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3 jours de vélo gravel à travers le Vercors

3 jours de vélo gravel à travers le Vercors

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© Estelle Carrier

Impossible de faire l’impasse sur le Vercors si vous aimez être dehors. C’est bien simple, il y a tout : de l’Histoire, du terroir, des gorges, des plateaux, des spécialités culinaires, de la randonnée, de la grimpe, du vélo… et même du chien de traîneau ! Cette fois, on vous embarque sur une trace gravel accessible aux débutants pour découvrir ce massif. Et comme disent les locaux : « Il y a tout dans le Vercors, ce qu’on produit ici est naturel par essence ». Accompagnées de nos fidèles destriers (nos vélos gravel), on est parties vérifier ça et il faut avouer qu’on n’a pas été déçues. Une fois que vous aurez découvert le Vercors, vous en demanderez encore !

Infos pratiques

  • Durée : 3 jours – 2 nuits
  • Saison idéale : de mai à septembre
  • Niveau : Sportif
  • Réalisé par : Marsouin Légendaire et Écureuil Crapahuteur
  • Suivre l’itinéraire

Jour par jour

J1 : De Grenoble à Villard-de-Lans

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Un topo bien (en)cadré – ©Estelle Carrier

On se retrouve à la gare de Grenoble pour le départ, le sourire accroché aux sacoches. Trois jours d’itinérance nous attendent avec au programme : la traversée du Vercors du nord au sud. Mais avant de profiter des grands plateaux et des routes en balcon encore faut-il grimper là-haut. Deux options s’offrent à nous : soit on attaque direct par la « Via du Tram », une ancienne voie de tramway reconvertie en piste cyclable, avec 950 mètres de dénivelé au programme et une mise en jambes version costaud. Soit on opte pour le bus T65, qui relie la gare routière de Grenoble à Saint-Nizier-du-Moucherotte avec un système bien pensé pour suspendre les vélos à l’arrière.

Comme on était attendues pour le déjeuner, on a fait un choix de sagesse (et de rapidité) : direction le bus ! Les vélos prennent l’air à l’arrière pendant que nous, on garde nos mollets au frais. Une montée tranquille, les yeux déjà tournés vers les falaises du Vercors et le programme qui nous attend.

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J’en veux Vercors et toujours – © Judicaël Rey

À peine descendues du bus à Saint-Nizier-du-Moucherotte, on en prend déjà plein les mirettes. Derrière nous, la vallée du Grésivaudan s’étire sous un ciel limpide, encadrée par les silhouettes élégantes de Belledonne et de la Chartreuse. Ce panorama à couper le souffle donne le ton : on n’est pas venues ici pour enfiler des perles.

On prend un moment pour plonger dans l’histoire forte du Vercors. Ce massif, bastion de la Résistance, a vu naître des actes de courage inouïs sur un territoire à la fois dur et indomptable. On fait un crochet inspirant par la Nécropole du village de Saint-Nizier-du-Moucherotte en mémoire de la bataille des 13 au 15 juin 1944 où plus de 250 maquisards ont résisté aux attaques allemandes. Un épisode marquant, considéré comme l’une des plus belles pages de la Résistance française. En silence, on rend hommage à ces héros tombés pour la liberté avant de reprendre la route, le cœur un peu serré mais gonflé d’admiration.

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Puisqu’on s’aime, Marrons-nous ! – ©Estelle Carrier

La trace gravel qui suit est un vrai bonheur : un petit chemin qui joue à cache-cache entre les hameaux, tantôt à l’ombre des pins, tantôt au milieu des prairies. Ça roule tout seul et ça sent déjà bon l’aventure. On arrive à Lans-en-Vercors, l’ambiance est tranquille, le vélo attire les sourires et nos estomacs commencent à sérieusement réclamer leur part du voyage.

Direction Le J’Em, un petit bistrot comme on les aime. Sur la terrasse baignée de soleil, on savoure un plat du jour parfaitement exécuté, suivi d’un moelleux aux marrons qui frôle l’indécence. Le genre de pause qui remet les jambes à l’endroit et le moral au sommet. On est bien. Le Vercors, lui, nous réserve encore de belles surprises.

