La nouvelle loi de la jungle
Saviez-vous que les êtres vivants qui perdurent dans le temps ne sont pas ceux qui luttent pour la vie mais ceux qui coopèrent et s’entraident ? La nature regorge d’exemples de plantes, d’organismes ou de mammifères qui prospèrent en s’associant. Et si se reconnecter à notre état naturel passait par l’entraide ? On a lu le livre L’entraide, l’autre loi de la jungle, dans lequel Pablo Servigne et le biologiste Gauthier Chapelle prouvent par A(beille) + B(ergamote) que l’Homme n’est pas un loup pour l’Homme et que s’entraider est l’une des clefs de la survie et du bonheur.
Il n’est pas bon d’être un requin
Nous avons pris l’habitude de considérer la guerre, la compétition et l’agression comme naturelle. Dans une société capitaliste, il y a cette idée que la seule coopération efficace entre les humains est celle des marchés. Cette vision nous pousse à être toujours plus compétitif. La compétition dans la nature existe, mais ce sont généralement des interactions courtes et ponctuelles : les cerfs ne se battent pas toute l’année pour conquérir le cœur des biches. D’ailleurs, selon les biologistes, dans ces combats, il n’y a pas de bénéfice ni pour le perdant, ni pour le « gagnant » qui en ressort stressé, violenté et exténué. La perpétuelle compétition serait donc contre-nature et contre-productive.
Les bactéries ont tout compris
De nombreux exemples montrent que les êtres vivants ont naturellement tendance à s’entraider dans les situations difficiles. Cela vaut pour les manchots empereurs qui luttent contre les vents glacés en Antarctique en se blottissant les uns contre les autres, mais aussi pour des espèces qui n’ont rien à voir entre elles. On appelle mutualisme et la symbiose ces relations bénéfiques entre deux espèces qui ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre. Certaines sont exclusives comme l’orchidée malgache endémique dont le nectar se situe au bout d’un éperon de 30 cm que seul le papillon sphinx de Morgan, doté d’une trompe de la même longueur, peut atteindre. Entre eux, ça ne pouvait être qu’un coup de foudre.
Les organismes vivants qui ont réussi à perdurer à travers les âges sont ceux qui ont coopéré et se sont entraidés.
Les organismes vivants qui ont réussi à perdurer à travers les âges ne sont pas les plus forts ou ceux qui ont lutté pour leur survie, mais ceux qui ont coopéré et se sont entraidés. Les grands gagnants sont sans nul doute les bactéries qui existent depuis 3,8 milliards d’années. Leur secret ? Elles s’assemblent entre elles pour survivre ou bien collaborent avec d’autres espèces en échangeant des fragments de matériels génétiques pour s’adapter plus rapidement. Se rassembler et échanger nos biens serait-il donc le secret pour garantir l’avenir de notre espèce ?
S’entraider rend joyeux comme un pinson
Pourquoi est-on plus prompt à aider son tout nouveau voisin, plutôt qu’un inconnu dans la rue ? On ne connaît pourtant aucun des deux, mais aider un inconnu qu’on ne reverra jamais dépend de l’altruisme de chacun·e, tandis qu’aider ce voisin que l’on va côtoyer dans le futur, c’est créer un lien de réciprocité à durée indéterminée. L’entraide devient mutuellement bénéfique.
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Le livre L’entraide, l’autre loi de la jungle cite une étude des chercheurs de l’université Emory aux États-Unis réalisée en 2002 montrant que les aires du cerveau impliquées dans la récompense et la satisfaction s’activaient lorsqu’une personne coopérait avec nous. Une autre de leur expérience montre que l’entraide et la générosité contribuent à l’augmentation du sentiment de bonheur. S’entraider et coopérer provoque la joie d’être connecté avec les autres, la joie d’imaginer les potentiels de chacun et de voir en eux de futurs partenaires.
Comment rendre l’entraide possible ?
On l’a vu : aider l’autre et se faire aider rend heureux·se. Mais aider quelqu’un qui ne coopère pas en retour active un sentiment de dégoût particulièrement fort. Le problème, c’est qu’il suffit d’un petit nombre d’individus tricheurs, égoïstes ou profiteurs pour que les autres cessent de coopérer. Selon Pablo Servigne et Gauthier Chapelle, il faut 3 ingrédients pour créer un esprit d’entraide au sein d’un groupe : égalité, sécurité, confiance (nouvelle devise du monde ?)
- Plusieurs économistes affirment que les inégalités au sein d’un groupe déclenchent des comportements antisociaux et diminuent le niveau d’entraide.
- Si l’on se sent en sécurité, on est plus enclin à voir l’autre comme un potentiel allié.
- La confiance permet de souder le groupe, elle permet de sortir de sa carapace de méfiance et de se tourner vers les autres.
Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.