Et si on troquait le vélotaf pour le vélokif ? Trois jours loin des pots d’échappement, les cheveux dans l’vent, en sifflotant la chanson d’Yves Montand… Trois jours à bicyclette (ou à vélo électrique) dans le Calvados, entre paysages aussi sauvages que votre chevelure et Histoire poignante. Oubliez votre to-do interminable, au bout du chemin c’est camembert rôti et verre de cidre ! On vous embarque là où l’aventure rime avec nature et culture. En selle !
Ce topo en un coup d'oeil
- Gare la plus proche : Gare de Caen
- De la crème solaire, des lunettes de soleil et une casquette (dans le meilleur des cas)
- Un imperméable et des vêtements de pluie (dans le pire des cas)
- Des vêtements confortables et respirant pour les journées sur le vélo
- Une gourde
- Des affaires de rechange pour le kayak
- Une serviette de toilette et du savon pour la nuit en cyclo’tente
J0 : Arrivée à Caen
Retrouvailles sous le soleil pour Capybara Gourmand et Coccinelle Réjouissante ! C’est à 10 minutes à pied de la gare de Caen, à l’auberge de jeunesse The People, que l’on fait le plein d’énergie ce soir. On ne sait plus si on est en Normandie, à Miami ou en Italie entre la déco qui est canon et la carte qui fait saliver ! Dites, on peut repartir avec quelques cadres et le secret de vos pizzas délicieuses ?
J1 : De Caen à Bayeux
Après une bonne nuit de sommeil et un petit-déjeuner de sportifs, on file chercher nos bolides pour la journée chez Roulez JEUnesse. Des vélos classiques (VTT, VTC, VAE) aux vélos adaptés (vélo fauteuil, tandem, tricycle adulte), ici il y en a pour tout le monde et pour toutes les envies !
Sacoches accrochées, crème solaire étalée, on quitte Caen pour prendre la direction de l’EuroVélo 4 par la voie verte. D’un côté le canal de l’autre des canards pas vraiment étonnés par notre présence. Premiers kilomètres et première immersion dans l’histoire, en 1944 au moment où le pont de Bénouville (que l’on emprunte pour traverser le canal) est devenu le Pegasus Bridge, symbole de la libération de Caen par les parachutistes britanniques.
Parce que comme Pégase on se sent pousser des ailes, avant de rejoindre l’EuroVelo 4 on ajoute une boucle qui nous fait traverser de jolis villages (Ranville, Bréville-les-Monts et Gonneville-en-Auge), croiser quelques équidés et prendre un shot de chlorophylle.
S’il est important de ménager sa monture, il est aussi important de se ménager soi-même. Alors on s’arrête à La Réserve Péché Iodé à Merville-Franceville pour le déjeuner. Installés en terrasse, on admire la réserve naturelle de l’estuaire de l’Orne tandis que la douce odeur du brasero vient titiller nos narines et annoncer ce qui se prépare dans nos assiettes.
Cette fois, c’est bien sur la véloroute européenne que l’on roule, en direction du Centre d’activités nautiques de Ouistreham pour une sortie en kayak dans l’estuaire de l’Orne. Beaucoup plus sportif que de se la couler douce de l’autre côté de la plage…
Au départ de Ouistreham, face à une des plages du débarquement connue sous le nom de « Sword », on emprunte la véloroute française « La Vélo Francette® » pour revenir à notre point de départ et rendre nos bicyclettes électriques. Roulez jeunesse ! Vélos déposés, on se dirige vers la gare pour rejoindre notre prochaine destination. Ciao chef-lieu du Calvados ! À Caen la prochaine ?
« Bayeux. Ici Bayeux ». À peine sortis du train, deux nouveaux destriers nous attendent sagement, après avoir été gentiment déposés par LocVelo.
Nos montures électriques en ont sous la selle et nous permettent de foncer vers le centre ville. On y découvre alors une majestueuse cathédrale qui s’érige face à nous et nous ouvre la voie vers des rues pavées, dont on tombe sous le charme.
C’est au-dessus de la rivière de l’Aure, au restaurant Le Volet qui penche, que l’on fait étape pour dîner. Un cadre bucolique qui vaut son pesant d’Aure…
Fin de la première journée à vélo au camping des bords de l’Aure, où l’on regagne notre cyclo’tente pour la nuit. Comme nous, vous ne connaissiez jusqu’ici peut-être pas le principe… C’est simple, basique, comme une toile PVC tendue sur une structure en bois. A l’intérieur, 2 lits simples pour les humains et à l’extérieur, un abri pour les 2 vélos. Extinction des feux pour les uns et les autres !
