On nous a donc menti ! Le plat pays est tout… sauf plat. Des bosses, des creux, des vallées romantiques et quelques côtes qui piquent : avec cet itinéraire de trois jours, qui sillonne la campagne wallonne, nos cyclo-explorateurs en ont pris plein les mirettes, mais aussi plein les gambettes. Récit de cette micro-aventure à vélo par Bison Sioux et Yack Sensible.
Ce topo en un coup d'oeil
Gare la plus proche : Gare de Namur
- Des vélos et des bagages (ou alors possibilité de louer des vélos à Pro vélo Namur)Le parcours emprunte principalement des routes asphaltées, mais il y a quelques passages sur sentiers. Un vélo type VTC ou Gravel est recommandé.
- Des bidons d’eau
- De la crème solaire et des lunettes de soleil
- Quelques habits confortables, mais pas trop pour pédaler léger !
Jour 1 : Par monts et par vaux sur un air de saxo
Vite, vite, enlever ces coupe-vent ! On a à peine posé une roue sur le quai, en gare de Namur, que le soleil darde nos rayons de vélo, de ses rayons à lui. D’ailleurs, en parlant mécanique, organisés comme on est, on a évidemment oublié de graisser nos chaînes. Direction Pro vélo, dans le bâtiment de la gare pour quémander quelques gouttes d’huile. Le personnel nous accueille, grands sourires aux lèvres et burette à la main… Quel service ! (Pour les plus étourdis, Pro vélo loue aussi des vélos).
Allez, tout est prêt, en selle pour une nouvelle micro-aventure ! On quitte la ville par la toute nouvelle et jolie passerelle de « L’Enjambée », qui comme son nom l’indique, enjambe la Meuse tout en délicatesse sur 100m et relie Namur… à Jambe ! Ça ne s’invente pas, c’est donc à Jambe qu’on fait chauffer nos gambettes, tout en douceur, sur la piste cyclable qui longe le fleuve. Ici, les pistes cyclables s’appellent des RAVeL (Réseau Autonome des Voies Lentes), un clin d’œil au beau vélo de Ravel… oups pardon, au Boléro de Ravel !
Nos montures nous offrent un petit voyage dans le temps, direction la Belle Epoque ! On admire les villas mosanes, ces maisons bourgeoises disséminées le long de la Meuse, caractéristiques de l’architecture de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, dans la région. Des colombages, des tourelles et pas mal de fioritures, pour en jeter plein la vue. On lève la tête vers les falaises qui bordent notre chemin et tombent à pic dans l’eau émeraude du fleuve. Sous le soleil, le tout a un petit air de Monténégro.
Crrrrrrrrii !! On freine en chœur devant les Vergers de la Molignée, à Anhée. À deux pas de leurs champs, et au bord de la piste cyclable, les agriculteurs ont installé des distributeurs automatiques pour vendre leurs produits, bios et bien frais. On craque sur des radis qui croquent, de belles tomates, un concombre et un fromage de caractère. On range le tout dans nos sacoches en vue d’un pique-nique qui s’annonce gargantuesque. On en profite aussi pour siroter un kéfir bien frappé et faire redescendre notre température corporelle.
Toujours bien tranquilles sur notre piste cyclable, on longe une ancienne voie de chemin de fer. Surprise ! Alors qu’on s’attendait presque à voir débouler une vieille locomotive à vapeur, c’est un peloton de « draisines » qui fonce sur nous dans un joyeux raffut métallique. Ces vélos-rails offrent un point de vue différent sur la région et proposent même des pauses sur leur parcours pour faire quelques visites.
Après… ça se corse. Il va falloir commencer à grimper et ça tombe bien, on aime ça ! On s’élance en danseuse (la grâce en moins), sur la petite côte qui nous mène tout droit à l’abbaye de Maredsous. Ce monastère bénédictin a été construit à la fin du XIXe siècle. En Belgique, le nom de Maredsous est surtout associé à la bière et aux fromages éponymes. Si certains fromages sont en effet affinés sur place (mais fabriqués dans la Meuse, en France), la bière est aujourd’hui brassée par l’entreprise Duvel, dans le nord du pays.
Il est possible de visiter l’intérieur de l’abbaye, mais uniquement les week-ends. A défaut, on s’installe confortablement à l’ombre des arbres, sous la protection des hauts murs en pierres pour savourer notre pique-nique. Pour rehausser le tout, on s’offre même, sagement, une bière sans alcool.
L’après-midi se poursuit, bucolique, par monts et par vaux, dans la jolie campagne walonne. On traverse des champs de blés dorés qui ondoient au vent et on s’extasie devant les belles maisons en pierres du pays. Dans le village de Falaën, on admire un château-ferme du XVIIe siècle, une grande bâtisse fortifiée, flanquée de quatre tours d’angle.
Cap ensuite sur Dinant, la photogénique ! Ses maisons colorées, construites à flanc de falaise, en bord de Meuse, et sa citadelle perchée ne manquent pas de charmes. Dinant, c’est aussi la cité natale d’Adolphe Sax, l’inventeur du… saxophone, d’où ces saxos artistiques et colorés qui ornent les rues.
On savoure une glace sur les quais et on admire encore quelques instants la ville. Mais on doit bien l’avouer : le flot continu de voitures en plein centre-ville et les décibels qui les accompagnent nous gâchent sensiblement le plaisir. On reprend rapidement la route pour retrouver un peu de quiétude.
Allez du nerf ! Dernière côte et derniers coups de pédales avant d’arriver à notre destination du jour. On dépose les vélos au gîte et comme il nous reste un peu de temps, on file à pied vers les aiguilles de Chaleux. Cette petite balade d’un kilomètre et demi nous offre un point de vue magistral sur la Lesse. On décide de perdre encore un peu d’altitude pour savourer un plongeon rapide dans la rivière, bien mérité après une belle mais dure journée !
