Notre plan de sobriété énergétique inspiré de la vie au refuge
Aujourd’hui, on appuie sur un bouton et POUF la lumière s’allume. On sort nos poubelles et HOP le lendemain, elles ont disparu. On tourne un robinet et PAF de l’eau potable coule à flots. C’est notre quotidien donc ça paraît normal. Du coup, on adore aller dans des refuges de montagne pour avoir une petite piquouse de rappel et sortir de notre confort quotidien. La vie là-haut, ça nous fascine ! On s’est donc demandé s’il n’y avait pas deux trois bonnes idées et pratiques à redescendre des refuges dans nos vies quotidiennes. Pour cela, on papoté avec Anne, gardienne du refuge des Drayères, situé à 2180 m d’altitude dans la vallée de la Clarée. Elle et son mari y vivent 6 mois de l’année pendant la haute saison d’été et d’hiver. Son mode de vie là-haut est bien loin de notre HOP-PAF-POUF d’en bas. L’occasion pour nous d’en tirer quelques bonnes idées pour un plan sobriété énergétique à la sauce Chilowé à mettre en place à la maison.
Avoir une voiture blindée
Avant d’ouvrir son refuge au public, Anne doit monter toute la nourriture et le matériel pour vivre en autonomie pendant 3 mois. Au refuge des Drayères, il y a 64 couchages. Cela représente 7 tonnes de marchandises par saison. Un trajet se fait par un hélico, le reste par engins motorisés sur des sentiers. « On ne peut pas s’amuser à faire plein d’allers-retours ! L’hiver, pour chaque trajet avec notre quad, on y accroche une luge remplie au maximum d’affaires », nous explique Anne. Afin d’être le moins polluant possible, elle évite aussi les longs trajets et ne dépasse jamais Briançon pour se ravitailler.
Chilo-tips : Pour les trajets réguliers en voiture entre la maison et le travail, on s’organise pour la remplir au max de copains, de collègues ou d’inconnu.e.s. À ce niveau, ce ne sont pas les applis spécifiquement dédiées qui manquent : BlaBlaCar Daily, Klaxit, La Roue Verte, Karos, Mobicoop ou Citygo. C’est plus sympa et ça permet de diviser la facture du plein : vu le prix de l’essence, ça ne se refuse pas!
Jouer à « Aziz lumière »
Les lignes électriques de nos villes ne montent pas dans les montagnes (et tant mieux pour la vue). Du coup, le refuge des Drayères est alimenté en électricité grâce à des panneaux solaires, complétés d’un groupe électrogène. La prio, c’est de faire fonctionner la radio de secours électrique (pour la sécurité), le frigo et le congélateur (pour assurer la chaîne de froid), l’ordinateur et le téléphone (pour prendre les réservations) et la lampe UV (pour purifier l’eau). Le reste, c’est du bonus !
À lire aussi : 👉 7 produits et plantes naturels pour prendre soin de (chez) soi
« On offre le luxe de la lumière pendant le repas du soir, mais après c’est extinction des feux partout. Il faut allumer sa frontale ». S’il a fait moche pendant 2 jours et que les batteries des panneaux sont déchargées, le dîner se déguste à la lueur des bougies : . « Notre électricité à une limite, une fin. »
Chilo-tips : À défaut d’installer un panneau solaire sur son toit, on peut faire fonctionner ses appareils électroménagers aux heures creuses de la journée. Selon les recommandations Engie, il faut éviter le créneau 7h-19h en hiver et 13h-15h en été. Pour la lumière, pourquoi ne pas instaurer une routine « dîner aux chandelles (en cire d’abeilles) » une fois par semaine ? Moment chaleureux, romantique et économique (en énergie) à la clef.
Faire une maxi popote
Dans les refuges, pas de carte des menus : il n’y a qu’une entrée, qu’un plat et qu’un dessert à la carte chaque soir. Une économie de temps, d’énergie, de gaz et de vaisselle pour Anne : « C’est bien plus pratique : j’ai une casserole avec ma soupe, une deuxième avec mes féculents et une troisième avec ma viande mijotée. Ça me demande seulement 3h en tout pour nourrir 64 personnes. » Moins de 3 minutes par personne : chaud.e pour relever défi ?
