C’est bête : elles habitent juste à côté mais elles ne faisaient qu’y passer. Avant cette micro-aventure, ni Bison sioux, ni Mésange diplomate n’avaient pensé à s’attarder à Louvain, à l’explorer de fond en comble. Et pourtant, cette ville flamande, à 20 minutes de train à peine de Bruxelles, garantit au visiteur dépaysement et bonnes surprises. Louvain, c’est un mélange d’histoire, d’art et de créativité, de cafés branchés ou décalés, une petite ville en mouvement permanent. Nos micro-voyageuses s’en sont donné à cœur joie !
Infos pratiques
- Durée : 3 jours – 2 nuits
- Saison idéale : toute l’année. L’été pour profiter des terrasses et pour un tour de vélo en dehors de la ville. L’hiver pour les sorties culturelles et les cafés cozy.
- Niveau : tranquille mais peut se révéler éprouvant pour l’estomac si vous décidez de tester tous les bons restos que vous croiserez !
- Réalisé par : Bison sioux et Mésange diplomate
Jour par jour
Jour 1 : Plongeon dans une histoire mouvementée
Premier défi de cette micro-aventure : ne pas se tromper de train ! Louvain ? Leuven ? Louvain-la-Neuve ? Allez, on vous l’accorde, en Belgique on n’aime pas ce qui est trop simple et il y a de quoi s’y perdre. C’est donc bien le train pour « Leuven », ou « Louvain », sa traduction française, que vous devrez prendre. À ne pas confondre, avec sa petite sœur « Louvain-la-Neuve », une ville sortie de terre dans les années 1970, qui se trouve elle, du côté francophone du pays.
Mais revenons-en à notre micro-aventure flamande ! Au saut du train, la ville nous accueille sous un léger crachin. Il fait plutôt gris et un peu frais (froid ?) pour un joli mois de mai. Mais il en faut plus pour entamer notre motivation !
On plonge directement dans le vif du sujet et on file vers le centre historique pour s’abriter dans l’église Saint-Pierre. Une église du XVe siècle à la silhouette un peu étonnante : ses tours n’ont jamais été terminées, la faute à un sol trop instable. L’intérieur est épuré, d’une blancheur étincelante.
On enfile un casque de réalité mixte et nous voilà équipées pour remonter le temps. Notre guide virtuel nous raconte l’histoire des lieux en envoyant des hologrammes sur nos lunettes. Ils viennent se surimprimer à la réalité, pile devant nos rétines. Flippant ? Un peu oui, mais on se prend vite au jeu, d’autant que le propos est passionnant. Si vous n’avez pas envie de ressembler à un Daft Punk en sortie au confessionnal, l’église propose aussi, plus sobrement, une visite guidée avec tablette.
On passe de tableau en tableau et on admire les œuvres des Primitifs flamands comme le tableau du Martyre de Saint-Erasme par Dieric Bouts. Le coup de pinceau est précis, les visages saisissants de réalisme et les couleurs chatoyantes. Attention âmes sensibles, ces tableaux n’ont rien à envier aux pires scènes de tortures des films Saw. Têtes tranchées, pieds ébouillantés, intestins arrachés : les peintres du Moyen Âge rivalisent d’imagination et de sadisme pour nous donner la chair de poule.
Toutes ces émotions ça creuse ! Alors on se dirige vers le restaurant. Mais en sortant de la cathédrale, on s’attarde pour admirer l’hôtel de ville du XVe siècle juste en face de nous. Il fait la fierté des Louvanistes et on comprend pourquoi ! Avec des façades ornées de 236 statues (mais ajoutées plus tard), c’est un véritable chef d’œuvre, tout en finesse et en détails.
On s’attable chez Optimist. Un intérieur cozy, mélange de bois, de briques et de peintures murales. On s’y sent tout de suite bien, le spot parfait pour regarder la pluie tomber à travers la baie vitrée. Ici on mange des bagels ou alors des plats inspirés de la cuisine du monde. On peut commander des grandes assiettes pour soi tout seul, ou des petites portions à mixer et à partager. Une explosion de saveurs avec un large choix végé. Bouquet final : un cheesecake framboise spéculos ! On y chillerait bien tout l’après-midi, mais la ville nous appelle !