Quel bonheur de faire la connaissance de Mélanie, Rodolphe et leur petit Niels ! Ils nous accueillent tout en douceur dans leur gîte « Au gré des vents », à Furfooz. Ils ont acheté ce corps de ferme il y a quelques années et se sont donnés un mal fou pour le retaper avec goût. On mange dans le jardin un repas fait maison, plein de légumes et de fruits locaux, parfait pour requinquer des cyclistes fatigués.
On termine la journée en beauté par une promenade digestive dans le magnifique village de Furfooz, ses jardins soignés et ses façades harmonieuses. On se croirait en vacances… très, très loin !
Jour 2 : Une vie de châtelains
La journée commence à merveille avec un petit déjeuner royal, servi dans le second jardin (on a bien dit : royal). Presque tout est fait maison, du yaourt au pain au chocolat et le décor -des prés à perte de vue- nous laisse sans voix. Tout bien réfléchi, on se dit qu’on passerait bien la semaine ici. Mais comme il faut bien repartir, on avale notre café, et on se met en route pour une nouvelle journée, elle aussi un peu corsée.
Mais d’abord un peu de culture : on fait un crochet par le château de Vêves. Avec ses tours rondes aux toits pointus, il a une silhouette un peu féérique. A l’intérieur, on admire la salle d’armes et son sol pavé, restauré pour lui redonner son aspect du XVe siècle. Les pièces : salons, salle à manger et chambres à coucher sont décorées avec du mobilier du XVIIIe siècle. On flâne dans les étages, on jette un œil par le trou des latrines, et notre regard dégringole une dizaine de mètres plus bas.
On se surprend à rêver d’une vie de château, et on avoue qu’on ne serait pas contre une petite sieste dans le lit à baldaquins de la maîtresse des lieux ! Retour en selle pour quelques kilomètres bien vallonnées sur des petites routes aux paysages agricoles. Courte pause à Ciney où on s’offre un rafraichissement bien nécessaire, sur l’une des terrasses de la place du village.
Direction ensuite le RAVeL L126, qui longe la rivière du Bocq. On apprécie le retour du plat et les arbres qui nous offrent un peu d’ombre. On dévie légèrement de notre route pour emprunter un sentier qui nous rapproche de la rivière. Un hamac géant nous attend au bord de l’eau, l’une des œuvres des sentiers d’art de la région. Idéal pour la petite sieste tant espérée.
On poursuit notre route, entre champs et bois jusqu’à la ville de Marche-en-Famenne, pour découvrir notre hôtel. Le Quartier latin a pris ses quartiers dans les bâtiments d’un ancien Collège Jésuite, du XVIIe siècle. Il a été transformé en hôtel de standing à la fin des années 80. Aujourd’hui on s’enfonce à chaque pas dans une moquette moelleuse.
On a tout juste le temps de poser nos vélos dans le local sécurisé et de se débarbouiller vite fait, bien fait. C’est qu’on nous attend pour un massage à la pierre chaude… rien que ça !
On file fissa au spa de l’hôtel où nos deux masseuses aux mains expertes nous enduisent d’huile et détendent nos muscles mis à rude épreuve. C’est tellement bien qu’on manque de s’endormir sur la table de massage. Nous voilà fin prêt pour déguster notre repas dans le jardin de l’hôtel avant de s’écrouler dans notre lit XXL pour une nuit de sommeil bien réparatrice.
Jour 3 : Retour aux sources
On démarre cette nouvelle journée ensoleillée par une balade dans le joli petit centre historique de la ville. On se précipite sur le cerisier du jardin des Carmes qui est rouge à souhait, on flâne dans le jardin du Famenne & Art Museum et on explore quelques ruelles ombragées.
Après cette promenade matinale, on retrouve nos montures, pour s’élancer une nouvelle fois sur des petites routes sympathiques et peu fréquentées. Après quelques montées le matin, on profite d’une descente le nez au vent, qui nous fait plonger sur la petite ville de Rochefort. Un peu plus loin, un chemin asphalté nous conduit sur un sentier dans les bois. On cadenasse nos vélos et on descend à pied quelques volées d’escaliers.
Ce qu’on découvre là en dessous est un ravissement pour les yeux. Le sentier, le long de la Lomme nous emmène devant une exsurgence de la rivière. Après un long voyage sous terrain, l’eau turquoise se jette dans la Lomme en prenant bien soin de transiter par une belle cavité rocheuse, pour notre plus grand plaisir. L’eau est glaciale mais on y trempe tout de même nos jambes et on profite de la fraîcheur de l’endroit pour pique-niquer et passer les heures les plus chaudes de la journée.
Après les chaleurs de ces derniers jours, le ciel s’obscurcit et tourne à l’orage. On court vers nos vélos et arrivés dans le village de Lessive, on met les bouchées doubles pour passer entre les gouttes et éviter de se faire rincer. À Villers-sur-Lesse, on admire le château perché et les maisonnettes soignées.
Notre route nous ramène ensuite sur le très bucolique RAVeL 150B (du nom de la ligne de train qui passait par là autrefois), qui longe la Lesse. Sur Komoot, certains utilisateurs le présente comme « la plus belle piste cyclable de Wallonie » et on se dit qu’ils ne sont sans doute pas très loin de la réalité. On savoure le retour d’un peu de fraîcheur et on profite d’autant plus des derniers kilomètres de notre micro-aventure.
C’est à Beauraing que s’achève notre parenthèse enchantée de trois jours. Pour une fin en douceur, on s’offre une dernière glace, délicieuse, à « La malle aux délices ». En quelques coups de pédales nous voilà sur le quai de la gare, direction la maison, jusqu’à notre prochaine micro-aventure.