Ce qu’il faut savoir avant d’emmener un bébé en altitude
Ce n’est pas parce qu’on vient d’avoir un bébé qu’on doit dire au revoir à sa passion de la montagne. Le virus peut même se transmettre dès le plus jeune âge, à condition de prendre quelques précautions. Oui, mais à partir de quel âge bébé peut-il bouger avec nous ? Jusqu’où peut-on monter ? Et quels sont les risques ? On vous livre les infos importantes pour réconcilier bougeotte et couches-culottes. On ne naît pas micro-aventurier.e, on le devient !
Sommaire
Comprendre ce qui change
Qu’on se le dise, il n’y a pas d’âge précis à partir duquel on peut emmener bébé à la montagne. Après tout, certains bébés y naissent et y vivent… Pas le vôtre ? C’est justement ce qu’il faut prendre en compte. Surface corporelle plus petite, couche de graisse plus mince, épiderme peu pigmenté : avant deux ans, son petit corps n’est pas tout à fait prêt pour les sommets. Alors, pour éviter l’hypoxie (organisme en PLS car ses cellules sont en manque d’oxygène), les coups de soleil, les engelures, les otites et toutes ces petites choses, il vaut mieux partir avec un bébé en pleine foforme.
CHILO tip n°1
Un p’tit tour chez le pédiatre et puis s’en vont ! Avant de partir, faites un check-up chez le docteur. Rassurez tout le monde et vérifiez que votre progéniture ne présente pas de souffle au cœur, d’anémie ou de troubles ORL. Et même si tout va bien, on a lu qu’il était préférable d’éviter de monter au-dessus de 1500 mètres avant sa première bougie. Après 15 mois, on monte jusqu’à 1700 mètres, et il est conseillé d’attendre le terrible two pour monter à 2000. Enfin, sachez qu’il existe des stations encore mieux équipées que nous en matos de puériculture : elles arborent fièrement le label Famille Plus.
Les seuils de risque
On a pas mal potassé et voilà ce qu’il ressort. Ça donne une première idée :
- < 1 500 mètres : les feux sont au vert, pas de précaution particulière.
- 1500-2500 mètres : pas ou peu de risque du Mal Aiguë des Montagnes (MAM), mais la capacité respiratoire s’affaiblit. On fait donc très attention au froid, au soleil et à la pression.
- 2500-3500 mètres : l’oxygène se fait rare, le MAM vous guette… L’acclimatation doit être très progressive, avec 300 mètres de dénivelé positif par jour entre deux nuits. Et qu’avec des enfants de plus de 10 ans.
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- 3500-4500 mètres : Vous êtes en haute montagne et le risque de MAM est élevé. Pourquoi pas monter avec des ados, mais de plus de 12 ans et bien acclimatés.
- 4500-5500 mètres : Ring the alarm ! Le risque de MAM est omniprésent. On ne monte qu’avec des ados de plus de 15 ans et encore… Ils doivent être très bien préparés et rigoureusement acclimatés.
- Au-delà de 5500 mètres : Vous vous êtes pris pour un chamois ? Laissez les enfants en dehors de ça !
Bien s’équiper : la base
Nous ne partons pas randonner comme nous faisons nos courses ? Et bien avec un bébé, c’est pareil. Une bonne préparation, c’est la clef d’une sortie réussie. Là-haut, le soleil et le froid ne rigolent pas et comme bébé ne bouge pas, il est beaucoup plus exposé. Il ne faudrait pas que ses petits petons gèlent en hiver… ou que son teint rosé vire au cramoisi en été. Alors pour que votre plan se déroule sans accroc, ne lésinez pas sur l’équipement. Avec nos amis Les Petits Baroudeurs, on a sélectionné 10 équipements indispensables pour partir en rando avec vos marmots.
CHILO tip n°2
Pour partir crapahuter, une règle d’or : plus t’en mets, mieux c’est. Déguisez toute la smala en oignon et superposez les couches (de vêtements, hein). Ainsi, vous serez toujours couvert comme il faut, quand il faut. D’ailleurs, trois épaisseurs valent mieux qu’une. La première permet à la peau de respirer, la seconde isole du froid et la troisième protège de l’humidité. Insistez bien sur la tête et les extrémités, c’est par là que la chaleur s’échappe. Ah, dernière chose : oubliez le coton. Certes il est agréable à porter dans la vie de tous les jours, mais en rando, c’est la plaie. Il met un temps fou à sécher et retient le froid. Avec le vieux sous-pull en laine de Pépé, vous ne risquez pas l’hypothermie.
