Gwénolé est coureur au large, quant à moi (Anne-Laure), j’ai cofondé et gère la Colloc, une entreprise ancrée sur le territoire de Lorient. Alors que notre deuxième enfant est en route pour débarquer, nous sommes pris d’un sentiment d’urgence climatique. C’est finalement 3 ans plus tard, en septembre 2021, nous prenons la mer et nous lançons dans une aventure à la voile. Objectif : explorer d’autres modes de vie heureux et empreints de sobriété. Une quête identitaire qui nous a paru indispensable pour aligner nos contraires, gagner en liberté, se (re)connecter à la nature et s’ouvrir aux autres. Après 8 mois passés sur l’eau, nous sommes en escale en Bretagne et faisons un bref bilan, avant de repartir. On est hyper heureux de partager avec vous ce qu’on en a appris des plus grands défis de notre première année.
Sommaire
Vivre à 4 sur un bateau
Nous sommes convaincus que le bateau sera pour nous, un habitat optimal pour changer notre façon de travailler, d’éduquer, de vivre. Passer du temps tous les 4, c’était la demande ! Sauf que… entretien du bateau, navigations, excursions, nos missions de boulot, école des filles, approvisionnements, repas, sessions glisse : la liste des choses à faire pour (bien) vivre ensemble sur un bateau est longue.
Après 4 mois d’expériences collés serrés, nous pensons : « Quelle folie de vivre dans 40 m2 non-stop tous les 4 » ! Où donc sont passées nos libertés individuelles ? Nous nous sommes vite rendu compte que nous avions besoin d’organisation. C’est d’ailleurs ce que nous avons mis en place. Objectif : avoir du temps de qualité en couple, en famille, individuel et avec nos filles. Quand on y arrive, on est au top de la pop !
S’alimenter et gérer les déchets
Quand on navigue, avale des milles, parfois loin de la civilisation et toujours, au plus près de la nature et des éléments, ne pas avoir de déchets du tout à bord est le graal. L’objectif est là et nous challenge. Alors nous avons des contenants étanches de 5 et 10 kilos à bord, rangés dans le canapé du salon. Tous les 4 mois, nous les remplissons en vrac : céréales, légumineuses et farines sont les bases de notre alimentation.
Pour ce qui est de l’autonomie alimentaire, il y a de l’idée ! Si nous arrivons à produire nos boissons fermentées et nos graines germées, nous rêvons de pêcher juste ce dont nous avons besoin et ainsi diminuer nos carences en protéines. Nous arrivons à prélever quelques petits poissons ou langoustines dans certains mouillages, grâce à la pêche en apnée. Et l’activité nous maintient en forme ! Bref : c’est un défi atteignable !
Développer l’autonomie des enfants
Sur le papier, l’éducation positive – heureuse – alternative – bienveillante, ça a l’air super ! Loin des vies sur Terre terre nous avions le temps et avons donc expérimenté le sujet. Chaque enfant est unique et en ce qui nous concerne, nos filles ont besoin d’un cadre bien précis pour développer leur autonomie.
Aussi, nous utilisons le programme scolaire (de la maternelle) pour les guider dans leur apprentissage et avons comme terrain de jeu, l’océan et la nature. Utiliser l’environnement naturel pour leur apprendre à lire et à écrire est une chance énorme. Très vite, elles s’initient à la natation. En les “trimballant” (presque) partout avec nous, elles s’adaptent, sont curieuses et acquièrent petit à petit un peu plus de courage.
Accueillir les réflexions
Nous ne pensions pas que ces 8 premiers mois d’aventures seraient un condensé de 10 années de séances de psy ! Une première boucle sur l’atlantique nous permet de nous pousser dans nos retranchements et d’explorer notre rapport au travail, à la famille, l’éducation, le voyage, le bonheur… Oui, nous nous sommes posé beaucoup de questions et parmi elles : faut-il vraiment se poser des questions ? Peut-être que la société dans laquelle nous vivons, nous pousse à nous poser (un peu) trop de questions ou plutôt, à nous les poser mal.
Pourtant, se poser des questions est la base de la philosophie. Épicure commence sa Lettre à Ménécée en exposant sa conception de la philosophie. Pour lui, c’est la médecine de l’âme et il n’y a pas d’âge ou de moment privilégié pour philosopher. Nous avons donc utilisé la philosophie et la littérature pour nous « apaiser » dans nos réflexions sur le Monde et le sens de nos vies. C’est le poisson qui se mord la queue !
Ne pas attendre le moment idéal
Peut-on se lancer dans un projet comme le nôtre, par hasard ? Avec un peu de recul, nous dirions que partir en famille sur un bateau à voile, pour une durée déterminée ou indéterminée, demande quand même réflexion, un peu de travail, et un brin de folie. Si l’envie est là, nul doute que le reste suivra. Nous pensons aussi que la base (le couple ?) se doit d’être solide mais que de toute façon, le voyage renforcera le noyau familial.
Dans le fond, nous ne sommes certainement jamais vraiment prêts à partir. Attendre le moment idéal semble illusoire. Dans notre cas, nous avons validé une date de départ et puis nous nous sommes adaptés. Ne serait-ce pas cela l’aventure ?
Fin septembre, nous repartons vers le Mexique. Notre projet s’affine et nous sommes déjà très fiers d’avoir mené ce projet en famille jusqu’ici. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve mais nous nous sentons de plus en plus solides pour l’aborder.
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Aller plus loin
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