« Y’a pas de mauvaises conditions, juste des mauvais états d’esprit ! » Si on devait résumer notre aventure en une phrase, on aurait pas mieux trouvé. Tout avait pourtant bien commencé : une envie de skier au taquet, une météo annoncée au top, une belle bande de potes, une cargaison de bouffe digne d’un festin et nos skis de rando, tout beaux, tout prêts. Mais, la nature a décidé d’en faire des siennes et de pimenter un peu notre séjour…
C’est parti direction le Beaufortain pour trois jours de ski, de galères et de grand kiff.
Ce topo en un coup d'oeil
- La Léchère, hameau de Nâves
- Matériels de ski de rando
- DVA
- Vêtements chauds
- Sac de couchage
- Plein de course (et de fromage)
Jour 1 : de Naves à la Cabane du Plan Bérard
L’ordi rangé dans le sac à dos, fin de la semaine, début des vraies affaires : cap sur la montagne pour un grand bol d’air et de kiff. Un coup de fil aux potes, les plans se calent en deux-deux, direction le Beaufortain.
La nuit tombe doucement, mais pas notre enthousiasme. On grimpe vers Nâves, avalant la route forestière aux airs d’Alaska. Ambiance Into The Wild garantie. On scrute tout de même les bas-côtés pour éviter de finir en sculpture de neige.
On gare la caisse, on chausse les peaux de phoque et c’est parti pour une première rando nocturne. L’air est vif, la poudre craque sous les skis, le silence est total… Juste nous, la montagne et cette douce sensation d’être exactement là où on doit être.
Après 6 kilomètres de montée et 554 mètres de D+, on aperçoit avec joie notre sésame, baignée dans la seule lueur de la Lune : la Cabane de Plan Bérard, perchée à 1 520 mètres.
Comme dans tout bon week-end entre potes, pas question d’attendre pour passer à table ! Au menu : une fondue maison au comté AOP, remuée avec amour (et technique) en huit, pour éviter de transformer la mixture en vieux mortier suspect.
Le refuge, non gardé, est taillé pour six personnes. Poêle en libre-service, réserve de bois bien garnie, quelques outils à dispo… Y’a tout ce qu’il faut pour une nuit au chaud avant d’aller tracer demain.
Jour 2 : de la cabane au Col de la Louze
On avait pourtant bien checké la météo, tout semblait nickel… sauf que…le manteau nuageux a décidé de descendre plus bas que prévu. Résultat : on troque la Pointe de Riondet pour le col de la Louze et sa balade en forêt (on a vu des débuts de journée plus inspirants).
Pas de quoi se laisser abattre ! Après un petit déj de compèt et les neurones bien réveillées, on chausse les skis, on colle les peaux et on ajuste les bonnets. Direction… la Louze. Oui, la Louze. Comme si la météo ne suffisait pas, les panneaux s’y mettent aussi.
Sur le chemin, on doit traverser une rivière. En chaussures de ski, c’est un peu comme essayer de patiner avec sa paire de Converse sur un lac gelé : une masterclass d’équilibre. On s’accroche aux branches comme Mike Horn à son dernier bout de banquise, et on espère que le sort nous épargne une baignade involontaire.
« Y’a pas de mauvaises conditions, y’a que des mauvais esprits ! » La punchline de notre pote Vautour Repenti ne nous a jamais autant parlé. L’esprit de la montagne nous joue un remake de « On me voit, on me voit plus » , façon Cartapus dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre.
On ne se démonte pas : petit check des DVA (Détecteurs de Victime d’Avalanche), parce qu’en hors-piste, c’est pas optionnel. La neige est aux petits oignons, et malgré la purée de pois, on profite à fond des sensations du ski de rando, seuls face à la montagne. Le GROS kiff. Mais pas autant que le feu de bois qui nous attend à l’Abri du Pont de la Vieille Scie, perché à 1 447 mètres. Là, c’est le repaire d’Heidi en mode festin : saucisson, fromage et de quoi se rincer le gosier. Que demander de plus ?
Jour 3 : retour à Naves
Après la météo cata d’hier, on sait que le ciel va se rattraper. Alors on met le réveil aux aurores, et bingo : la nature nous remercie avec une bête d’ambiance. Le soleil pointe ENFIN le bout de ses narines, et tout en haut, c’est un vrai spectacle.
Les nuages tourbillonnent, s’effilochent, et d’un coup, la montagne reprend ses droits. Derrière le blanc immaculé de la veille, on redécouvre un patchwork de couleurs qu’on avait presque oublié. Ça valait le coup de sortir du duvet.
Cette dernière descente est un pur régal. On dévale des pentes encore vierges, profitant à fond de chaque virage. Mais toutes les bonnes choses ont une fin… Il est temps de redescendre à Nâves et de retrouver la réalité. Petit coup dur en arrivant : le bistrot Chez Fred est fermé. Tant pis, on trinque avec nos gourdes et on plie bagage, direction la maison.
Allez, on peut vous le dire : même avec cette météo approximative, on re-signe direct pour remettre ça.
