correspondance TER nous offre une dernière pépite inattendue : la basilique de Sainte Thérèse à Lisieux. Le Sacré Cœur n’a qu’à bien se tenir ! Incroyable mais vrai.
Alors après un coup de cœur normand, on peut déjà vous dire qu’après le Calva-un, il y aura le Calva-dos !