Récit : 3 mois de voyage à vélo avec un bébé
En terme d’aventure, il n’y pas grand chose qui rivalise avec l’arrivée d’un bébé ! Certaines priorités changent forcément, mais ce n’est pas une raison pour renoncer à partir crapahuter dans la nature. Il suffit simplement de faire évoluer la recette de nos virées dehors, avec un chouïa d’anticipation, une petite louche de logistique et un zeste d’équipement.
Cette recette, c’est celle qu’ont suivie Jeanne et Xavier quand ils ont décidé d’embarquer Zoé – à peine 10 mois le jour du départ – pour un grand voyage à vélo à travers la France. En pédalant 3 mois à 3, ils nous envoient un message à tous : devenir parents ne doit surtout pas nous forcer à renoncer aux rêves de dépassement de soi, de découverte et d’évasion. Pas le temps de niaiser : on veut savoir comment préparer nos prochaines micro-aventures à vélo avec les gnomes !
Hello Jeanne, est-ce que tu nous présenter ta petite équipe et votre projet ?
Bien sûr ! Nous sommes Zoé, Xavier et Jeanne. Du 15 mai au 15 août, nous roulons à vélo entre Roscoff et Strasbourg et nous partageons nos aventures sur le site et le compte la Mini Passagère. Zoé est née l’été dernier : elle a bientôt un an, une période où elle commence à crapahuter et baragouiner. C’était important pour nous de vivre ça avec elle intensément pour l’accompagner dans ces changements. On est passionnés de vélo et elle n’était pas encore née que ce projet de voyage était déjà dans les cartons !
Quand tu dis passionnés de vélo…
On est des vrais mordus. Avec Xavier ça fait 10 ans qu’on voyage à vélo (France, Cuba, Ecosse, Islande) et au quotidien je m’organise pour rouler tous les jours. Pendant ma grossesse ça a été un vrai dilemme : est-ce que j’allais pouvoir continuer ? Finalement, j’ai eu le feu vert du médecin chaque mois et j’ai pu pédaler quasiment jusqu’au bout.
10 mois, c’est pas trop tôt pour partir en voyage à vélo avec un bébé ?
On trouve ça idéal ! On avait commencé à la mettre dans la remorque dès ses 2 mois, dans un hamac dédié. C’est pas vraiment conseillé sur la notice, mais en soit c’est pas plus dangereux que d’escalader des trottoirs avec une poussette en ville. Il suffit bien sûr de rouler à allure modérée. Pour préparer le voyage, on a fait quelques week-ends test en dormant en chambre d’hôte. Avec les confinements on n’a pas eu le temps de tester la nuit en tente avant le grand départ : la première fois c’était le premier jour du trip en Bretagne ! Ça s’est super bien passé : on a de la chance car Zoé s’adapte bien et dort partout. Avec le recul des 2 premiers mois sur la route, je pense qu’on aurait pu partir dès ses 8 mois. Mais là ça tombe sur la période estivale donc c’est parfait.
Qu’est-ce que vous avez prévu comme itinéraire ?
L’idée, c’est rallier Roscoff à Strasbourg en dessinant un sourire sur la France. On a commencé par une mise en jambe sur la Vélodyssée de la Bretagne au Pays basque, idéale pour s’habituer à rouler avec nos montures chargées car c’est plat et protégé de la circulation. On a ensuite récupéré la Route des cols dans les Pyrénées : des passages mythiques à plus de 2000 mètres d’altitude, de sacrés morceaux ! Au niveau de Carcassonne on a récupéré les Causses : Larzac, Méjean, les Cévennes. Puis on a récupéré les Gorges de l’Ardèche, on a passé le Rhône pour grimper le Mont Ventoux et enchaîner sur le Luberon et les Gorges du Verdon. Là on arrive à Fréjus, on récupère les Alpes par le Mercantour en les traversant du Sud au Nord. À Annecy on va rejoindre le Jura, les Vosges et finir à Strasbourg. Un sacré dénivelé à venir ! On a fait les ⅔ de notre voyage.
Et alors, comment se passent vos journées sur les vélos et dans la remorque ?
