Il y a des aventures qui naissent sur un coup de tête et d’autres qui prennent racine dans un besoin beaucoup plus profond : celui de ralentir, de créer et surtout, de se laisser porter ensemble. Tutto Blu, c’est un peu tout ça à la fois. Un projet flottant à mi-chemin entre le radeau de la Méduse et l’utopie collective. Du 1er au 11 août, Tutto Blu propose de construire son propre radeau pour prendre le large à plusieurs, le temps d’une dérive douce sur les rives du lac de Grandval dans le Cantal. Pas d’impératif. Juste les courants et l’envie d’être ensemble. Allez, on embarque !

Une aventure low‑tech et radicalement collaborative

Lorsqu’il lance ce projet associatif en 2023, l’artiste Adrien Spaccarotella a la vision d’un laboratoire d’utopie en plein air. Concepteur d’expérimentations sociales dans l’espace public parisien via son mouvement Protodrift, il questionne notre rapport à la ville et comment y faire société de manière plus poétique et ludique. Intéressé par les concepts de mobilité, d’auto-construction et d’auto-plannification, il les transpose ici, grandeur nature. Ce radeau‑village est donc une expérimentation urbaine flottante, un prototype d’habitat collectif, horizontal, rebelle : on y dessine une autre manière d’habiter et de vivre ensemble.

Inspiré par une culture de la récupération et du Leave No Trace, le projet devient rapidement une plateforme de liberté. Le concept est simple. Chaque participant arrive avec ce qu’il est : architecte amateur, bricoleur inspiré, curieux rêvant d’une odyssée artisanale ou en simple manque de grand air. On croise des passionnés de low-tech, des recycleurs invétérés, des architectes créatifs ou des novices prêts à tout apprendre. Sur le site, on peut rejoindre un équipage existant ou lancer sa propre construction. Chaque équipage construit lui-même l’embarcation sur laquelle il naviguera et pourra en toute liberté contribuer créativement à la vie du village.

Les chantiers sont ouverts à tous, répartis dans différents lieux et animés par des passionnés. Tout commence par une idée, un croquis ou une envie. Avec une bonne dose d’entraide, on assemble, on scie, on frappe et on débat. On insuffle une âme au radeau pour faire émerger une énergie collective. Puis une fois la dérive terminée, tous les radeaux sont démontés : le bois est soit stocké, soit réutilisé. L’an passé, les matériaux ont été réutilisés par des jeunes du coin qui en ont fait un skate‑park. Et pour éviter tout écart environnemental, le projet est mené en collaboration avec la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

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Construire un radeau, c’est construire un groupe

Construire un radeau, ce n’est pas juste une histoire de technique. C’est une manière de réapprendre à faire ensemble. Les embarcations sont pensées pour être simples mais robustes et vivables. On vise la flottabilité avant l’élégance, l’autonomie avant le confort.

Une fois la « coque » prête, on hisse une voile de fortune, on attache les bidons, on charge un peu d’eau, quelques réserves, un couteau bien aiguisé, une VHF, une balise de détresse… et en route. Le lac devient terrain d’expérimentation. On navigue à vue, sans objectif de vitesse ni de performance.

Chaque équipage est libre de naviguer à sa guise sur le lac et d’y mener les activités de son choix. Les radeaux proposent des activités de toutes sortes (concerts, poésies, jeux, performances, ateliers créatifs, ateliers bien-être, festivités, gastronomie, observation de la nature, etc.). Il y a même une radio, Fun Rado, qui diffuse une vraie émission en direct tous les jours depuis le lac.

Il existe aussi des traditions dans la communauté comme par exemple le Dîner presque par terre du deuxième soir qui est l’occasion pour chaque radeau de préparer un menu, voire une expérience, à destination d’autres habitants qui se déplacent de radeau en radeau découvrir ces surprises au cours de la soirée.

L’art de la dérive

La dérive, dans Tutto Blu, n’est pas une contrainte. C’est une philosophie et un éloge de la lenteur. On vit à bord comme on vit en refuge : on partage, on veille, on prend soin les uns des autres. On accoste quand on veut peut et on documente l’aventure avec les moyens du bord. Chaque embarcation devient un microcosme flottant, un lieu de vie à part entière. Il n’y a pas de spectateur : tout le monde met la main à la pâte, à la rame, à la popote. On rit et on se tait pour mieux écouter et vivre. Et puis on repart.

Mais attention, basé sur un principe d’organisation décentralisée, Tutto Blu est entièrement conçu par ses participants eux-mêmes. Comme dans un village, chaque habitant est responsable de son expérience et de sa sécurité. Chaque embarcation doit obéir à des consignes qui permettent de gérer les risques avec vigilance et précaution. Une équipe de secours constituée de participants bénévoles dont des médecins et de maîtres nageurs sont disponibles si besoin.

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Comment embarquer à bord ?

Comme plus d’une centaine de personnes l’an dernier, vous souhaitez embarquer dans l’aventure ? Rendez-vous sur ce formulaire pour signaler votre envie de participer, proposer un radeau ou rejoindre un équipage. Il suffit d’avoir un peu de temps, beaucoup d’envie, notamment de vivre plusieurs jours au milieu de l’eau. Une participation financière est demandée pour couvrir les frais de matériel, de sécurité, de logistique. Comptez entre 250€ et 500€ par personne au total pour ce grand voyage. Mais l’essentiel est ailleurs : dans ce que vous apportez à l’équipage et ce que l’aventure vous apportera en route.

Tutto Blu, c’est l’éloge de la lenteur dans une aventure collaborative et responsable. Ensemble, construire son radeau, dériver et partager une expérience unique… Alors si vous rêvez d’une expérience pas comme les autres, ce projet un peu fou est fait pour vous  ! On se voit là-bas ?