Chilo | Édito
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Comment survivre aux débats sans fin ?

Comment survivre aux débats sans fin ?

Nuance radicale

Réforme des retraites, place du nucléaire, continuer à faire du ski grâce aux canons à neige, les bénéfices records de Total et leur projet d’oléoduc EACOP… En ce moment, on ne manque pas de sujets pour animer nos conversations entre ami·es, sur les réseaux ou au bureau. Sauf qu’on est de plus en plus à trouver que les débats se transforment en combats et que les opinions sont de plus en plus tranchées. À tel point qu’on n’a même plus envie d’y participer. Pour retrouver le plaisir de débattre, on a lu le livre Le courage de la Nuance de Jean Birnbaum, sorti en 2021. Il montre comment des écrivain·es et philosophes bien connu·es ont eu le courage de rester nuancés dans leurs prises de position. On a découvert à quel point il est bon d’avoir des convictions fortes, pleines de doute et que c’est ce qui nous sauvera des débats sans fin !

C’est quoi être nuancé ?

Être nuancé c’est admettre qu’il n’y a pas une vérité unique (à part peut-être que le beaufort est le meilleur fromage au monde). À partir de là, cela signifie que l’on peut avoir tort et que celui qui ne pense pas comme nous peut avoir raison. Notre esprit est donc ouvert et à l’écoute des opinions de chacun. Le débat n’est plus un affrontement, mais devient l’espoir de découvrir un nouveau point de vue qui viendra peut-être enrichir ou bousculer le nôtre et nous faire grandir (ou nous faire aimer d’autres fromages).

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On n’est pas « mou », on cherche l’équilibre

L’un des grands défenseurs de la nuance est Albert Camus. Il a écrit L’Etranger (qu’on a à peu près tous eu au programme en seconde), mais il a aussi dit : « nous étouffons au milieu des gens qui pensent avoir raison ». L’écrivain évoque la recherche d’équilibre : la nuance consiste à ne pas trop pencher d’un côté ou de l’autre. Certains qualifient ça de tiédeur ou de mollesse. Pourtant, dans la nature, l’équilibre c’est quelque chose de magnifique : c’est ce qui donne la vie, permet à la biodiversité d’exister, nous fait tenir debout. Allez tâter les abdos d’un funambule ou d’un équilibriste, voir si c’est mou ! Du coup, on fait plutôt confiance à dame nature sur les bienfaits de l’équilibre et on l’applique aussi à nos jugements.

Nuance radicale
Et là ? Ça a l’air simple l’équilibre ? – ©Vincent Hibschele

On n’est pas « faible », on est courageux

Le livre de Jean Birnbaum met beaucoup l’accent sur le courage de la nuance (coucou c’est le titre). Tout simplement parce qu’il faut beaucoup de force et de courage pour reconnaître ses torts et affronter ses contradictions. En 1944, Albert Camus écrit dans le journal Combat : « notre monde n’a pas besoin d’âme tiède. Il a besoin de cœurs brûlants qui sachent faire à la modération une juste place ». Alors soyons des exité·es du « oui mais », des énervé·es du « peut-être » et des douteurs infaillibles. Parce que c’est aussi une façon de refuser de s’aligner systématiquement derrière une pensée, un parti, des slogans, ou de s’enfermer dans une case. C’est finalement rester libre dans sa pensée.

Comment devenir nuancé ?

C’est bien beau d’avoir fait l’éloge de la nuance, mais maintenant il va falloir se l’appliquer. C’est à peu près aussi simple que de garder son calme face à une situation qui nous met hors de nous. Voilà donc 3 tips issus du livre Le courage de la Nuance, pour saupoudrer tous nos débats d’un nuage de nuance.

Solution 1 : Être franc

Être nuancé ne signifie pas être complaisant, mais rester franc avec bienveillance. Dans son livre 1984 (petit rappel du cours de terminal de certain·es), Georges Orwell considère qu’une société totalitaire est une société où toute franchise devient impensable. Mais pour l’écrivain, il faut absolument conjuguer la franchise avec le doute de soi-même. Par exemple : « je pense que les arguments mis en avant dans cet article sont faux, mais je peux me tromper et Mouette Flamboyante n’en demeure pas moins une excellente journaliste ». On obtient ainsi un cadre sain dans lequel chacun·e s’exprime et approuve ou non les arguments de l’autre.

Nuance radicale
Franchement Michel, tu t’es bien loupé pour le « petit sentier facile d’accès »

Solution 2 : Rechercher le vrai

Pour réussir à entendre les arguments adverses, la recherche de vérité doit passer avant tout : notre ego, ce que l’on pense être le bien et tout le reste (même notre amour pour le beaufort). Toujours selon l’écrivain Georges Orwell, il devient alors possible d’admettre que le camp adverse peut avoir raison et que notre ennemi peut être intelligent. Dans le livre Le courage de la Nuance, l’auteur insiste sur le fait que le réel est plein de contradictions : être nuancé, ce n’est pas lutter contre, ni l’accepter, mais chercher à le comprendre.

Solution 3 : Adopter l’humour

Pour cette partie, le bouquin s’intéresse au philosophe Roland Barthes. Selon lui, le meilleur moyen de ne pas imposer nos idées de manière autoritaire, c’est l’humour. Cela permet de jouer avec les propos, de prendre de la distance et de juger quelque chose sans écraser les autres avec un discours trop sûr de lui. Ça tombe bien, on adore se marrer.

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Voilà comment on compte retrouver le plaisir de débattre (et surtout se sortir des discussions houleuses sans fin). Et vous, pensez-vous que l’on puisse avoir des convictions fortes, s’engager dans un mouvement ou être militant en restant modéré ? Êtes-vous plutôt nuancé·e ou impossible à bouger de vos positions ? Dites-le nous à hello@chilowe.com.

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.