Porter confort
La jambe légère et l’œil aux aguets, vous virevoltez tel un jeune bouquetin ? Ça, c’était avant, quand vous n’aviez que votre casse-croûte à trimballer. Désormais, c’est 4, 6, voire 15 kilos de bébé qu’il faut porter. Mal équipé.e : vos cervicales risquent de prendre de crier et vos oreilles aussi. Alors, pour que tout le monde profite de la balade, plusieurs solutions de portage. Si vous n’êtes pas dans la team portage, sachez que la poussette est envisageable. Avec trois roues et sur des circuits adaptés, certaines stations ont tout prévu, même la location. Pour ses toutes premières sorties, l’écharpe (ou le porte-bébé physiologique), nous permet de garder Minus bien au chaud et juste sous vos yeux. Il tient sa tête et peut s’asseoir tout seul ? C’est le moment de passer au porte-bébé dorsal.
CHILO tip n°3
Il existe de nombreux modèles de porte-bébé. Pas la peine de faire une étude de marché, mais posez-vous 3 questions : allez-vous partir souvent, combien de temps, en quelle saison. La légèreté est un paramètre clef. Contre le mal de dos, vérifiez que la hauteur dorsale est réglable et pensez aux bâtons de marche : ils nous donnent un appui supplémentaire, soulagent la charge et peuvent permettre d’éviter la chute. Évidemment, tout dépend de l’enfant et des parents, mais grosso modo, voilà les distances en fonction de l’âge :
- A 3 ans : 1 Km (le reste, sur le dos de Papa ! )
- A 4 ans : 1,5 Km
- A 5 ans : 3 Km
- A 6 ans : 4 à 5 Km
Ne pas se presser
Vous avez déjà remarqué comme votre souffle devient court avec l’altitude ? On est sur la réserve respiratoire, donc tout est normal. En altitude, l’oxygène dans l’air se raréfie, donc l’organisme sollicite plus le cœur et les poumons. Sachez que la réserve respiratoire de l’enfant est bien plus faible que celle de l’adulte. Il est donc plus sujet au mal des montagnes et aux otites (merci la pression atmosphérique). La solution : y aller molo. On prend le temps et on s’a-ccli-mate ! C’est-y pas l’occasion de tester la slow rando, ça ?
CHILO tip n°4
En montée comme en descente, faisons des pauses tous les 500 mètres de dénivelé. Profitons-en pour donner à bébé un repas, un bib ou une tétée, afin de le faire déglutir et détendre ses tympans. Au fait, ne prenons pas le téléphérique avec un bébé de moins de 3 ans. L’ascension trop brutale peut provoquer une lésion du tympan sévère.
L’hydrater un max
En montagne, l’air est sec et on se déshydrate vite. Surtout les enfants. Les bougres, ils perdent plus d’eau et plus vite que nous car ils se dépensent plus, proportionnellement à leur masse musculaire. Pour couronner le tout, ils supportent très mal la déshydratation. Alors, quitte à prévoir la maxi dose de couches, hydratons bébé bien plus souvent que d’habitude. Été comme hiver, toutes les occasions sont bonnes pour lui faire boire un petit coup : un joli spot, une pause pipi, un lacet défait… Vous éviterez ainsi la déshydratation, les otites (merci la déglutition), les gerçures, les engelures et donc les insomnies.
CHILO tip n°5
Règle d’or, on n’attend pas que bébé ait soif pour le désaltérer. Quitte à passer pour un relou, proposez-lui de boire toutes les demi-heures. Le mieux c’est la poche à boire intégrée au sac ou la bonne vieille gourde à portée de main. On la choisit isotherme ou on se la garde près du corps, pour ne pas boire trop froid. Pour aider bébé à boire, on peut toujours rajouter un peu de sucre dans l’eau. Et dernière chose si on part plusieurs jours avec une nuit en refuge : pensons à humidifier l’air de sa chambre. Posons des linges humides sur les radiateurs, chantons faux ou invoquons les dieux de la pluie : l’humidité, c’est bon pour sa santé !
Vous l’aurez compris, à moins d’être nés mi-mouflet, mi-mouflon, les bébés sont plus exposés aux problèmes liés à l’altitude. Pour autant, si votre escapade est bien préparée et qu’une fois sur place vous y allez molo, il n’y a pas de raison de faire une croix sur la montagne. Attrapez votre marmaille et banzaï !
Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.