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Un fromage qui rend chèvre – © Bertrand Claeyssen

On embarque cette fois sur la Via Vercors entre Lans-en-Vercors et Villard-de-Lans. Mais vous le savez, chez Chilowé, on est gourmand alors impossible de traverser le Vercors sans faire une halte fromagère ! Et ça, c’est pas Marion et Yannick qui diront le contraire. À la ferme du Pic Saint-Michel, ce couple de passionné·es transforme directement le lait de leurs chèvres et brebis en petites merveilles : yaourts onctueux, fromages frais ou affinés, tommes mixtes, saucissons… Tout est fait sur place, avec amour et savoir-faire. Même Marie, pas franchement fan de fromage à la base, a trouvé son Graal : un fromage de brebis aux tomates confites qui lui a fait revoir sa copie. Autant dire que le niveau est élevé. Cerise sur le crottin : on peut entrer dans l’étable pour saluer les petites têtes curieuses des chèvres et de leurs chevreaux. Une pause gourmande et pleine de tendresse, comme on les aime.

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Changement de Vercors – © Carole Savary – Le Clariant

On termine la journée en douceur sur la route qui mène à l’hôtel du Val Lachard où l’accueil est aussi chaleureux que le bois blond des chambres. Cette ancienne ferme a été entièrement rénovée en maison passive, une prouesse énergétique discrète mais efficace. Le lieu a gardé son âme, avec une simplicité lumineuse qui fait du bien après une journée de vélo.

Pour le dîner, Claire de l’Office de tourisme nous rejoint pour une virée gourmande un peu particulière. Après une marche d’une petite demi-heure, on découvre Le Clariant, un resto planqué au fond d’un chemin, comme une récompense pour les curieux. Installée dans une ancienne bergerie d’ermite, cette auberge perdue en pleine nature a été retapée avec goût, dans un esprit chalet montagnard. Bonus qui nous plaît bien : le lieu est totalement autonome en énergie. Un décor de rêve, une assiette généreuse et des discussions à la lueur des bougies, que demande le peuple ?

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Nous, on se repose au coin du feu – © adelinev38 & © lecaillouxauxhiboux

Pendant que les grands refont le monde à table, les kids, eux, ont de quoi s’occuper ! Juste derrière le resto, on découvre « Roule ma boule » un espace de jeux en bois où ça rigole, ça construit, ça grimpe. À deux pas, une aire de pique-nique aménagée permet de poser son plaid ou son casse-croûte en mode détente totale. Et comme si ça ne suffisait pas, l’expérience se prolonge à la tombée de la nuit : pop-corn au brasero, raclette à la bougie avec des fromages de la région et retour au parking… flambeau à la main ! Une parenthèse magique, sauvage et joyeusement déconnectée. Le genre de soirée qui reste gravée dans les souvenirs (et qui sent bon la fumée de bois).

J2 : De Villard-de-Lans à La Chapelle-en-Vercors

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VERT de nouvelles aventures – ©Estelle Carrier

La literie du Val Lachard a eu raison de notre réveil : on traîne un peu sous la couette, bercées par le calme du lieu. Mais l’appel de la suite du voyage finit par l’emporter, surtout après un petit-déj bien copieux préparé avec soin par notre hôte. De quoi repartir avec le plein d’énergie.

Très vite, l’itinéraire nous emmène loin de tout. Les routes laissent place à des chemins tranquilles, les pistes se faufilent entre les arbres et on sent qu’on s’enfonce doucement dans le cœur du Vercors. À mesure qu’on prend un peu de hauteur, on finit par rouler sur d’anciennes pistes de ski de fond, au beau milieu de la forêt. Silence, sapins et graviers : le combo parfait. La trace est accessible aux débutant·es comme aux intermédiaires et les rares passages un peu raides se passent finger in the nose, quitte à poser pied à terre et pousser un peu le vélo. Ici, personne ne regarde le chrono, juste le paysage.

Après deux bonnes heures de pédalage une odeur de feu de bois vient nous chatouiller les narines. Au détour d’un virage, l’auberge refuge de Roybon apparaît comme véritable havre de paix dans la forêt. Nichée à l’orée de la Réserve Naturelle des Hauts Plateaux du Vercors, elle marque l’entrée des pistes de ski de fond en hiver et des sentiers de rando ou de VTT en été. Bref, un repaire parfait en toutes saisons. Impossible de passer ici sans s’attabler : la terrine maison, la viande cuite au brasero par Clément et surtout la fameuse tarte aux myrtilles de Christelle valent à elles seules le détour. On prolonge un peu le moment sur les canapés extérieurs, en mode sieste au soleil, bercées par le chant des oiseaux. Le bonheur, tout simplement.

