Depuis quand le sud de la France rime avec sorties culturelles, insolites et gourmandises ? Et bien depuis qu’on a déniché le meilleur d’un territoire connu pour son accent chantant et les parasols plantés sur la plage à 6h du mat’ pour profiter des premiers rayons de soleil. Ici, pas de cuissards pros, juste des mollets de bons vivants venus profiter d’une parenthèse pas comme les autres dans le Pays d’Oc.
Infos pratiques
- Durée : 5 jours – 4 nuits
- Saison idéale : hors saison pour être loin des foules et près de la houle
- Niveau : Tranquille, accessible à tout•es, notamment avec des vélos électriques, ça roule (presque) tout seul
- Réalisé par : Sauterelle Sympa et Rossignol Déraillé
Jour par jour
J1 : Arrivée à bon port
Notre train arrive à la bonne heure en gare d’Agde, et je ne parle pas de la ponctualité de la SNCF. C’est pile-poil l’heure du coucher de soleil ! De quoi commencer le séjour en beauté. On pose rapidement nos sacs à l’hôtel Bellevue (qui porte très bien son nom) et file au vieux port pour casser la croûte.
Le chemin piéton qui longe la côte nous permet de rejoindre en 15 minutes le Bout du Quai. Cette cantine de choix, validée par les locaux, nous met directement dans le grand bain avec une dorade dorée et divine. Mention spéciale pour le carpaccio d’ananas en dessert, médaillé palme et tuba d’or par Robin ! La digestion se fera au clair de lune. Un joli tableau qui se reflète sur une mer calme… Comme dirait Nino Ferrer : « on dirait le Suuuuuud ».
J2 : Du Cap d’Agde à Villeneuve-lès-Béziers
Premier réveil sous le soleil, on prend des forces au buffet de l’hôtel et prend la direction le domaine de Belle-Isle. On laisse refroidir les pneus sur le parking à vélos et part découvrir le QG des soirées du 19e d’Agde : le château Laurens.
Emmanuel Laurens est le Gatsby made in Languedoc. Héritier, globe-trotteur et fêtard en roue libre, il fait construire une villa aussi sobre qu’un feu d’artifice. Entre soirées arrosées, chauffage au sol (la classe pour l’époque !) et mobilier exotique, il flambe sa fortune jusqu’à la banqueroute.
De retour sur nos bolides, on prend la direction du Grau d’Agde. Le soleil chauffe comme harissa extra-pimentée en bouche. On se réfugie alors dans la douceur des plats et le sourire des serveurs du restaurant Le Voilis. En basse saison, on échappe à la ruée des touristes. Le calme s’invite au menu du jour aux côtés d’un poisson justement assaisonné et d’une coupe de glace bien méritée.
Ici, on carbure plus au rosé qu’aux records. On prend donc le temps de digérer sur la plage. Après 5 minutes de pédalage extensif, on retrouve Laurie au Belvédère de La Criée pendant que les goélands guettent l’arrivée des bateaux. La règle d’or pour la visite c’est : soyez indiscrets. On passe par toutes les ambiances : la passion des pêcheurs sur leur bateau, la rapidité des chargements sur les palettes et même l’agacement de Robin qui n’arrive pas à reproduire un nœud en 8 sur l’atelier pédagogique pour enfants (il a quand même réussi à la fin).
À 15h, c’est le début de la vente aux enchères de la Criée. On colle le nez à la vitre pour voir ce qu’il s’y vend. Ici, l’ambiance est plus sérieuse. Le crieur – qui travaille en silence – c’est LE boss des boss. En moins de 30 secondes, il observe l’espèce qui défile sur le tapis rouge roulant, analyse la qualité et estime un prix de vente. Puis, les enchères descendantes commencent jusqu’à temps que les acheteurs professionnels cliquent sur leur buzzer tel Questions pour un Champion.
En sortant de la Criée, Robin me fait une queue de poisson pour rejoindre la piste cyclable et hop, nous voilà déjà à quai. Daniel, le passeur de l’Hérault, nous permet de rejoindre l’autre berge. Ce matelot est un vrai local. Non pas qu’il ait un accent chantant (c’est vrai aussi) mais parce qu’il porte un sweat polaire et que Robin et moi avons déjà très chaud en short, t-shirt… Question d’habitude météorologique, j’imagine !
