L’aventure démarre à Nantes. Sacs sur le dos, gourdes pleines et envie d’ailleurs bien installée. L’objectif pour Hermine Bondissante et Renard Chimérique : rejoindre la Corse sans faire chauffer le tarmac. Juste un billet de train, un peu de vent dans les voiles, quelques coups de pédale… et une grande envie de se laisser porter. Cette semaine, on met cap au sud, direction la Corse et plus particulièrement Calvi en mode slow et grand air : train de nuit, voilier, vélo, baignades turquoise, citron pressé et cabrithérapie. Un condensé de liberté, de rencontres et de paysages qui sentent bon le maquis.
Ce topo en un coup d'oeil
- Via le voilier : Port de Calvi Sailcoop
- De la crème solaire, des lunettes de soleil et une casquette
- Des vêtements confortables et respirant pour les journées sur le vélo
- Une gourde
- Des chaussures de marche confortables
- Et votre meilleur sourire pour les habitants
Jour 1 : Du train, du sel et un peu de roulis
Le séjour commence en train, direction Paris, puis après un changement de gare, on embarque à bord du train de nuit qui va nous emmener jusqu’à Saint-Raphaël. Le train de nuit, c’est une expérience : ambiance feutrée, ronflements absolument pas discrets des voisin·es et charme un peu suranné. Ce n’est pas le confort cinq étoiles, mais l’aventure commence déjà là.
Au petit matin, on se réveille à Saint-Raphaël, sous le soleil du sud déjà bien présent. Le temps d’un café-croissant au bord du port, avant d’embarquer à 14h avec Darel, notre capitaine du jour, sur le voilier de Sailcoop. Avant de mettre les voiles, on écoute attentivement le brief de sécurité. Proverbe de marin en prime : « Une main pour soi, une main pour le bateau. » En résumé : tiens-toi bien à quelque chose ou dis bonjour à la Méditerranée.
On découvre aussi la fameuse règle des 5 F pour éviter le mal de mer : Faim, Froid, Frousse, Fatigue et Fioul (bon, même en appliquant ces conseils, ça n’a pas très bien marché pour moi, c’est le métier de marin qui rentre comme on dit). Malgré mon estomac capricieux, les sensations sont incroyables : la découverte de la navigation en voilier, les voiles qui se tendent, le vent qui chante, les dauphins qui viennent nous saluer, et on a même la chance d’observer un rorqual commun au loin ! Magique. Dodo sur le voilier, on apprivoise le roulis tant bien que mal et bonne nuit !
Jour 2 : Découverte de Calvi et sa citadelle
Le soleil se lève, et avec lui, au loin, on aperçoit la silhouette de la Corse. L’arrivée à Calvi est douce et lumineuse. On pose pied à terre encore un peu tanguants, direction un déjeuner sous la verdure du restaurant Le Concept — parfait pour se réhabituer à la stabilité terrestre. On récupère ensuite nos vélos chez Wild Machja, compagnons à deux roues pour les jours à venir et on file à la Villa Alivu. Piscine turquoise, terrasse ombragée et accueil solaire : ici, tout invite à ralentir et à profiter.
En fin de journée, on rencontre Anaïs, guide passionnée qui nous fait découvrir les secrets de sa belle ville. Entre ruelles pavées et panorama doré par le couchant, on se laisse porter par le charme de Calvi et les connaissances d’Anaïs. Le soir venu, la fatigue nous rattrape doucement — une vraie nuit, dans un vrai lit, ça fait quand même du bien.
Jour 3 : Citron pressé & baptême de plongée
Réveil matinal pour prendre le petit train local jusqu’à Aregno. Un trajet pittoresque comme on les aime, avec vues sur mer et virages serrés. À l’arrivée, Tony nous attend. Enfant du pays, il nous guide à travers 35 kilomètres de petites routes corses, entre collines parfumées et villages accrochés à la montagne. Pause fraîcheur à Sant’Antonino chez Olivier, producteur de citrons et vigneron passionné. Le jus de citron glacé qu’il nous sert est une petite claque gustative, et ses vignes racontent à elles seules toute l’histoire du terroir.
L’après-midi, changement de décor : direction les profondeurs pour un baptême de plongée. Une grande première pour moi, rendue possible grâce à une équipe hyper rassurante et ultra pro. Quelques appréhensions au moment de « faire passer les oreilles » sous l’eau, mais une fois le déclic passé, je descends doucement jusqu’à 6 mètres telle une sirène (ou presque). Retour à Calvi pour une soirée gourmande au Bistrot des Fromagers. Au menu : vin, frometons corses, ambiance sans chichis et accueil chaleureux. La vie !
