Cet automne, nous allons vous parler de « rewilding » (ou « réensauvagement » pour les Allemands LV1). Parce que chez Chilowé on pense qu’il devient urgent de retrouver des zones où la nature reprend ses droits, parce que la rentrée c’est le moment du passage à l’action et parce que l’automne c’est la saison idéale pour renouer avec la nature. On a donc prévu un grand dossier autour de cette thématique pour vous inspirer et vous donner envie d’agir avec des décryptages, des interviews d’expert(e)s, mais aussi des récits, des tutos ou encore des portraits. Mais commençons par la base : qu’entend-on par « rewilding » ?
Petite définition de réensauvagement
Comme l’explique plutôt bien le Muséum national d’Histoire naturelle, le réensauvagement consiste à protéger une zone définie en favorisant le retour de la flore et de la faune sauvage « pour lui permettre de retrouver toutes ses fonctionnalités d’origine, qui existaient avant que les activités humaines ne les perturbent ou ne les dégradent ». Cette fameuse zone définie peut être une forêt, un parc national, mais aussi le fond de votre jardin ou une cour de récréation.
Plus largement, le réensauvagement c’est aussi une philosophie : celle d’un retour à l’état sauvage. Cela s’applique à un territoire, mais aussi à la maison, au quotidien et dans sa manière de vivre. C’est accepter de se faire plus petit pour laisser plus de place à la nature pour qu’elle exprime… sa vraie nature !
Les différentes méthodes de réensauvagement
Pour réensauvager un espace, il y a plusieurs écoles ! Deux principalement. D’un côté ceux qui prônent la « libre évolution », c’est-à-dire empêcher l’Homme de pénétrer dans ces espaces sauvages, mais aussi limiter complètement ses interventions pour laisser la nature reprendre ses droits à sa façon. Dans une tribune publiée dans Le Monde, le philosophe Baptiste Morizot parle de « laisser l’évolution et les dynamiques écologiques faire leur travail têtu et serein de résilience, de vivification, de création de formes de vie. »
Deuxième option : donner à la nature un petit coup de pouce pour qu’elle revienne à son état d’origine. Les actions les plus courantes dans ce cas, consistent à réintroduire une espèce qui avait disparu et qui a peut de chances de revenir par elle-même sur le territoire. Cela peut également être : enlever une plante invasive pour laisser une plante endémique se développer. À noter que chaque intervention humaine pour être bénéfique ne doit pas se faire au doigt mouillé, mais s’appuyer sur des expertises approfondies.
Ces deux méthodes n’ont pas vocation à s’opposer. Chacune d’elle est adaptée à des contextes, des envies, des budgets et des types de terrains différents. Dans le monde idéal de demain, elles sont complémentaires !
Les pères (et mères) fondateurs du rewilding
Impossible de parler de réensauvagement, sans évoquer le couple emblématique de Douglas et Kristine Tompkins. Douglas Tompkins, fondateur des marques de vêtements The North Face et de Esprit a consacré la fin de sa vie avec sa femme à la protection d’immenses territoires en Patagonie. Tout commence en 1991 avec l’achat d’une ferme délabrée et 17 000 hectares de terres sur le fjord de Reñihué au sud du Chili. Plus de 30 ans après, le couple d’entrepreneurs américains a permis la création et l’agrandissement de 18 parcs nationaux entre le Chili et l’Argentine pour une surface totale de 7 millions d’hectares.
Depuis, l’incroyable aventure de Kris et Douglas Tompkins a inspiré de très nombreuses personnes. Les projets de réensauvagement se multiplient partout dans le monde à des échelles diverses. Cela va d’une ferme métamorphosée en paradis de la biodiversité par deux agriculteurs en Angleterre à l’immense Parc du Pléistocène créé à l’initiative du scientifique Sergueï Zimov en Sibérie orientale pour recréer les écosystèmes de l’ère glaciaire.
Des exemples de projets de réensauvagement en France
L’association ASPAS crée des Réserves de Vie Sauvage® et des Havres de Vie Sauvage®, deux labels, avec l’un des plus forts niveaux de protection de la nature en France. Grâce aux dons, l’Association Protection des Animaux Sauvages acquiert des terrains, ou participe à leur protection par le biais d’actes notariés divers, pour les laisser en libre évolution, préservés de quasiment toute activités humaines. Près de 1300 hectares possèdent aujourd’hui ce label.
Avec son Association de la Vallée de la Millière, Yann Arthus-Bertrand a racheté un terrain de 28 hectares en bordure directe de la forêt domaniale de Rambouillet, initialement fauché pour réaliser du foin et drainé pour éviter un trop-plein d’eau. L’association a transformé le site en réserve naturelle avec un projet de réensauvagement. Si le processus de libre évolution est privilégié pour ce projet, l’objectif est toutefois de maintenir la zone humide située au cœur de la réserve qui permet la présence d’espèces rares et protégées comme l’Agrion de mercure.
Nos meilleures références sur le réensauvagement
Le documentaire Rewilding Patagonia
À travers un incroyable voyage au coeur des terres sauvages du Chili et de l’argentine, ce documentaire retrace l’incroyable parcours de Douglas et Kristine Tompkins. Il dresse le bilan de ce grand projet de réensauvagement initié il y a plus de 30 ans et propose également une voie pour que tous les projets de réensauvagement survivent à ceux qui les ont lancé et survivent encore des centaines et des centaines d’années. À voir gratuitement juste ici.
Le livre Ré-ensauvageons la France
Ce livre met en lumière tout le potentiel de la France pour devenir la plus belle terre sauvage d’Europe. Il passe à la loupe nos montagnes, mers, forêts et campagnes et propose un éventail de solutions simples pour redonner une place de choix aux plantes et aux animaux. L’ouvrage présente aussi le retour à une nature sauvage comme un excellent facteur de développement et comme l’enjeu économique de demain. À commander par ici.