J2 : De Bayeux à Port-en-Bessin
Ce matin, la crème solaire est rangée au fond du sac et troquée contre un imperméable. Quoi de mieux pour bien se réveiller qu’une petite averse normande ? Eh bien, un petit-déjeuner chez Bisette par exemple. Ce café-cantine de Bayeux nous régale avec un petit-déjeuner salé et un café de spécialité (bio s’il vous plaît !). Même s’il est difficile de quitter ce lieu chaleureux, on se retrousse les Manche(s) pour la suite du programme (carrément adaptée à la météo) : visite du musée du Débarquement à Arromanches-les-Bains.
Sur la plage et face aux vestiges du Port artificiel construit lors du Débarquement, on entre dans un bâtiment moderne à l’intérieur duquel on fait pourtant un bon en arrière dans le temps. Equipés d’audioguides, la visite immersive nous plonge en juin 1944 pour retracer l’histoire du Débarquement, de sa préparation jusqu’à son aboutissement.
Au cours des 7 séquences qui constituent la visite, on alterne entre objets authentiques, témoignages poignants et dispositifs interactifs. Psst ! Pour les kids, le parcours est raconté par un petit garçon qui explique avec des mots d’enfants comment était la vie pendant l’occupation et jusqu’à la libération.
En route sur la Vélomaritime, on fait un stop à Longues-sur-Mer pour découvrir la batterie de défense côtière. Planqués dans les herbes hautes entre Omaha et Gold Beach, les canons de marine en imposent malgré leurs 80 ans d’âge. Et ce n’est pas Capybara Gourmand (qui s’est incrusté dans un groupe d’élèves de CM2) qui dira le contraire !
Tels des maillots jaunes sur leurs bolides, on enregistre une pointe à 44 km/h dans la descente qui nous mène à notre ligne d’arrivée : Port-en-Bessin. Juste le temps de prendre quelques photos du premier port de pêche artisanal de Normandie et on file se mettre au sec au Grand Hôtel de la Marine. Dîner au restaurant de l’hôtel, face au port et au soleil qui se couche (nous nargue ?) avant une bonne nuit bienfaisante.
J3 : de Port-en-Bessin à Bayeux
Réveil cinq étoiles : bruit des vagues, chant des mouettes et rayon de soleil qui s’invite dans la chambre. On dirait le Sud ? Perdu, c’est la Manche, et franchement elle se défend pas mal. Pour ce dernier jour dans le Calvados, on lève l’ancre et on enfourche nos vélos direction la Vélomaritime. Objectif : prendre un peu de hauteur sur Port-en-Bessin, et un bon bol d’air salé dans la foulée.
À peine quelques kilomètres depuis le départ et là, en bas d’une falaise, façon carte postale inattendue, une plage. Freinage d’urgence. Regard de connivence entre Capybara Gourmand et Coccinelle Réjouissante… Cap sur cette petite crique ! On quitte la Vélomaritime pour jouer les explorateurs à Sainte-Honorine-des-Pertes. Au bout du chemin, la mer, personne à l’horizon et une mini-cascade qui murmure à l’oreille de la falaise.
Après ce petit détour, on met les voiles vers Colleville-sur-Mer pour visiter le cimetière américain. Il est de ces lieux où le silence parle. Perché sur la falaise qui surplombe Omaha Beach, le cimetière abrite 9387 croix blanches et étoiles de David, alignées comme une mer de marbre, toutes tournées vers l’ouest, vers la maison. Pas de distinctions de grades ici : généraux ou simples soldats, tous reposent côte à côte, égaux dans le sacrifice. Le mur des disparus porte les noms de 1557 soldats dont les corps n’ont jamais été retrouvés. Un lieu de mémoire, certes, mais aussi un endroit où l’on prend le temps de se souvenir et de réfléchir.
On foule maintenant le sable d’Omaha Beach, où se dresse depuis 2004 la sculpture des Braves symbole de la fraternité de l’espoir et de la liberté. Comme on dit en patois, le temps s’abernaudit (en gros, mets ton imper)… Est-ce le ciel normand qui pleure déjà notre départ ? On a envie de croire que oui. Car c’est bien vers la gare de Bayeux que
l’on pédale maintenant…
Mais avant notre retour à la maison, on fait un crochet chez Bisette pour le ravito et Au comptoir des saveurs pour ramener quelques souvenirs. Bye Bayeux !