Jour 4 : Ruines, huiles essentielles et apéro en mer
Ce matin, on pédale jusqu’à Lumio, où on abandonne nos montures pour grimper à pied jusqu’aux ruines d’Occi. Le chemin grimpe sec, le soleil tape, mais la vue depuis là-haut nous récompense largement. Redescente vers le Caffe di a Mossa pour un déjeuner en terrasse (option végé au menu et elle envoie du bois). Puis visite de la distillerie de l’Astratella, spécialisée dans les huiles essentielles corses. On découvre un vrai savoir-faire artisanal, transmis depuis des générations. On nous explique tout, du ramassage des plantes à la distillation à la vapeur, un processus aussi minutieux qu’exigeant. C’est un travail de fourmi qui sent bon le maquis. Gros coup de cœur pour l’immortelle, fleur emblématique de l’île et concentré de bienfaits. On repart apaisés et un peu plus savants.
Retour à Calvi, on rejoint maintenant notre nouveau logement, Campo di Fiori. Ici le calme règne, intime et douillet. On va aussitôt essayer la piscine couverte où la détente est le mot d’ordre. Pause délicieuse. La journée se termine en beauté : on fait une sortie en mer avec Christophe, marin passionné et guide généreux. Il m’apprend à barrer, nous confie quelques secrets de navigation, puis on jette l’ancre dans une crique pour une rapide baignade et un apéro digne des dieux grecs : vin, fromages Corses, melon, bon pain et magnifique coucher de soleil. Que demander de plus ?
Jour 5 : Jardin d’Eden, Kayak et dîner face au bleu
Lever aux aurores pour longer la côte à vélo du côté Ouest de Calvi. La route serpente entre falaises et mer et chaque virage dévoile un nouveau paysage à couper le souffle. On a rendez-vous au Clos du Mouflon, un lieu suspendu entre ciel et mer. Carole nous y accueille pour un parcours sensoriel empreint de calme, de lenteur, de reconnexion. On sent, on écoute, on respire. Un vrai moment pour soi, hors du temps et un bel éloge de la lenteur, on adore !
Retour à Calvi où on déjeune au bord de l’eau. Cet après-midi, on troque les vélos pour des kayaks. Balade sur l’eau turquoise, petit stop baignade sur une plage, panorama de carte postale avec la citadelle en ligne de mire. Le soir, dîner au Saint Erasme, un établissement engagé dans une démarche de tourisme durable, avec une cuisine raffinée, principalement végétale, et une vue mer indécente de beauté. C’est un coup de cœur absolu.
Jour 6 : Bain de forêt, cabrithérapie et chant corse
Encore une grimpette à vélo pour rejoindre la sublime forêt de Bonifato. On y retrouve Carole (une autre), guide nature et conteuse passionnée. On plonge dans une rivière cristalline, puis on marche à l’ombre des pins laricio pendant qu’elle nous parle de plantes, d’histoire et de légendes corses.
Après un déjeuner très copieux à l’auberge de la forêt (en matière de gastronomie, sachez que les Corses sont généreux), on file à la bergerie de Frassigna pour découvrir le travail de Sandrine et ses chèvres. On câline les cabris, on écoute Sandrine nous parler de la fabrication de son fromage pour ensuite mieux les déguster. On repart faire chauffer les mollets et le cœur léger, touchés par la chaleur des belles âmes corses rencontrées.
La soirée se clôt dans la cathédrale de Calvi, avec un concert du groupe L’Alba. On est émus par la découverte de ces chants polyphoniques puissants, accompagnés d’instruments traditionnels mais aussi plus modernes. Une atmosphère suspendue, frissons garantis !
Jour 7 : Une traversée, un au revoir et beaucoup de gratitude
Dernier matin. On boucle nos sacs, on profite une dernière fois du port de Calvi avant d’embarquer à bord du voilier pour « le continent », comme on dit ici. La mer est un peu agitée, le vent souffle mais le coucher de soleil nous enveloppe dans une dernière caresse dorée.
On dort bercés par les vagues, le cœur plein, les jambes un peu fatiguées et déjà un peu nostalgiques. La Corse, on y est venus en douceur, en prenant le temps et on repart avec une seule idée en tête : y revenir. Peut-être par un autre train, un autre vent, un autre chemin mais toujours avec le même appétit de nature et de belles rencontres.
Moralité ? Pour explorer la Corse autrement, pas besoin de faire péter le kérosène : voile, vélo et train, ça suffit pour une aventure 100 % plaisir et 0 % guilt.
On était venus chercher une aventure simple, douce et un peu sportive. On repart le cœur gonflé, les mollets affûtés et avec la conviction que pour explorer la Corse autrement, il suffit parfois de ralentir.