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Savon bien le détour – © Bertrand CLAEYSSEN

On rencontre ensuite Virginie à l’Atelier de la source, une des 700 maîtres-savonniers de France. « Sur le plateau du Vercors, on est bio et naturel par essence, on a tout sur place ! ». Ses savons fabriqués avec un processus de saponification à froid et faits à partir des fleurs et plantes du Vercors. En quelques minutes à l’écouter, on a envie d’abandonner les produits industriels pour ses produits artisanaux et bons pour la santé qu’elle crée avec passion. Il y en a pour tous les types de peaux, et même un qui peut s’utiliser en dentifrice (testé et approuvé !). Convaincues, on repart la trousse de toilette remplie !

Puis on enfourche à nouveau nos montures pour une belle descente jusqu’à La Chapelle-en-Vercors, un village chargé d’histoire qui rend hommage aux résistants tombés pendant la Seconde Guerre mondiale. Une traversée paisible, empreinte de respect et de souvenirs. Plus on s’enfonce dans le Vercors drômois, plus les paysages se font sauvages. C’est vraiment le kiff pour les amoureuses de nature que nous sommes ! 

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Gîte tant rêvé d’un décor pareil – ©Estelle Carrier

On s’arrête chez Jean-Luc et Corinne qui ont ouvert leur maison d’hôte aux Buis Gourmands il y a un an et demi. Pensée par un architecte, la maison en bois et béton brut ainsi que sa terrasse avec vue sur les montagnes environnantes nous a complètement conquises. On y partage un excellent repas, préparée avec soin par le couple, autour d’une grande tablée conviviale avec les autres invités. Jean-Luc et Corinne n’accueillent qu’une quinzaine de personnes max pour préserver ce cadre intime : une véritable bulle de verdure et de calme en pleine nature.

J3 : De La Chapelle-en-Vercors à Die

Après un réveil des plus agréables, on quitte ce petit paradis terrestre pour rejoindre Marie et Sébastien. Ensemble, ils animent Sensation Nordique, un chenil de chiens nordiques et une ferme pédagogique, idéale pour les familles. Ici, les enfants peuvent nourrir les brebis, caresser les lapins, observer les ânesses ou encore découvrir les chèvres angora, dont Marie tisse la laine mohair à la main pour créer des vêtements ultra-doux.

Mais ce n’est pas tout : en hiver, Sébastien emmène petits et grands en balade en chien de traîneau avec sa meute de huskys groenlandais. Et lorsque la neige fond, place au canikart, une version estivale tout aussi fun, tractée par les chiens. Une immersion joyeuse et instructive dans le quotidien d’un musher, au cœur d’un décor montagnard à couper le souffle.

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Une party de Wolf – ©Estelle Carrier

Le coin préféré de notre musher ? Le plateau d’Ambel et des Gagères : un véritable « Groenland français », sauvage et immaculé en hiver qui sert de terrain d’entraînement aux mushers de toute la région. Sébastien y organise aussi des expéditions sur deux jours avec nuit en refuge non gardé, l’occasion rêvée de goûter aux plaisirs de la vie polaire, version Vercors.

On quitte la ferme pédagogique pour grimper tranquillement jusqu’au col de Proncel, passage discret mais superbe qui relie les vallées. La route, récemment refaite et parfaitement entretenue, se prête merveilleusement bien au vélo : le bitume lisse, les lacets réguliers et le peu de circulation en font un petit bonheur pour les mollets. Au fil de la montée, les paysages s’ouvrent et dévoilent une vue grandiose sur les Hauts Plateaux du Vercors avec en toile de fond le Grand Veymont, plus haut sommet du massif. Un décor de carte postale qui donne envie de ralentir juste pour en profiter plus longtemps.