Pas besoin de faire chauffer les mollets, ils prennent déjà le soleil. On se dirige vers le canal du Midi par les voies cyclables et laisse la mer derrière nous. L’arrêt de notre pédalier Aux anges gardiens, symbolise notre arrivée à cette chambre d’hôtes pas comme les autres.
Avant même de découvrir les chambres, déco 15e siècle, on laisse notre curiosité s’asseoir devant la collection de bonsaïs (arrosés à l’eau Cristalline) avec un grand C ! Il est donc là, le secret des bonsaïs qui vivent longtemps ? Nos hôtes sont aussi généreux à table qu’en termes d’anecdotes. On mange comme des rois, on déguste même un somptueux vin Faugères AOC. « Pas du rouge qui tache », comme dit Mary. Je ne sais pas si c’est la déco, le bon repas ou la gentillesse de nos hôtes, mais on se croirait chez Mamie !
J3 : De Villeneuve-lès-Béziers à Béziers
Tempête de ciel bleu ce matin ! Direction Béziers, après avoir partagé nos tartines de confitures faites maison avec les autres occupants du logis. La vitesse crée un courant d’air dans nos gambettes et la douceur du paysage nous accompagne à tous les kilomètres. Silence, ça roule !
La péniche « Le Capharnarhum » annonce une arrivée imminente à la plus profonde des écluses du canal du midi : l’écluse de l’Orb. 9 mètres à grimper pour les bateaux qui veulent rejoindre le pont-canal. Pour nos vélos habitués à un tracé tout plat, ça sera le mode boost. Puis, ce n’est pas 1, ni 2, ni 3, mais 9 écluses qui nous feront poser la béquille. C’est le moment d’admirer un chef-d’œuvre classé monument historique et inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité.
Pendant que les péniches enchaînent les 9 bassins en enfilade, façon escalator haute technologie (21,6 m de D+ en 45 min quand même), on décide de s’asseoir à l’étage du point info pour une séance culture au cinéma immersif.
Récap de notre flash Culture :
- Le canal du Midi, ce n’est pas juste un joli trait bleu sur une carte. C’est le pari un peu fou de Pierre-Paul (pas Jacques) Riquet qui a lancé en 1666 un chantier XXL de 240 km, sans pelleteuse ni playlist Spotify motivante.
- À l’époque, c’était mission commando : 240 écluses, ponts, tunnel, rigoles et zéro pause goûter.
- Couplé avec la Garonne et son canal (mis en service 175 ans plus tard), il forme une voie stratégique de la Méditerranée à l’Atlantique. Une version fluviale anti-pirates et anti-taxes espagnoles qui plaît beaucoup à Louis XIV. Une fierté qui trône encore aujourd’hui sur le plafond de la Galerie des Glaces à Versailles.
- Aujourd’hui, fini la transpi, place aux péniches slow life et aux cyclistes cheveux au vent qui se pavanent sur le canal royal.
La mélodie de l’estomac sonne creux alors, on reprend nos bolides pour rejoindre le centre de Béziers. Mais, notre bidon attendra un peu car l’arrivée par la piste cyclable nous offre mille et un points de vue sur la cathédrale qui domine la ville. Aucune inquiétude pour les angoissés du dénivelé, 3 ascenseurs (PMR et bike-friendly) facilitent la montée à la cathédrale. Note à moi-même pour la visite du clocher panoramique : brushing et chapeaux sont fortement déconseillés. Ça souffle là-haut ! Avec toutes ces belles découvertes, notre estomac nous lance un 2e appel qu’on décide d’honorer aux halles de Béziers.
Mouffette Pétillante (envoyée spéciale de l’office de tourisme) nous rejoint pour partager le repas avec nous, version tapas tour. Sur les étals, ça sent bon l’Espagne, la Grèce et l’Italie, mais aussi et surtout : la bonne humeur communicative des sudistes. On se résigne à prendre un plat de chaque et s’installe avec nos assiettes gourmandes dans l’espace central. Entre burrata qui fond d’amour, fromage Napoléon qui sent la biquette et tielle locale tiédie au four. On se croirait dans un spin-off de Ratatouille version Occitanie.
Avant de repartir, Mouffette Pétillante nous conseille une activité à la fois musicale et hors du temps. On ne sait pas à quoi s’attendre mais, on lui fait confiance. C’est en poussant les portes de la Boîte à Musique que l’on fait connaissance du grand auteur et surtout Noteur (celui qui crée les notes) : Pierre Charial.
