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Les Ocres du Luberon : découvrir leurs faces cachées loin de la foule

Les Ocres du Luberon : découvrir leurs faces cachées loin de la foule

Ocres du Luberon

Il existe un endroit où les collines de grès rouge orangé tranchent avec le ciel bleu azur. Les canyons d’Arizona ? Pas besoin d’aller si loin ! Direction le massif des Ocres du Luberon entre les Alpes-de-Haute-Provence et le département du Vaucluse. Ce territoire unique en France est le fruit d’un petit miracle géologique qui a donné naissance à des paysages à couper le souffle. Outre le célèbre et très touristique Colorado provençal, il existe bien d’autres pépites ocrées, plus confidentielles et éloignées de la foule. Pour découvrir ces endroits sous leurs meilleurs jours, on a échangé avec Stéphane Legal, géologue du parc du Luberon.

Une merveille géologique

Cette région est un petit bijou pour les géologues français, tout simplement parce que les sites ocriers sont le résultat d’un phénomène chimique très particulier en France. Pour tout comprendre, le géologue du parc du Luberon Stéphane Legal, nous fait remonter 120 millions d’années en arrière (ce qui ne nous rajeunit pas). « À cette époque, la Provence est recouverte par la mer ! Dans le Luberon, le fond de cette mer est tapissé d’argile sur laquelle du sable riche en quartz tout droit arrivé du massif central est venu se déposer. » Mais à ce moment-là, le sable n’est pas rouge orangé comme aujourd’hui, mais vert (à cause d’une argile) et au fond de la mer.

Ocres du Luberon
Sous l’océan – ©Pays d’Apt Luberon tourisme

Et puis la mer s’est retirée en raison d’un « vaste bombement lié à la tectonique des plaques » (mais ça, c’est une autre histoire…) et le sable s’est alors retrouvé à l’air libre. « Le soleil, la chaleur et de fortes pluies vont alors provoquer des réactions chimiques et entraîner la disparition de certains minéraux et la formation de nouveaux : une argile blanche (la kaolinite), ainsi que des hydroxydes de fer et oxydes de fer », explique le géologue. Ce sont eux qui vont donner ce sable ocreux à la couleur rouge-orangée si spécifique.

Un territoire fragile

Bien qu’il s’agisse de petits trésors de géologie, les sites ocriers du Luberon n’ont pas toujours été protégés. Le sable ocreux a été exploité pendant des années. « Une grande partie des collines que l’on voit par exemple sur le Colorado provençal ne sont pas naturelles : ce sont d’anciennes carrières », raconte Stéphane Legal.

Ocres du Luberon
Où est la cheminée ? – ©Pays d’Apt Luberon tourisme

Aujourd’hui, le Colorado provençal est un site classé et protégé. Mais comme beaucoup de jolis endroits faciles d’accès, il est aujourd’hui victime de son succès et surfréquenté l’été. « Les collines sont faites de sables. S’il y a trop de monde dessus, l’érosion devient trop intense », explique Stéphane Legal. Le Colorado est également abîmé par des visiteurs qui s’amusent à « glisser sur les collines de sables » ou « gravent leurs noms dessus », se désole-t-il. Au-delà du fait que tout le monde se fiche de savoir que « Camille était là le 17/08/2017 », ces inscriptions mettent des années à partir et dégradent la vue. Aujourd’hui, certains endroits sont interdits au public afin de « préserver le paysage ainsi que des îlots de biodiversité ».

Comment en profiter sans le dégrader ?

La façon la plus efficace d’éviter la surfréquentation dans le Colorado provençal (à part de ne pas y aller), c’est d’éviter les périodes de forte affluence de l’été. « En mars-avril et après septembre, il n’y a moins de visiteurs et de très belles lumières : les couleurs sont magnifiques », assure Stéphane Legal. On évite ainsi les chaleurs écrasantes de l’été, la queue leu leu sur les chemins et les photos de paysages avec des inconnu·es qui font des selfies…

Si vous n’avez pas d’autres choix que d’y aller l’été et que vous avez des bouts’choux, on vous recommande une visite à l’écomusée de l’ocre, ôkhra, une ancienne usine d’ocre réhabilitée.

Ocres du Luberon
Ça vous dit une petite colo à l’ocre – ©Pays d’Apt Luberon tourisme

Deuxième solution : éviter le site ultra-connu du Colorado provençal à Rustrel, accessible en deux pas après avoir laissé sa voiture au parking. À la place, on opte pour des randos dans le Luberon, hors des sentiers battus comme on les aime chez Chilowé.

  • La randonnée du tour du Colorado provençal depuis Rustel : une balade d’environ 4 h par le GR, sur 14 km, avec un peu plus de 400 mètres de dénivelé. Elle permet de découvrir le Colorado provençal sous tous ses angles avec des paysages à couper le souffle. Voir l’itinéraire.
  • La rando du Secret des Villarsois : un boucle de 13 km au départ du joli village de Villars, avec 440 m de dénivelé. L’itinéraire encore assez méconnu traverse le massif ocrier de la Bruyère et passe au pied des Monts-de-Vaucluse. Voir l’itinéraire.
  • L’itinéraire des ocres à vélo : une boucle à vélo de 50 km à faire en 4h50. Ce tracé au départ d’Apt nous fait emprunter de petites routes pittoresques du Roussillon, avec un passage par les Mines de Bruoux à Gargas, les jolis villages du Luberon et les gisements d’ocre de Vaucluse. Voir l’itinéraire.
Ocres du Luberon
Mines de Bruoux ou maisons de l’Egypte ancienne ? -Pays d’Apt Luberon tourisme

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.