En fait, on roule à peine 4 heures par jour ! 30 à 70 km en fonction du dénivelé. On se cale sur Zoé : on roule 1h puis on fait 2h de pause pour donner un biberon, changer une couche ou tout simplement jouer. Ce ne sont pas vraiment des contraintes : ça nous impose des pauses. Il en faut, car les journées commencent à 6h et se terminent vers 21h. J’ai beau être une grande sportive, je suis crevée ! Une des leçons du voyage, c’est de ne pas être trop ambitieux sur le kilométrage pour avoir le temps de gérer la logistique et de bien profiter des moments avec son enfant. Il faut également prévoir du rab si on veut avoir le temps de visiter des choses en route, ce qu’on ne fait pas. On préfère se trouver un petit coin à l’ombre pour jouer et faire la sieste !
Voyager avec un enfant, ça implique pas mal de matos. Vous êtes très chargés ?
Chacun de nos vélos pèse 35 kilos avec tout son équipement. Il faut ajouter à ça la remorque (25 kg avec Zoé dedans) qu’on se partage moitié/ moitié dans la journée. Dans les montagnes, c’est un vrai défi… Je pense au col de Marie Blanque dans les Pyrénées avec une portion de 4km à 13% : c’était pas du gâteau ! On va d’ailleurs réajuster notre itinéraire : j’avais prévu des cols alpins en gravel (notamment le Parpaillon) qu’on va finalement contourner car on a déjà cassé pas mal de rayons à cause du poids de nos vélos. En ce qui concerne le détail de notre matos, on a tout détaillé ici. On pense avoir trouvé un bon compromis confort/ poids : côté bivouac tout est optimisé mais on a quand même des chaises pliantes ! On n’a pas non plus lésiné sur la partie outillage : avec un bébé à bord et un paquet de km dans des endroits peu habités, on préfère être capable de pouvoir réparer un maximum nous-même.
Vous vous trimbalez avec des couches et des petits pots ?
Oui, c’est pas le plus écolo mais sinon on passerait nos soirées à laver des couches et faire cuire des légumes sur un réchaud… Je préfère passer du temps avec Zoé, c’est quand même le but de ce voyage ! De retour à la maison, on reprendra de meilleures habitudes.
Est-ce que vous avez préparé votre itinéraire ou est-ce que vous faites ça au fil de l’eau ?
J’adore les cartes J’ai passé des soirées entières à préparer nos traces quotidiennes et chaque matin j’ai l’impression de déballer un cadeau surprise. J’utilise Open Runner, qui permet d’accéder aux cartes IGN avec son abonnement. Mais bien sûr, on adapte tout ça en fonction des recommandations des gens qu’on croise, de certaines véloroutes qu’on croise ou des cols qu’on veut finalement éviter !
Vous ne devez pas laisser les gens indifférents sur la route…
Le bébé dans la remorque, c’est le meilleur moyen de se faire des copains ! Il n’y a pas une personne qu’on croise qui ne nous pose pas une question ou nous adresse un petit mot. Ça suscite étonnement et émerveillement et ça nous permet de faire plein de supers rencontres. Je pense à ce type qu’on a croisé dans les Pyrénées avec lequel on s’était réfugiés dans un gîte pendant une tempête et qu’on a recroisé dans l’ascension du Ventoux. « Ah vous êtes encore là ! » nous a t-il dit en nous doublant.
Vous êtes plutôt bivouac ou camping ?
Majoritairement camping : c’est la solution de facilité pour laver Zoé et faire la tambouille. En France c’est facile, il y en a un quasiment tous les 30 km ! Mais ça ne nous empêche pas de camper en pleine nature aussi, ce sont des souvenirs incroyables… Quel que soit l’endroit où on dort chaque matin, c’est le même rituel : Zoé se réveille et quand elle se rend compte qu’elle est entre nous, elle nous fait un immense sourire. C’est magique ! Elle a un an demain et elle a l’air de vivre sa meilleure vie : elle ne s’en souviendra pas mais ça va la forger d’une manière ou d’une autre, et ça va participer à construire la relation qu’on a tous les trois. Et ça, ça nous rend très très heureux.
Bon tu m’as donné sacrément envie avec toutes tes histoires… Mais c’est pas demain la veille que j’aurai 3 mois devant moi !
C’est ça la magie de la micro-aventure, Chilowé ! L’idée, c’est simplement de s’organiser des moments dans la nature avec son bébé/ son enfant. Une matinée, une journée, un week-end… L’important, c’est de se lancer et surtout de faire avec les moyens du bord !
Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.