Ce maître d’art passionné perfore le carton à musique pour les orgues de barbarie depuis 50 ans avec une tendresse contagieuse. Son savoir-faire est unique, moins de 15 professionnels sont encore en activité en Europe. Pierre a le don de transmettre et la magie du lieu fait le reste. On repart calés sur les pianos pneumatiques, mécaniques et les versions 27 touches.
Après cette parenthèse enchantée, on descend à pied aux ramblas biterroises (Les Allées Paul Riquet) pour errer dans les ruelles ombragées du centre. Puis, direction la case prison, enfin plutôt l’Hôtel la Prison. Contrairement aux vraies cellules, on ne veut surtout pas s’évader de cet hôtel chic et insolite. Entre les cocktails du bistrot panoramique, le petit-déj sucré-salé et les plats qui mériteraient leur remise de peine, on se met les menottes de bonheur.
On est arrivé sceptiques dans cet hôtel un peu barré (mais dans le bon sens du terme) et on repart conquis. Qui aurait cru qu’un ancien lieu de privation totale deviendrait un spot cosy de liberté et d’expressions artistiques ? Pour apaiser votre curiosité, vous pouvez voir la prison avant travaux en regardant le film Omar m’a tuer (ER, ce n’est pas une faute). Il a été tourné avant que les grandes fenêtres remplacent les barreaux et que les coussins moelleux habitent les cellules repeintes et modernisées.
J4 : De Béziers à Colombiers
Après une nuit en EX-prison, on retrouve notre liberté et on se dirige vers Colombiers. Ce n’est pas le Tour de France, c’est le Joli Détour de France. On longe le canal du Midi, on traverse les vignes et nous voilà arrivés au Malpas. Entre les terrains de pétanque et le joli port fluvial, on découvre la cave du château de Colombiers. Mâchoires au sol, yeux écarquillés : la deuxième salle envoie du bois… Des foudres géants (des tonneaux de plus de 36 000 litres) occupent l’espace sous une charpente qui a de quoi faire rougir les cathédrales de France. Autrefois, on y stockait du raisin. Aujourd’hui, c’est du grand art !
Coup de foudre (sans mauvais jeu de mot) pour celui qui n’en est pas un. Au milieu de ces colosses se « cache » un petit tonneau de 50 hectolitres. C’est la réserve de vin qui servait à ajuster le niveau des autres réserves. Quand le vin est bu par le bois, l’air ne doit pas entrer. On ajuste alors le niveau avec cet ajout que l’on appelle joliment « la part des anges ». On vous avait bien dit qu’il y avait plein de choses à découvrir dans le sud !
De nouveau face au vent, un habitué de la région visiblement, on met le cap sur l’office du tourisme La Domitienne. Le moment est venu de faire une visite culturo-rando-gourmande. On descend les escaliers en pierre d’époque… Et Tuuuuuuuuuut, le klaxon d’une péniche annonce l’arrivée d’un gros bateau dans le passage étroit du tunnel de Malpas.
La sonnerie du pique-nique se fait également entendre. C’est le moment de déballer notre panier garni sur la terrasse ensoleillée de l’office. Emma Petite Épicerie (une collègue qui fait les mêmes jeux de mots que nous) nous a concocté un menu aussi généreux que gourmand. On y trouve du fromage frais, de la charcuterie et des légumes de saison à croquer. L’office propose également des pots et bâtonnets du Jardin des glaces, du miel local et des petits biscuits sucrés… Comme le plus dur, c’est de choisir : on a tout pris !
Premier relief croisé jusqu’à maintenant : la colline d’Ensérune. Cette montagne est un vrai gruyère. Le canal, la voie de chemin de fer et le canal d’assèchement de l’étang voisin (de plus de 440 hectares quand même), traversent ce mastodonte minéral. Arrivés au sommet, on découvre un concentré d’Histoire(s) qui vaut bien plus que sa vue panoramique époustouflante. C’est l’heure de la visite de l’oppidum d’Ensérune et de son musée archéologique. Classé au centre des monuments nationaux, s’il vous plaît !
Il paraît que c’est un cavalier, en mode Lucky Luke occitan, qui a déterré les premiers indices d’un passé enfoui en entendant un son creux sous les sabots de son canasson. Depuis 575 av. J.-C., l’Oppidum trône parfaitement sur la route entre l’Espagne et l’Italie. De quoi remplir le musée de milliers de vestiges millénaires.