Chilo-tips : Utiliser 3 heures de son jour off pour cuisiner une grosse popote. Avec on se fait : 2 repas dans la semaine, des surgelés ou des conserves pour les mois suivants. La vie a même donné à ça un nom stylé : le batchcooking.
Arrêter de sortir les poubelles
Quand on vit isolé en haut d’une montagne, descendre les poubelles est une tout autre expédition que celle que l’on fait le dimanche soir en claquette chaussette au local poubelle. Du coup, la solution c’est d’éviter au max d’avoir des déchets. Anne et son mari ont remplacé depuis longtemps les canettes et bouteilles de bière par des fûts. Les épluchures de légumes partent au compost. Les céréales des petits-déjeuners et les féculents sont achetés en vrac.
À lire aussi : 👉 Notre week-end rando dans la vallée de la Clarée
« Au refuge rien ne reste sans usage : les caisses en bois de fruits et légumes servent à démarrer le feu du poêle. Les seaux en plastique de fromage blanc sont utilisés comme saut à compost de cuisine. Les bouteilles de vin deviennent des bougeoirs », détaille la gardienne du refuge.
Chilo-tips : Tenter de réutiliser ce que l’on destine à la poubelle. C’est votre créativité qui parle, mais pour vous aider, on vous a déniché :
- Trois recettes cosmétiques à faire avec des épluchures de concombre, carotte et tomate.
- La liste complète de ce qu’on peut mettre dans un compost de qualité (les restes de repas, les mouchoirs, cartons ou des coquilles d’œuf, ça marche !)
- Pour les enfants : un kit pour fabriquer des trousses avec des bouteilles en plastique.
Fermer les gaz
Quand Anne arrive au refuge pour la saison d’hiver en février, il fait -20° dans le refuge. Un chauffage au gaz par le sol permet de monter la température du dortoir à 16-17°. « C’est presque trop ! Dans d’autres refuges on est plutôt à 13-14° et après, c’est la chaleur humaine réchauffe la pièce. » On dort très bien à ces températures et pour les frileux.ses, il y a des couvertures en rab.
Chilo-tips : Baisser le chauffage cet hiver pour ne pas dépasser les 19° la journée et 17° la nuit (et éviter de voir sa facture de gaz augmenter de 25 € par mois en moyenne comme annoncé par le gouvernement). Pour que cela soit supportable, plusieurs possibilités. 1ère option : organiser des pyjamas party avec les copains pour se tenir chaud. 2ème option : dormir coller-serrer avec sa moitié, son chien ou sa couette. Troisième option : faire un sandwich de lit, matelas/vous/couette/couverture/pilou-pilou.
Prendre sa douche en musique
Tous les refuges n’offrent pas la possibilité de se laver. Aux Drayères, on a la chance d’être alimenté en continu par une source et de ne pas manquer d’eau. Deux douches sont à disposition, mais ça ne veut pas dire que c’est open savonnette. Il faut mettre 2 euros dans un boîtier pour avoir 5 minutes d’eau chaude. A ce prix-là, on y reste même moins longtemps et on partage avec le copain d’après. « Si trop de monde en prend, ça peut arriver que l’on n’ait plus assez de pression dans les robinets de la cuisine. On ferme alors les douches une quarantaine de minutes, le temps que les vasques se remplissent », assure Anne.
Chilo-tips : Chronométrer ses douches avec des chansons de Céline Dion (ou pas). Pour un lavage rapide en 3min30 on part sur J’irai où tu iras. Pour une option lavage de cheveux, on se calque sur Prière païenne en 4min15. La Planète qui a bien souffert de la sécheresse cet été vous dit merci ! Bonus pour les marmots : cette technique de chronométrage est très efficace sur les kids qui ne veulent pas aller se laver.
Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.