Direction la bibliothèque universitaire, un bâtiment emblématique de la ville à l’histoire tourmentée. En 1914, les troupes allemandes y mettent le feu. Des centaines de milliers de livres partent en fumée et le bâtiment est presque entièrement détruit. Les dons affluent de partout et surtout des Etats-Unis, pour faire renaître la bibliothèque de ses cendres. En une quinzaine d’années, elle est reconstruite et devient un symbole, un véritable mémorial de guerre. Mais quelques années plus tard, le monde plonge dans la noirceur de la seconde guerre mondiale. En 1940, la bibliothèque est à nouveau détruite… puis reconstruite !
On entre à pas de loups et en osant à peine chuchoter dans la grande salle de lecture. Dans un calme très studieux, les étudiants préparent leurs examens. On observe les boiseries, les étagères bien garnies et on se dit qu’on aurait adoré être étudiantes ici.
On grimpe ensuite quatre à quatre les escaliers en colimaçon qui montent (presque) tout en haut. D’un regard, on embrasse toute la ville et son mélange de style : du gothique au franchement moderne en passant par le néogothique. On aperçoit aussi au loin la brasserie Stella Artois, bière mondialement connue et brassée à Louvain depuis 1926. On a de la chance, le soleil est à nouveau de la partie et c’est plein d’entrain qu’on prend la direction du jardin botanique de la ville.
Dans le parc, on a rendez-vous avec le printemps, sa palette de couleurs vives et de bonnes odeurs. On prend le temps d’explorer les allées du plus ancien jardin botanique de Belgique. Un local en balade nous présente fièrement le jardin de cactus. Il s’extasie devant le soleil qui perce la verrière et caresse les feuilles des bananiers. Une femme se laisse trainer par son chat, au bout d’une laisse. Deux adolescents s’embrassent sur un banc. Décidément, il fait bon flâner par ici.
En Flandre, on mange généralement très tôt ! On adopte donc les coutumes locales et à 18h30 tapantes, nous voilà attablées chez Baracca, dans l’hypercentre de la ville, resto italien, très branché et un assez chic. Les mets y sont subtils. La cuisine est en partie ouverte et on observe les chefs s’affairer pour nous préparer un délicieux risotto aux asperges. On ne peut qu’être d’accord avec la carte des vins…
Épuisées par cette journée bien chargée, on s’affale dans notre lit moelleux au M-Street Art Lodging. La propriétaire a pris soin de faire décorer chacune des chambres par un artiste local. Pour la nôtre, la Street art, c’est l’artiste Bisser, reconnu pour ses œuvres murales dans la ville, qui a mis la main au pinceau.
Jour 2 : De la culture et un bain de nature
Pour attaquer cette journée-là, il va nous falloir des forces ! C’est au café Madmum qu’on va faire le plein d’énergie. L’enseigne est née en 2018, à Leuven et il y en a déjà 5 dans la ville. La vitrine du comptoir ploie sous le poids des gâteaux tous plus alléchants les uns que les autres.
Pour son 600e anniversaire, l’Université de Leuven a créé un parcours d’art contemporain dans la ville, baptisé « And So, Changes Comes in Waves ». Le thème : le lien entre art et sciences. L’Université a disséminé 8 œuvres d’art contemporain et 8 poèmes (en flamand) dans la ville. C’est un bon prétexte pour découvrir Leuven autrement, il suffit de suivre la carte !
Compte tenu des excès de ces 24 dernières heures, on décide de faire le parcours en mode footing en prenant bien sûr le temps de s’arrête devant chaque œuvre. On a surtout bien aimé le « Labyrinthe » de Gijs Van Vaerenbergh, une structure d’acier sur laquelle commencent à s’agripper des plantes grimpantes. On reviendra dans un an ou deux pour voir si elles ont pu se frayer un chemin vers le ciel !
