Un prince a un jour dit dans un roman de Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde ». 150 ans plus tard, on se casse toujours la tête à coups de dissertations pour comprendre cette mystérieuse phrase : quelle beauté ? Sauver qui de quoi ? Et comment ? Et puis on a rencontré Magali Payen, fondatrice du mouvement On Est Prêt qui mène des campagnes et des actions pour mobiliser le plus grand nombre de citoyens face à l’urgence écologique. Leur plan pour faire bouger les choses ? Bousculer les imaginaires, raconter de belles histoires et utiliser la culture pour créer une société plus respectueuse du Vivant et de la justice sociale. Avec elle, on a compris Dostoïevski et surtout que c’est avec de belles histoires que l’on sauvera notre Planète.

Être informé ne suffit pas

Aujourd’hui, pour ignorer la crise climatique, il faut vraiment le vouloir (ou avoir été cryogénisé dans un frigo pendant 50 ans). Les rapports des scientifiques sont publics, les images de catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique font régulièrement la Une des médias et bon nombre de personnalités se font le relais de toutes ces informations sur les réseaux. Malheureusement, « savoir ne suffit pas » selon Magali Payen : « Le message que nous crient les scientifiques depuis des décennies est entendu mais n’est pas compris ou intégré par le plus grand nombre, tout simplement parce qu’il est extrêmement dur à entendre. »

Accepter que notre modèle de société ne fonctionne plus et que si on ne change pas radicalement, notre capacité à habiter cette planète sera sérieusement remise en cause : c’est dur à encaisser. Si on refuse cette réalité, on est dans le déni et on ne fait rien. Si on l’accepte : on a de grandes chances de devenir éco-anxieux. Sympa le dilemme.

Mais Magali Payen nous rassure : « cette peur est importante car elle sert de conseillère pour agir ». L’important c’est de ne pas se laisser dépasser par elle au risque de « devenir manipulable, de céder à la panique et de tomber dans des solutions simplistes ». Ces images et ces messages anxiogènes doivent donc être accompagnés par autre chose : de belles solutions ludiques, joyeuses et inspirantes.

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Agir sous le coup de (la bonne) émotion

Pour Magali Payen, « la forme sans fond, c’est inutile, voire même parasitaire. Mais le fond sans la forme c’est moins efficace ». En fait, convaincre un grand nombre de personnes de changer leurs habitudes en leur faisant lire d’une traite le rapport complet du Giec, c’est un peu comme tenter de faire manger une plâtrée d’épinards à une classe de maternelle : un certain aperçu de l’enfer et un échec final assuré. C’est pour cette raison que le collectif On Est Prêt raconte des histoires, crée des campagnes, lance des défis, donne la parole à des personnalités, met en avant des récits, des solutions ou des témoignages inspirants et surtout beaux. « La puissance du beau est renversante, c’est ce qui nous émeut. C’est cet émerveillement qui permet de déployer cet élan d’amour qui nous donne envie de protéger la nature, les animaux et les humains. » Amour, savoir et beauté : des mots qui font rêver.

À chaque fois le message est le même : il est possible de créer un nouveau monde dans lequel on sera plus heureux. Le mouvement On Est Prêt entend bien inonder le monde de ces messages d’espoir car « plus on aura d’images pour montrer à quoi ce nouveau monde pourrait ressembler, plus cela sera facile de le répliquer, parce que nous sommes des êtres de mimétisme ».

Passer à l’action pour créer un monde (d’)imaginaire

On a l’information, les belles histoires inspirantes, reste maintenant à faire notre part du boulot : faire marcher notre imagination et passer à l’action. Pour Magali Payen, « c’est la puissance de l’imagination qui nous permettra de relever les grands défis actuels et de nous sauver ». En fait, il ne tient qu’à nous de nous abreuver de belles histoires pour nourrir notre imagination et penser le monde de demain avec de nouvelles valeurs centrées sur la nature, l’autre et l’être plutôt que sur le paraître et l’avoir.

À nous de solliciter notre imaginaire pour requestionner ce qu’est le bonheur et la réussite. Imaginer un nouveau monde permet aussi « de le choisir et non pas de le subir, de nous adapter et non pas de trouver des solutions mal adaptées face aux problèmes que l’on rencontre », ajoute Magali Payen.

Ensuite, pour rendre cet imaginaire réel, il faut passer à l’action. Pour la fondatrice du mouvement On Est Prêt, cela signifie adopter de nouveaux gestes, changer des habitudes, relayer les belles histoires ou commencer à concevoir un beau projet de transformation : « c’est ultra excitant et c’est un très bon moyen de sortir de l’écoanxiété ».

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Comme Magali Payen, on pense que les belles histoires inspirent et créent de nouvelles belles histoires. On pense aussi que tout le monde peut être le héros et l’héroïne de ces récits qui changent le monde. Alors vos belles histoires, vos projets inspirants et vos actions pour la Terre nous intéressent. Vous pouvez nous en parler à marie@chilowe.com.