Récit : « J’ai vécu 15 jours avec des éleveurs de yaks en Mongolie »
Un jour, Daniel, 73 ans, a eu besoin d’un bon bol d’air. Il a donc décidé de se tourner vers l’agence de voyages Double Sens pour partir en Mongolie, pendant 15 jours, vivre chez l’habitant au plein milieu des steppes d’Asie Mineure, dans leurs yourtes (nature). Au programme : apprentissage d’une autre culture, d’un autre mode de vie, et de la randonnée à en avoir la chaussette trouée. Il nous raconte son aventure. Propos recueillis par Thomas Weill.
Quelle mouche m’a piqué ?
Je suis parti pour des raisons personnelles. Je venais de divorcer, j’avais besoin de prendre l’air. Dans le groupe avec lequel j’ai voyagé, il y avait je pense des personnes qui
avaient besoin de se retrouver face à elles-mêmes, ce qui était mon cas. La proposition de voyage en immersion me plaisait. Connaître les gens, vivre avec eux, découvrir leurs traditions, les paysages, les locaux… J’avais en moi cette envie de découvrir tout ça, cette liberté apparente, le tout dans des paysages grandioses, mais j’avais encore jamais vraiment eu l’occasion de le faire.
À quoi ressemble une journée type ?
En Mongolie, on vivait de yourte en yourte, dans des familles chaque fois très différentes, et toutes ces rencontres m’ont marqué. Les randonnées sont des moments forts. On faisait 25, parfois 30 km pour aller de famille en famille, dans des paysages extraordinaires. On vivait comme nos hôtes. On dormait à 5 par yourte, on n’avait pas d’eau courante, mais on allait se baigner et se laver à la rivière.
Les Mongoles utilisent la laine de yaks pour faire du cachemire, donc ces animaux sont pour eux une importante source de revenus en plus d’être la base de leur alimentation. On a toujours mangé la même chose là-bas : un mélange avec de la viande de yak, de rares légumes et des pâtes. De temps en temps, on goûtait des yaourts au lait de yak, mais il ne fallait pas trop en manger, les toilettes étaient loin et on ne voulait pas de problèmes digestifs pendant les randos !
Nomade, no regrets : gravé dans la peau
Je me souviens de l’une des premières randonnées, on est arrivé sous une plus diluvienne. On était trempés, mais heureux ! Quand on arrivait dans les familles, on était reçus avec ce qu’ils avaient : un thé au lait salé, le süütei tsai, et un fromage sec qui s’appelle l’aaruul. Quand on partait d’une famille, le père nous accompagnait tout le long du chemin jusqu’à la prochaine yourte et la famille suivante avec notre repas du midi. Parfois, la mère nous suivait aussi pour chauffer notre repas en pleine steppe. J’ai tellement ressenti ce nomadisme comme façon de vivre que je me suis fait tatouer le mot « nomade » écrit en Mongole, alors que j’avais jamais fait ça avant !
De quoi je mamelle
Pendant le séjour, on a essayé de traire un yak, ou plutôt sa femelle, la dri ! Je dis essayer parce qu’on l’a fait avec plus ou moins de réussite. Il y a une façon de pincer et de tirer sur la mamelle très spéciale… Il faudrait pratiquer plus souvent pour y arriver. Je n’avais jamais vu de yak avant. C’est un bel animal, puissant et très calme. Leur lait est complètement différent du lait de vache : il est plus rosé, un peu amer à mon sens. Je n’ai pas trop aimé, mais les Mongoles ne vivent qu’avec ça. Bien sûr, ils en font des fromages et des yaourts, et nous avons participé avec joie à ces transformations. Un yaourt pris dans la yourte : à faire !
Attention au trou
Comme je le disais, les toilettes étaient assez éloignées des yourtes. C’était juste un trou avec deux planches au sol et trois panneaux pour cacher, mais pas de porte. Quand quelqu’un allait aux toilettes avec du papier sous le bras, on le savait forcément ! C’est le genre de situations rigolotes qui nous fait remettre des choses en question. Un jour, je suis allé aux toilettes, et… J’ai fait tomber mon téléphone au fond ! C’était au moment du petit-déj, j’ai fait rire tout le monde. On s’est débrouillé pour le récupérer sans trop de mal et je me suis pas pris la tête.
Qu’est-ce que ça m’a apporté ?
Avant je vivais dans une maison, maintenant dans un appartement de 50 m². J’avais plein de choses et j’en ai moins aujourd’hui. Mais pendant ce voyage, on a pu voir que les Mongoles sont capables de faire beaucoup avec peu, ce qui change de notre culture. On pourrait être tous heureux, si on n’évaluait pas le bonheur au nombre de voitures qu’on a ou si on ne jalousait pas le voisin. Quand on revient, on se demande un peu pourquoi on se plaint. Le bonheur est à la porte, il suffit d’ouvrir les yeux !
Foire aux questions
- Combien ce voyage coûte ? 2 230 € sans le prix du transport. Une fois sur place, il n’y a pas ou très peu de dépenses : du café ou une bière pour le soir, mais ça ne va pas très loin.
- Quel équipement emporter avec soi ? En Mongolie, il peut faire 30 °C la journée, et 7 °C la nuit, donc il faut un short, mais aussi des choses chaudes. Un maillot de bain aussi, aussi, puisqu’on a pu aller dans des sources d’eaux chaudes. Des vêtements de pluie, et surtout de bonnes chaussures et chaussettes de rando.
- Faut-il être sportif·ve pour ce voyage ? Au niveau physique, c’est mieux d’avoir un minimum l’habitude de marcher. Moi j’ai 73 ans, mais j’ai l’habitude, alors que tout le monde ne fait pas 30 km (au plus) en une journée.
- Est-ce que la barrière de la langue m’a posé problème ? Même si on ne parlait pas la même langue, tous les hôtes nous ont apporté beaucoup de choses. On n’était pas obligés de se parler, on échangeait par le regard, les sourires, les gestes… On se comprenait. Et puis on avait aussi un guide qui nous expliquait les traditions et ce genre de choses.
- Quelle différence culturelle m’a le plus marqué ? La liberté. Là-bas, tous les animaux vivent en pleine liberté, mais aussi et surtout les enfants. Ils sont élevés en toute confiance, ont des responsabilités importantes pour leur âge, participent aux travaux, ce qui me paraît contraire à l’éducation que nous donnons trop souvent en France en insufflant de la peur et du manque de confiance.
- Dans quel état d’esprit je conseille d’aborder ce voyage ? Il faut partir avec cette envie de respecter l’autre, la nature, sans jugement et pour apprendre d’eux. Il faut savoir qu’on n’aura pas la même nourriture ni les mêmes conditions d’hygiène qu’en France. On se lave dans la rivière, mais sans savon, car d’autres personnes utilisent cette eau pour vivre.
Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.