Après cette course effrénée, on se rend au café cycliste Soigneur. En grandes fan de vélo que nous sommes, on a des étoiles dans les yeux, avant même de pousser la porte. C’est intimiste et lumineux. Au mur, deux vélos vintages accueillent le visiteur. La carte propose de la petite restauration : croque-monsieur, sandwichs, soupe, avec quelques options végé. Parfait pour une pause rapide.
Tous ces vélos, ça nous a donné une petite idée ! Et si on explorait les alentours de la ville ? On loue donc deux vélos au Fietspunt, dans le bâtiment de la gare. Pour se repérer, c’est tout simple : l’office du tourisme fournit des itinéraires tout prêt. Il suffit de suivre une série de numéros, repris sur des panneaux le long de la route, les « points nœuds ». On se lance sur la « Meerdaal Route », une boucle d’une trentaine de kilomètres qui sort très vite de la ville pour s’évader à travers champs et dans les bois. On se sent un peu comme un local. Ici, tout le monde se déplace à vélo, d’ailleurs dans les rues il y a des vélos un peu partout… à peine cadenassés !
On fait une halte à l’« Abbaye de Parc » (non, non il n’y a pas de faute !), entourée d’étangs, de prés et de vaches qui paissent tranquillement. On est subjuguées par le plafond du réfectoire et de la bibliothèque, des œuvres monumentales du 17e siècle. D’immenses scènes en stuc et en trois dimensions se détachent des plafonds. Jésus et ses apôtres prennent un dernier repas, presque à la verticale et la tête en bas. Dans la magnifique bibliothèque, à l’étage, on peut même s’allonger sur des divans pour admirer le spectacle sans se faire de torticolis. C’est impressionnant, unique et tellement difficile à décrire qu’on ne peut que vous recommander, comme Saint-Thomas, d’aller voir pour y croire.
De retour en ville, on clôture ce marathon de découvertes par un apéro à l’« Oude Markt », le vieux marché. Autour de cette magnifique place rectangulaire et pavée, des maisons traditionnelles flamandes. Chaque façade est unique, mais toutes dialoguent avec harmonie. La place est surtout célèbre pour la concentration exceptionnelle de bars qui y sont installés. Il y en a une trentaine en tout et l’endroit est évidemment très prisé des étudiants !
Ce soir on sort… de la ville ! Pas très loin, on part juste à la découverte du Vaartkom, un quartier en plein développement à la lisière du centre-ville. Dans cet ancien quartier industriel, on produisait autrefois de la bière et des cigares. Aujourd’hui le quartier se réinvente. Les anciennes friches abritent des bureaux, des restaurants et des logements. On est samedi soir et un peu partout aux pieds des immeubles, c’est ambiance fête des voisins. On adore l’atmosphère.
Et on a de la chance, ce soir on mange chez De Hoorn, un restaurant installé dans l’ancienne brasserie Stella Artois. L’intérieur est entièrement refait, dans un style industriel : du béton brut, un espace ouvert avec de belles perspectives. Mais surprise : on peut encore voir les anciennes cuves en cuivre ! La carte offre un choix de type brasserie moderne avec des options végé.
Jour 3 : Féminisme du Moyen Âge et lieux alternatifs
Ça n’est plus une pile, plus une montagne, c’est l’Everest en pancakes ! Pour le petit déjeuner, on se fait chouchouter chez Leo Pancakes. C’est délicieux, avec un choix varié pour le topping. En tout cas, on ressort de là bien calées !
On attendait cette visite avec impatience : celle du grand béguinage de Leuven. Un magnifique ensemble de maisons et de maisonnettes du 17e siècle, où habitaient autrefois les béguines. Ces femmes, qui n’étaient pas des religieuses, vivaient en communauté et étaient aidées financièrement par des dames plus riches. Elles étaient célibataires ou veuves et passaient leurs journées à travailler et prier.
