Comment rester heureux alors que le monde s’effondre ?
S’engager pour l’écologie, ça fait forcément du bien à la Planète, mais ça peut aussi nous faire beaucoup de mal ! Prendre conscience du bouleversement climatique, constater que certaines grandes puissances n’en font pas assez (ou ne font rien du tout) et réaliser que ça ne peut qu’empirer : il y a de quoi finir en dépression… À moins de boire ce satané verre à moitié vide (ou plein, on s’en fiche) et d’avancer ! Celle qui est forte pour ça, c’est Alice Khelifa, cofondatrice de l’ONG For My Planet, qui sera présente au Festival Chilowé en juin prochain. Elle nous a partagé ses conseils pour un militantisme heureux (même quand c’est la mouise).
Alice Khelifa en 2 mots 3 mouvements
Alice Khelifa est journaliste, documentariste et guide naturaliste en zone polaire. La nature : elle a les 2 pieds dedans tout le temps. Avec son mari Ismaël Khelifa (l’un des animateurs de l’émission Echappées Belles), ils ont fondé l’ONG For My Planet : un programme pédagogique notamment soutenu par Lafuma pour engager concrètement des collégiens dans la transition écologique. Pour elle, l’écologie rime avec social et enthousiasme. Elle en parlera au festival Chilowé lors d’une table ronde en partenariat avec Lafuma sur le thème de l’écoanxiété et d’écoptimisme.
Écoanxiété : frein ou moteur de la lutte écolo ?
Si on aime la nature, que l’on suit un minimum l’actualité et que l’on a lu des résumés du rapport du Giec : l’anxiété est un passage quasi-obligé. Et Alice Khelifa n’y a pas échappé : « j’ai passé de longs mois, voire des années en immersion dans la nature et je l’ai vu changer : que cela soit dans les Alpes pendant mes randos ou en Arctique et en Antarctique en tant que guide polaire. Ces phénomènes qui nous dépassent et menacent l’espèce humaine m’ont rendu triste et impuissante ».
Face au mur, on pourrait baisser les bras, sombrer dans une tristesse léthargique et rester caché sous la couette en attendant que ça passe. Mais pour Alice Khelifa, cette anxiété peut aussi devenir « un déclencheur et un moteur pour passer à l’action ». C’est ainsi qu’elle a créé avec son mari Ismaël Khelifa, l’ONG For My Planet : un programme pédagogique soutenu par Lafuma pour engager concrètement des collégiens dans la transition écologique.
Peut-on être écoptimiste ?
Dans le dictionnaire Larousse, on trouve deux définitions de l’optimisme. 1) Avoir confiance dans l’issue favorable d’une situation. 2) Prendre les choses du bon côté. Pour Alice Khelifa, la première n’est plus vraiment d’actualité : « il y a une extinction massive de la biodiversité, on est en train de franchir toutes les limites planétaires et ça ne va pas s’arrêter car le TGV est lancé à grande vitesse. L’arrêter : c’est impossible. Le freiner : on essaie, mais c’est très compliqué. »
En revanche, la seconde définition est plus réaliste pour Alice Khelifa qui a décidé d’opter pour l’éco-enthousiasme. « Il s’agit d’accepter les chiffres alarmants, tout en se demandant comment on vit avec et comment on rend heureux le quotidien. » Pour y parvenir et militer dans la joie, elle a 3 principes : se faire plaisir, correctement s’informer et se rassembler.
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Militer joyeux en se faisant plaisir
Pour Alice Khelifa, il faut passer à l’action pour soi, sans oublier la notion de plaisir. « Quel que soit notre âge ou notre situation pro, on a des leviers d’action. Il y a mille et une façons de passer à l’action, car la transition écologique est extrêmement large : cela couvre l’alimentation, les vêtements, les déplacements…» L’idée n’est pas d’être bon partout, mais en agissant, « on passe déjà moins de temps à cogiter et à broyer du noir. »
Militer joyeux en s’informant bien
Nous vivons dans une ère où l’information est accessible partout, gratuitement et tout le temps. Cela a ses avantages et ses inconvénients comme l’accès à des infos pas assez creusées, des fake news et un trop plein d’actualités qui crée un climat anxiogène. Pour Alice Khelifa, « il faut s’informer en privilégiant les articles de fond, les documentaires et les reportages de qualité. » Elle recommande par exemple les yeux fermés : lemonde.fr, le magazine ReporTerre et le podcast Vivons heureux avant la fin du monde.
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Militer joyeux en se rassemblant
Ne l’oublions pas : « nous ne sommes pas seuls dans cette galère et nous ne pouvons pas porter seuls la responsabilité du changement climatique », insiste Alice Khelifa. Pour autant, chaque goutte compte et mises bout à bout, elles forment un océan. Pour s’en rendre compte, il faut se rassembler, échanger et partager, mais sans se comparer. « Il ne faut pas entrer dans un comptage de points les uns envers les autres, ni dans une écologie punitive. Ce qui compte c’est le collectif : chaque génération a ses défis à relever et on y arrivera avec un état d’esprit solidaire ! »
Et vous, pensez-vous que l’on puisse encore être optimiste et enthousiaste malgré les rapports et les chiffres sur le dérèglement climatique ? Quelles sont vos techniques pour militer sans déprimer ? Dites-le nous à marie@chilowe.com. Vous pouvez aussi soutenir l’ONG For my Planet (à votre échelle).
Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.