Tous les secrets (ou presque) d’un photographe animalier
On rêve en suivant Sylvain Tesson sur les traces de la panthère des neiges. On a les yeux pleins d’étoiles quand on regarde les incroyables clichés du célèbre photographe animalier Vincent Munier. Sauf que nous, quand on va en forêt, on est déjà content si on aperçoit un écureuil. Quel est leur secret ? Faut-il être un aventurier.e de l’extrême ou bien juste se pointer en forêt et toucher du bois ?
À l’occasion de la sortie de son film Connexion sauvage, on est allé à la rencontre de Vincent Rannou, photographe animalier. Cet amoureux de la nature (et de sa Bretagne natale) est devenu un professionnel du métier à force de passer son temps dehors à pister les animaux de sa région, notamment du côté de Ploërdut (Morbihan) dans des forêts EcoTree. Sa technique : l’affût photographique, qui consiste à rester caché et attendre que la nature vienne à lui. Il nous dévoile ses 11 commandements pour rapporter les mêmes clichés qu’un photographe animalier.
Sommaire
Déranger, tu t’abstiendras
Pour Vincent Rannou, « la première règle à retenir lorsqu’on se rend dans la nature, c’est qu’on n’est pas chez nous ». Prendre des photos : bien. Déranger les animaux dans leur vie : pas bien. Vous aimeriez rentrer chez vous et constater qu’un gros blaireau a marché sur votre lit, repeint les murs du salon et volé les jouets des enfants ?
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En touriste, tu ne viendras pas
Lorsque Vincent Rannou se rend en forêt, ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête le matin même entre une tartine de confiture et une lampée de café. L’expédition est préparée en amont dans les moindres détails. « Quand je pars, je sais exactement quelles espèces je veux voir. Je sais où je vais et ce que je vais faire. » Le photographe effectue pour cela un gros travail d’analyse sur le terrain avant pour repérer les traces en cherchant les indices et savoir où se positionner. « Les animaux sont calés comme des horloges : ils passent aux mêmes endroits et aux mêmes heures de la journée. Il suffit de repérer les tracés au sol. »
Ta patience, tu pousseras
Une fois qu’on a trouvé l’emplacement idéal pour zyeuter des animaux, il faut s’y mettre et… attendre. « Il faut toujours rester au même endroit. Même si cela fait 4-5 heures que l’on attend et que l’on ne voit rien, il ne faut pas craquer. C’est quand on s’y attend le moins que tout arrive », assure Vincent Rannou à qui il arrive de patienter 2-3 jours avant de voir un animal. Alors oui, c’est long, mais « plus on attend, plus les émotions sont fortes au bout et quand cela arrive c’est juste magnifique ».
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Tes animaux, tu réviseras
Avant de partir sur les traces d’un animal, on jette un petit coup d’œil sur internet. Ça évite de rentrer avec des photos de chèvres en assurant à tout le monde avoir immortalisé un troupeau de chevreuils albinos.
Leurs points forts, tu connaîtras
Connaître les points forts (et faibles) des animaux permet de savoir comment se comporter en fonction de chaque espèce. « Le blaireau voit mal mais possède un excellent odorat. On n’a donc pas besoin d’un gros camouflage à la différence du renard qui a une bonne vue », donne comme exemple le photographe animalier.
Cracra, tu resteras
Globalement, quel que soit l’animal que l’on a décidé de pister, on évite les parfums et shampoing dans les 3 jours qui précèdent l’expédition. Si on est motivé.e, on peut même aller frotter ses vêtements dans la forêt pour s’imprégner de son odeur.
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Sous le vent, tu avanceras
« Si on marche avec le vent dans le dos, ce n’est même pas la peine de continuer l’expédition. Un renard vous verra à 600 mètres à la ronde », tranche Vincent Rannou. La règle, c’est de marcher toujours vent de face pour que notre odeur reste derrière nous. Cette technique peut également servir un été de canicule en ville.
Avec tes oreilles, tu verras
En photographie animalière, on voit avec les oreilles. En plus, utiliser seulement sa vue demande beaucoup de concentration. « Ça fatigue. Au bout d’un moment fin ne voit plus rien », assure le photographe. Il faut donc savoir être à l’écoute de chaque bruit, car un animal se cache peut-être derrière.
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Des squats, tu feras
On n’y prête rarement attention, mais lorsque l’on marche, nos pas provoquent énormément de vibrations et d’ondes dans le sol. Les animaux nous entendent donc bien avant que nous n’ayons eu le temps de les voir détaler. Le conseil de Vincent Rannou est de marcher sur les zones humides pour amortir les chocs. Mais sa technique ultime, c’est d’avancer en contractant les cuisses et de marcher sur la tranche des pieds. De quoi entraîner ses gambettes avant la saison de ski de rando !
Le silence, tu embrasseras
Jusqu’à preuve du contraire, personne ne parle le blaireau, ni ne sait bramer. Donc, pour ne pas être repéré.e pendant notre expédition, on ne raconte pas haut et fort à sa ou son pote sa dernière micro-aventure dans le Mercantour (même si c’était génial). On chuchote ou mieux : apprendre la langue des signes, ça pourrait resservir.
Te ruiner, tu éviteras
Comme le dit Orelsan : « Si tu veux faire des films, t’as juste besoin d’un truc qui filme ». Vincent Rannou pense un peu pareil : pour lui, le matos c’est optionnel. « Ce n’est pas parce qu’on a un appareil qui vaut très cher, que l’on va forcément faire de belles photos. » En plus, si on lâche un gros billet dans un appareil pour rapporter des photos floues d’écureuil, cela peut être assez déceptif. « On peut faire des choses vraiment très bien avec du matériel moyen de gamme. Le cadrage et la netteté d’une photo ce n’est pas l’appareil qui les fait, c’est le photographe. » Morale de l’histoire : mieux vaut investir dans un stage photo.
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