Chilo | List
Chilo | List

Rénovation énergétique : on démêle le vrai du faux

Rénovation énergétique : on démêle le vrai du faux

Lancez le sujet de la rénovation énergétique à un dîner de famille et vous entendrez autant de sons de cloche qu’un concert géant de carillon. Entre un tonton qui n’a jamais réussi à aller au bout des démarches pour recevoir des aides financières, une cousine qui ne jure que par ses fenêtres double vitrage alors que votre père défend corps et âme sa pompe à chaleur et votre sœur qui vous assure que c’est une perte de temps et d’argent… pas facile d’y voir clair.

On a donc pris 4 phrases fréquemment entendues sur le sujet et on a demandé si c’était vrai ou faux à Clément Restoul, Responsable Impact chez Little Worker, l’agence de reconditionnement immobilier qui accompagne les particuliers dans toutes les étapes de leur projet. Voici 4 fausses croyances sur la rénovation énergétique.

« Une rénovation énergétique coûte trop cher pour faire de réelles économies »

Réponse : faux

Lorsque l’on se penche sur les bénéfices des travaux de rénovation énergétique, on a tendance à uniquement regarder les économies potentielles sur la facture de gaz ou d’électricité. Et ça peut refroidir plus vite qu’une clim’ ! « Pour des travaux estimés à 50.000 € on peut se retrouver avec une réduction totale de 1000 euros sur les factures en fin d’année », explique Clément Restoul. OK, ça veut dire qu’il faut rester dans son appart’ pendant au moins 50 ans pour profiter du fruit de son investissement ? Pas de panique Annick, le retour sur investissement est bien plus large.
Le rendu va casser la baraque ! – ©Little worker
« Chez Little Worker, on parle de valeur verte. Selon une étude notariale, deux biens immobiliers situés dans la même zone géographique, de superficie et valeur équivalente, peuvent se vendre avec un écart de prix de 20 % en raison de leur DPE respectif. » Selon l’expert, il est même parfois plus intéressant financièrement de perdre quelques mètres carrés en isolant les murs de l’intérieur pour gagner une ou deux lettres sur le DPE. « En se basant sur cette étude et nos calculs, on estime qu’un appartement qui passe d’un DPE D à un DEP B peut gagner 8% de la valeur immobilière. » Il va falloir ressortir la calculette Jinette.
Enfin, il faut prendre en compte l’encadrement légal qui nous pousse déjà à faire des rénovations énergétiques. Aujourd’hui la loi Climat et résilience interdit à la location les logements dont la classe énergie du DPE est classée G+. En janvier 2025, ce seront les logements classés G et en 2028, ceux classés F. « On peut imaginer qu’un jour la règle s’appliquera aux logements à la vente », suppose Clément Restoul.

« Les aides de l’Etat sont le seul moyen de faire des économies »

Réponse : ça dépend

Lorsque l’on fait une rénovation énergétique on est tous éligibles à une aide de l’Etat. « Mais celle-ci peut-être dérisoire ! À savoir 40 euros par fenêtre changée », explique Clément Restoul. Sachant que le prix d’une fenêtre double vitrage démarre à 150 € et peut monter jusqu’à 2 700 €, c’est un tout petit bout de beurre que l’on met dans les épinards. Pour débloquer une aide conséquente, il faut faire ce qu’on appelle une rénovation d’ampleur avec plusieurs lots de rénovations et surtout passer par un artisan RGE (Reconnu Garant de l’Environnement).
« Quand le bâtiment va, tout va » – ©Little worker
« Ces artisans facturent en moyenne 30% de plus que les autres. À Paris, ils sont nombreux, mais en dehors beaucoup moins et ils ont donc le luxe de pouvoir choisir leur chantier et de fixer leurs prix », assure Clément Restoul. Si on ajoute à cela le fait que l’aide de l’état est dégressive en fonction du montant de votre salaire, cette solution n’est pas la plus avantageuse pour tout le monde. C’est pour cette raison que Little Worker propose dans certains cas des rénovations sans passer par des artisans RGE et parvient à proposer des travaux moins chers, sans recourir à une demande d’aide de l’Etat.

« Une rénovation énergétique est forcément écoresponsable »

Réponse : oui et non

Oui, mais non. Oui parce que c’est toujours mieux que de ne rien faire du tout ! Mais non, « parce que tous les matériaux ne se valent pas ». Prenons l’exemple de l’isolant. La fibre de bois ou encore les isolants fabriqués à partir de vêtements recyclés sont les choix les plus respectueux de l’environnement. Les fibres minérales comme la fibre de roche ou la fibre de verre sont dures à extraire, mais restent quand même naturelles. Quant aux fibres synthétiques en polyuréthane, ce sont les moins écoresponsables. Sauf qu’on n’a pas toujours le choix Benoît !
Little worker
Ceci est un appartement rénové – ©Little worker
« Le polyuréthane est très efficace et beaucoup moins épais que la fibre de bois par exemple : 80mm contre 145mm ». Résultat, sur une pièce de 25m² on perd environ 1.57 m² avec du polyuréthane et 2.82 m² avec de la fibre de bois. On pardonnera donc à la personne isolant un petit studio parisien de ne pas utiliser exactement les mêmes matériaux que les propriétaires d’une immense bâtisse en Normandie.

« Remplacer les fenêtres est le plus simple et le meilleur retour sur investissement »

Réponse : ça dépend

C’est sûr qu’entre remplacer quelques fenêtres et faire totalement isoler tous les murs de son appartement pas l’intérieur, la 1ère option serait celle qui nous arrangerait le mieux. Mais il existe d’autres travaux de rénovation moins connus extrêmement efficace. « L’installation d’une VMC va permettre une bonne ventilation du logement et on sait qu’un air non vicié est beaucoup plus facile à chauffer ou à refroidir. » Un système de chauffage d’eau plus performant va permettre de faire des économies et il faut savoir qu’une pompe à chaleur produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
« Cependant il faut voir les choses dans leur globalité », insiste Clément Restoul. Car une pompe à chaleur ne sert à rien si un logement n’est pas isolé. « C’est comme chauffer avec les fenêtres ouvertes. On chauffe les pigeons. Lorsque l’on envisage une rénovation énergétique écoresponsable, la priorité c’est l’isolation des murs et les menuiseries extérieures comme les fenêtres. » Ensuite, beaucoup de choses dépendent de chaque logement. En gros, on ne fait pas les mêmes rénovations sur un appartement qui dépend d’une chaudière commune, que sur un second dont la façade de l’immeuble est classée monument historique ou encore d’un 3ème où une isolation intérieure viendrait masquer les jolies moulures. « Les priorités ne sont pas les mêmes pour tous, il n’y a pas une copie qui marche partout… »

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.