L’objectif quand on part à l’aventure ça peut être de : croiser une biche, voir le coucher de soleil les pieds dans le sable, boire une petite blonde de réconfort en refuge… mais aussi de contribuer à des projets de recherche en collectant des données sur le terrain ! C’est le principe des sciences participatives. Que vous vous appeliez Ellen MacArthur et soyez au milieu de l’Atlantique en solo ou bien Julie Dupont en rando avec des copains sur le tour du lac des Vosges, vous pouvez aider des chercheurs et rendre votre voyage plus impactant.
« Je ne pars jamais sans un kit de prélèvement neige !»
Quand l’explorateur Matthieu Tordeur a commencé à partir à l’aventure, ses motivations étaient principalement : le challenge, le dépassement de soi et la découverte. « Et puis à force de multiplier les aventures, j’ai voulu que ce soit aussi utile ». Toutes ses expéditions sont désormais l’occasion de faire de la sensibilisation au dérèglement climatique et à la protection des régions polaires. Mais celui qui a déjà traversé le Groenland en kite-ski en profite aussi pour collecter de précieuses données. « Depuis 2020, je ne pars jamais sans un kit de prélèvement neige !».
Il envoie ensuite les échantillons prélevés à l’Université du Colorado dans le cadre d’un programme scientifique qui étudie la pollution atmosphérique. « Il y a encore quelques jours, j’étais au Groenland. J’ai prélevé des échantillons à des endroits où les chercheurs ne seraient jamais allés. » En raison du coût, de la difficulté d’accès et parce que ça n’a pas de sens de partir deux jours au cœur de la calotte glaciaire pour faire ce genre de prélèvement. « Par contre si tu y es c’est dommage de ne pas le faire ! »
Matthieu Tordeur n’a jamais fait de découvertes fracassantes, mais cela n’enlève rien à la valeur de son travail. « On a des centaines de satellites qui quadrillent la Terre, mais rien ne vaut un prélèvement sur place. »

À chacun son programme
Mais les programmes de sciences participatives ne recherchent pas tous des échantillons venus du bout du monde. Loin de là. Le CREA Mont-Blanc compte 9 programmes de recherche accessibles au plus grand nombre. Par exemple, le programme Compte-ponte nécessite de se rendre sur l’une des trente mares pré-identifiées dans la Vallée de Chamonix et d’y étudier la vie des grenouilles rousses. Tandis qu’avec le programme Wild Mont-Blanc, il faut identifier des animaux des montagnes sur des pièges photos depuis son canapé.
« L’approche des sciences participatives est précieuse pour les chercheurs : elle permet de recueillir rapidement une grande quantité de données qu’une équipe seule mettrait beaucoup de temps à collecter, en raison de l’étendue géographique et de la difficulté d’accès. En multipliant les points d’observation grâce à la contribution de nombreux participants, elle offre ainsi des résultats plus solides et statistiquement fiables », nous explique Chiara Quadranti, cheffe de projet sur JADE, un itinéraire immersif pour étudier et comprendre des écosystèmes spécifiques.
L’aventure des sciences participatives vous tente ? Répondez à ce questionnaire du CREA Mont-Blanc et trouvez le programme de recherche qui vous correspond le mieux !

Des premiers résultats
Au CREA Mont-Blanc le programme Phénoclim étudie depuis près de 20 ans la réponse des arbres au changement climatique dans les Alpes, le Jura, les Pyrénées, le Massif Central, la Corse, les Vosges et le Massif du Mont-Blanc. Si vous habitez dans une de ces régions, que l’arbre en face de votre fenêtre est une espèce étudiée, vous pouvez vous inscrire et renseigner des infos tout au long de l’année.
Grâce aux observations des citoyens, on sait aujourd’hui que les arbres se décalent dans les saisons. « Les données de phénologie montrent une tendance à un débourrement plus précoce au printemps », détaille le CREA Mont-Blanc Ce phénomène crée une désynchronisation avec les autres espèces. « Les chenilles, qui dépendent de ces jeunes feuilles, sortent elles aussi plus tôt. Mais les mésanges qui se nourrissent de ces chenilles ne s’adaptent pas toujours au même rythme : leurs oisillons éclosent parfois quand il y a déjà moins de chenilles disponibles. C’est ainsi qu’un maillon de la chaîne alimentaire se dérègle. »
Les aventures qui contribuent aux sciences participatives sont utiles à la société, mais n’oublions pas qu’il est aussi bon d’avoir des aventures « inutiles » que l’on fait uniquement pour soi. Pour Matthieu « ce qui compte c’est d’être honnête avec soi et de raconter la vraie histoire. »