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J’en veux Vercors et toujours – ©Estelle Carrier

Après ce marathon de jolis paysages, on arrive à Vassieux-en-Vercors, village martyr de la Seconde Guerre mondiale. Entièrement détruit en 1944, il est aujourd’hui un lieu de mémoire incontournable, avec sa nécropole nationale et le Mémorial de la Résistance qui rendent hommage aux combattants tombés ici pour la liberté. Avant de reprendre la route vers Die et après avoir exploré ce lieu chargé d’histoire, on recharge nos batteries avec une pause gourmande à l’auberge du Tétras Lyre, en face de l’église. Une adresse chaleureuse au cœur du village, parfaite pour déguster une salade garnie au bleu du Vercors et faire le plein d’énergie.

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C’est mon petit Diois qui me l’a dit – ©Estelle Carrier

Pas évident de repartir après cette pause mais on sait qu’un spectacle grandiose nous attend un peu plus loin. Une dernière montée vers le col de Saint-Alexis puis on bascule au col du Rousset et là, claque visuelle : une vue à couper le souffle sur les montagnes du Diois. Juste au sommet, on passe devant la station du Col de Rousset, spot quatre saisons par excellence : luge l’hiver, VTT de descente l’été et rando panoramiques toute l’année ! Le tout dans une ambiance familiale et décontractée. Un bon plan pour ceux qui voyagent avec des kids ou veulent se dégourdir les jambes. Psst : pour les plus courageux, vous pouvez même emmener vos marmots sur la luge sur rail, unique en Drôme et Ardèche. Ensuite, place à la magie : une descente en lacets majestueuse, taillée dans la montagne, avec panorama XXL et adrénaline douce jusqu’aux portes du Diois.

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Tranchant DIE-donc – ©Estelle Carrier

Une fois arrivées à Die, direction la forgerie et coutellerie Kanosak où Camille, un circassien reconverti en coutelier, nous accueille dans son atelier. Séance forge pour tout le monde, on apprend à maîtriser les gestes ancestraux et quelques-unes des 120 étapes de création d’un couteau (franchement easy…enfin…on en a retenu 4 quoi). Un processus impressionnant et très technique qu’on ne soupçonne pas forcément. Après nos essais, on découvre les pièces uniques qu’il fabrique sur place et on se dit qu’on a encore un peu de taff à faire… 

On savoure encore un peu Die, cette jolie pépite planquée au pied des falaises du Vercors. La rivière Drôme vient rafraîchir l’ambiance pendant qu’on flâne entre les vestiges romains : les remparts, la Porte Saint-Marcel (la seule encore debout dans tout le département, s’il vous plaît) et les trésors planqués au musée d’Histoire et d’Archéologie. Il fait chaud, une petite glace nous fait de l’œil… mais il est déjà l’heure de repartir. Le Vercors, on t’aime. Et franchement, on reviendrait bien demain.

Accès

Idées budget

  • Trajet de bus : 25 minutes avec le T65 de Grenoble à St-Niziers-du-Moucherotte
  • Déjeuner au bistrot Le J’EM : 18 € le plat à la carte, 22 € le menu adulte et 11 € le menu enfant
  • Visite de la ferme du Pic Saint-Michel : Visite de l’élevage du lundi au samedi de 17h à 19h, entrée libre
  • Dîner à Le Clariant : De 12h à 14h30 sans réservation : compter 28 € pour le déjeuner à la flamme, 35 € avec l’option tartine et dessert et 17 € pour la formule enfant (moins de 12 ans)
  • Nuit à l’hôtel Val Lachard : À partir de 130 €
  • Déjeuner à l’auberge du Roybon : Réservation conseillée, 9-15 € le plat et 9-12 € la formule enfant
  • Nuit Aux Buis Gourmands : 115 € la nuit et repas à 25 € sur demande
  • Visite de la Ferme pédagogique du Vercors : 8 €/ adulte, 6 € /enfant
  • Déjeuner à l’auberge du Tetras Lyre : 15-18 € le plat

Ce qu’il faut apporter :

  • Une sacoche de vélo ou panier pour les affaires
  • Kit de réparation vélo (rustines, chambre à air, pompe, démonte-pneus)
  • Largeur de pneus recommandée : minimum 35 mm de large 
  • Vêtements confortables et chauds (il fait frais sur le plateau !)
  • Un imperméable/coupe-vent, la météo pouvant vite évoluer en montagne
  • Casquette, lunette de soleil et crème solaire

 

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.