Il est temps pour nous d’enfourcher nos vélos comme des aventuriers du bouchon perdu pour rejoindre le Domaine de Soustres. Sylvain et Serrena nous accueillent avec la passion du terroir en bandoulière. Supports ludiques, jeux sensoriels, grilles d’arômes et cépages anciens (grenache noir, gris, carignan) : ici, on apprend en s’amusant et on déguste en explorant.
Le soleil a décidé de ne pas nous lâcher la grappe. C’est donc sous les rayons du sud que nous repartons à travers les vignes. Qui dit séjour pas comme les autres dit, rencontres pas comme les autres. Mi-mai, ici c’est la fête de la transhumance. On active nos freins et laisse la priorité aux brebis qui descendent du Malpas, jusqu’à la cave du château – visitée ce matin – pour un transit express.
Tout au long de la soirée, on a le droit à une démonstration de tonte, un concert sous la charpente et un dîner à partager avec les locaux. Si on nous avait dit que notre petite soirée cocooning au gîte de Nino allait se transformer en fiesta conviviale à base de vin blanc, d’agneau et de glaces au lait de brebis : on ne l’aurait pas cru.
De retour à la maison, on prend le temps de papoter avec nos hôtes. Entre les anecdotes familiales, les projets de gîte en chantier et les créations couture de Piq et Floq, on a presque oublié d’aller se coucher.
J5 : Clap de fin, les pieds dans le sable
Last but not least. Le programme version SUD DELUXE de ce dernier jour n’est pas en reste. On grimpe sur nos vélos, repart sans GPS, parce que le canal maintenant, ça nous connaît ! Puis, on se dirige vers la réserve naturelle des Orpellières pour une journée caliente. Pas de culs nuls, pas de réservations de transat à 40€ la demi-heure ou d’empilement de serviettes. Seuls les pêcheurs habillent le paysage.
On se sert de l’excuse du pique-nique de la Potée’Oz qui se réchauffe dans nos sacoches pour activer le mode turbo, et arriver en un clin d’œil à la plage. Robin repère une petite cahute en bois flotté. C’est l’unique spot à l’ombre des 3 km à la ronde. Merci à cet architecte 2.0 qui nous épargne une cuisson express en homards bien rouges.
Aujourd’hui c’est temps calme, on déguste des nouveautés locales : du boudin galabar, un chèvre frais aux herbes de Provence, un tartare de truite fraîche et des zézéttes de Sète ! La digestion se fera les yeux fermés, bercés par le doux bruit des vagues.
Ce n’est pas le tout, mais on a un train à prendre. On récupère nos maillots, nos déchets et nos rêves de vie en tongs à l’année. Les voies cyclables nous mènent jusqu’à la gare de Béziers. On vide nos sacoches mais pas notre mémoire. On monte dans le train avec des souvenirs plein la tête et une travel list made in sud plus longue que le canal du Midi !
Accès
- Gare la plus proche : Gare d’Agde ou de Béziers
Idées budget
- Location de vélo : OK ça roule
- Dîner Au bout Du Quai : à partir de 25 €
- Hôtel Bellevue au Cap d’Agde : à partir de 88€
- Visite du Château Laurens : à partir de 9 €
- Déjeuner au Voilis : à partir de 20 €
- Visite la Criée : 7€ pour les plus de 12 ans ou 15€ avec dégustation et 6€ pour les plus jeunes ou 14€ avec dégustation
- Dîner + nuit aux Anges Gardiens : dîner 25 €/pers., nuitée 63 à 73 € en basse et moyenne saison, 70 à 80 € en haute saison
- Pique-Nique aux Halles de Béziers : 35 €/pers (pain, plats, vin et café compris)
- Dîner + Hotel de La Prison : dîner 36 €/pers (tout compris) + 129 € (chambre pour 2 pers., petit dej inclus)
- Visite l’Oppidum et musée archéologique : 9 €, gratuit pour les moins de 26 ans
- Nuit au Gîte Nino à Colombiers : dès 55 €
Lokki, c’est la plateforme qui fait rimer location avec sensation. Du matos au top, dispo partout en France, pour kiffer sans s’encombrer. Moins de trucs, plus d’aventures : c’est pas ça, la vraie richesse ?

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.