La dernière fois qu’on a checké, pour partir à l’aventure, il suffisait d’une bonne dose de motivation, de quelques idées et d’une paire de… chaussures. Pourtant, quand on feuillette les récits d’explorateurs, participe aux festivals de films, regarde un docu ou écoute un podcast, une réalité saute aux yeux : les femmes y sont encore trop peu visibles.
Ce manque de visibilité est-il synonyme d’un manque de pratiquantes ? Évidemment non. Des femmes explorent, grimpent, courent, rament, traversent, bivouaquent. Elles prennent la route, des chemins de traverse et des sentiers escarpés. Mais, leurs exploits sont encore trop peu racontés, diffusés et célébrés.
Des biais profondément ancrés
Les grands récits d’exploration et d’aventure ont toujours été dominés par des figures masculines, occultant pourtant le rôle crucial des femmes dans la découverte de notre monde. Cette invisibilité n’est pas le reflet d’un désintérêt, d’un manque d’audace ou de curiosité, mais plutôt le résultat de siècles de biais culturels et historiques.
Durant des siècles, l’exploration a été financée et orchestrée par des institutions dominées par des hommes. Les grandes expéditions étaient motivées par des enjeux de conquête, de commerce et de géopolitique, dans lesquels les femmes avaient rarement leur place. Les récits qui en ont découlé ont donc principalement glorifié des figures masculines, marginalisant les aventurières.
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Pourtant, l’histoire regorge de femmes extraordinaires qui ont bravé les conventions :
- Jeanne Barret, première femme à faire le tour du monde, déguisée en homme
- Marie Paradis, première femme à avoir gravi le Mont Blanc, en 1808
- Alexandra David-Néel, rentrée clandestinement au Tibet au début du 20e siècle
- Kathrine Switzer, première femme à courir officiellement le marathon de Boston
- Et Greta Thunberg dont le combat pour le climat marque toute une génération
« Les hommes ont des voyages, les femmes ont des amants » – André Malraux dans La Condition humaine (1933)
Si les biais sont à majorité historiques, les freins eux sont plutôt culturels et sociaux. Les femmes doivent encore surmonter des stéréotypes et des injonctions qui leur laissent moins de place pour s’engager pleinement dans certaines disciplines de l’outdoor. L’idée persistante que certaines pratiques sont plus « risquées » ou « inadaptées » pour elles limite encore la confiance et les opportunités.
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Pourquoi il faut aller plus loin et plus vite
Mettre en avant les femmes dans l’univers de l’aventure n’est pas une simple question de représentativité. C’est aussi :
- Créer de nouveaux modèles : voir d’autres femmes explorer, entreprendre des défis sportifs ou partir en expédition inspire et démontre que c’est possible. Le meilleur moyen de créer un cercle vertueux et de contourner les biais dont on parle plus haut ;
- Ouvrir de nouvelles voies : en diversifiant les récits d’aventure, les expériences féminines apportent de nouvelles perspectives, enrichissant ainsi l’imaginaire collectif et de nouvelles manières de voir / partir à l’aventure.
Notre engagement chez Chilowé
Chez Chilowé, heureusement, nous n’avons pas attendu la Journée internationale des droits des femmes pour agir. Mais il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir !
Depuis notre création il y a plus de 8 ans, nous racontons TOUTES les histoires qui donnent envie d’aller dehors. Que ce soit via nos topos et itinéraires, les récits ou encore les recos culturelles, nous essayons de promouvoir une pratique non genrée de l’aventure, du voyage et de l’engagement. En 2024, lors de notre tournée BEYOND, les récits inspirants de Capucine Trochet, Anne-France Dautheville, Sophie Lavaud ou Myriam Cabon ont laissé les spectateurs sans voix.
Nous sommes également partenaire Média depuis 2 ans le festival Femmes en Montagne, qui souhaite médiatiser et encourager les pratiques féminines dans les sports de montagne et de l’outdoor.
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En 2022, seuls 3% des guides de haute montagne étaient des femmes. Au Club Chilowé, les femmes représentent environ 25% de nos Captains, prêtes à emmener d’autres explorateurs et exploratrices sur les sentiers. Nous avons aussi lancé en 2025 une gamme de séjours 100% aventurières, non mixtes, conçus pour favoriser la sororité et la bienveillance.
Ensemble, ouvrons les horizons
Nous voulons aller encore plus loin et appelons toute l’industrie des médias, de l’outdoor, du voyage à prendre ses responsabilités. Donnons-leur la parole, diffusons leurs films et leurs témoignages, mettons encore plus en avant les figures féminines dans nos campagnes. Sensibilisons ensemble, toutes les (jeunes) générations sur la nécessité de plus de mixité dans le sport et l’aventure.
L’aventure est une histoire universelle et mérite d’être racontée par toutes et tous, pour toutes et tous. Nous devons changer les imaginaires, inviter à passer à l’action et donner à chacun·e la possibilité de rêver, d’oser et de partir explorer.
Ensemble, mettons tout le monde dehors, sans exception !

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.