Dani, notre super guide qui ne tarit pas d’anecdotes sur la vie de béguines, nous raconte que selon elle, les béguines étaient des féministes du Moyen-âge. Pour ces femmes célibataires, cette vie en communauté était alors la seule façon de vivre sans la tutelle d’un mari ou d’un couvent. D’ailleurs, la Ville ne les voyait pas forcément d’un bon œil et prenait des mesures pour contenir leur expansion. Vu comme ça…
Aujourd’hui les bâtiments ont gagné en confort moderne mais n’ont rien perdu de leur cachet. Ils appartiennent à l’Université de Leuven, qui y loge des étudiants chanceux et son personnel de passage.
On avoue qu’après les crêpes du matin, on n’était pas franchement affamées, mais on a tout de même voulu goûter la cuisine du restaurant à brunch Eclèktic. Intérieur design et ambiance sympathique. Le café est bien rempli ce dimanche matin ! On opte pour des tartines raffinées et un thé brulant, puisque la pluie a décidé de faire son grand retour !
Dans l’après-midi on remet le cap sur l’est de la ville et on se laisse tenter par une bière à la microbrasserie De coureur. Encore un lieu qui a choisi l’univers du cyclisme pour thème, pour notre plus grande joie ! On tombe tout de suite sous le charme. C’est tout simple, alternatif et sans prise de tête. La bière est bonne, les tables sont grandes, à partager avec des inconnu.e.s. On peut emmener son repas tiré du sac si on a envie ou offrir une « bière suspendue » à quelqu’un qu’on ne connaît pas.
On fait une dernière halte au Hal 5, juste derrière la gare et on ne le regrette pas ! Les habitants du quartier se sont réapproprié ce hangar ferroviaire désaffecté. Là non plus, pas de chichi, mais c’est coloré et grouillant de vie. On tombe un jour de marché aux puces. Dans l’espace d’à côté des ados font des pompes au rythme de Barbie girl, dans une salle de gym visiblement conçue grâce au système D. Il y a aussi un bar, une pizzeria avec un vrai four à bois, des produits de la ferme, une épicerie sociale, un jardin communautaire… Le but c’est de mêler les publics et ça a l’air de fonctionner !
Il est grand temps de courir vers la gare pour sauter dans le train, sans se retourner, ne pas regretter, garder les instants qu’on a volés ! Maintenant on sait qu’il y a cette perle tout près de chez nous et c’est sûr, on reviendra !
Accès
La Gare de Louvain (Leuven) est accessible depuis Bruxelles en une vingtaine de minutes.
Pour rejoindre la Belgique, une nouvelle ligne Ouigo relie Paris à Bruxelles, à prix vraiment tout doux !
Idée Budget
- Église Saint-Pierre : entrée gratuite, location d’un casque Hololens à 12€, location d’une tablette 5€
- Restaurant Optimist : compter un budget d’environ 30€ par personne avec repas et boisson
- Visite de la bibliothèque et montée dans la tour : 8€
- Entrée au jardin botanique : gratuite
- Restaurant Baracca : environ 50€ d’euros pour un menu complet, environ 20€ pour un plat à la carte, ajoutez les boissons
- Hotel M-Street art lodging en chambre double : 135€
- Petit déjeuner au café Madmum : une 20€ d’euros pour une option petit déj’ et une boisson chaude
- Café Soigneur : 15€ d’euros pour un repas sur le pouce et une boisson
- Location de vélo au Fietspunt : 10€ la journée pour un vélo musculaire, 27€ pour un vélo électrique
- Restaurant De Hoorn : 25-30€ pour un plat principal
- Leo Pancakes : choix de pancakes pour une dizaine d’euros l’assiette (copieuse !)
- Café à brunch Eclèktic : 15 à 20€ par personne
Ce qu’il faut apporter
- De la crème solaire, des lunettes de soleil et une casquette (dans le meilleur des cas)
- Un imperméable et des vêtements de pluie (dans le pire des cas)
- Des vêtements confortables et respirant pour les journées sur le vélo
- Une gourde
- Des chaussures de marche confortables

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.