Antoine Clément, 25 ans, court (très) longtemps et (très) loin. Ultra-trailer, mordu d’aventure et accro aux défis pas possibles, Antoine n’est pas du genre à tourner en rond dans un stade. L’année dernière, il s’est lancé sur le Pacific Crest Trail, un sentier mythique qui relie le Mexique au Canada, en longeant toute la côte Ouest des États-Unis. Résultat : 4 265 km avalés en 65 jours, à pied… mais en courant. Oui, oui. Courir pendant plus de deux mois à travers déserts, montagnes et forêts, c’est son idée de la liberté. On l’a rencontré entre deux courses, histoire de lui faire raconter cette aventure XXL et de comprendre ce qu’elle lui a apporté, dans les jambes comme dans la tête.
Sommaire
Quelle mouche t’a piqué ?
Après avoir terminé ma carrière en finance, j’étais à la recherche d’un défi et d’une aventure. J’ai toujours rêvé de faire le Pacific Crest Trail, c’était un peu le rêve de toute ma vie. Je l’ai également fait pour une association qui s’appelle « Comme les autres », pour aider les personnes en situation de handicap. L’idée pour moi, ce n’était pas seulement de courir ce sentier, mais aussi de vivre une aventure passionnante et notamment de partir à la rencontre des gens pour changer un peu mon regard sur le monde.
C’était quoi ta préparation ?
Je m’y suis préparé un peu toute ma vie. Depuis l’âge de 18 ans, j’ai fait beaucoup d’expériences, notamment en parcourant la Corse, certains bouts des Pyrénées, dans les Alpes, en faisant beaucoup d’ultra-trail. Je pense que ça m’a forgé physiquement. Mes aventures avant, c’est vrai qu’elles ressemblaient plutôt à des choses axées sur la performance. Mon but, c’était soit de battre des records, soit de finir toujours sur le podium ou dans un Top 5.
Tes meilleurs et pires moments là-bas ?
Pour mes meilleurs moments sur le PCT, il faut savoir qu’il y en a eu énormément. Je dirais les rencontres : des personnes qui, je ne pensais pas, allaient m’apporter autant de choses dans ma vie. Je dirais aussi tous les paysages : le désert, les forêts, les volcans, les grandes montagnes… C’est vrai qu’on en prend plein la tronche tout le sentier ! Et pour finir, je dirais l’aspect sportif : le fait d’avoir vécu une intensité aussi, en termes d’émotions, que ce soit au départ, à l’arrivée…
Pour les pires moments, je dirais que c’était les premiers jours, parce que le corps n’est pas habitué à ce type d’effort, donc il s’habitue à une nouvelle routine c’est très compliqué. Et aussi le manque des proches.
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La morale de l’histoire ?
Ça m’a beaucoup plus ouvert au monde. Ça m’a aussi changé dans ma manière de percevoir la vie et le temps. Prendre le temps dans la vie, d’apprécier les choses simples. J’étais dans la finance et ça m’a totalement chamboulé. Aujourd’hui je suis devenu coach en ultra-trail. J’ai totalement changé ma manière de percevoir la liberté et aussi le monde professionnel.
Aujourd’hui je dirais que le plus important c’est, premièrement de prendre des conseils un peu de tout le monde, de respecter le projet qu’on va faire et de respecter la nature, la montagne. Et deuxièmement : « Hike your own hike ». Ça veut dire : Fais ta propre randonnée. Ne te soucie pas du temps, ni des réseaux sociaux, de ce que vont te dire les autres. Juste, fais ce que toi tu peux faire.
Et parfois, en ne se fixant pas forcément de limites (en termes de kilomètres, de distance ou de possibilités) on se rend vite compte qu’on peut vraiment faire beaucoup plus de choses qu’on ne le pense… juste avec le pouvoir de la tête.
C’est quoi la suite ?
Je pense qu’aujourd’hui, j’ai plus envie de faire des projets qui me font plaisir, où je peux vivre une vraie aventure, une expérience intense. Et puis aussi découvrir mon pays, parce que c’est vrai que j’ai parcouru les États-Unis, mais il y a aussi énormément de choses à faire en France, et on l’oublie très souvent. Franchement, c’est ouf… j’ai déjà envie de repartir !

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