Comment devient-on champion·ne d’une discipline sportive ? Le talent, le travail, le caractère ou la chance ? À moins qu’il ne faille baigner dans le milieu depuis le plus jeune âge ? On a rencontré la meilleure personne pour répondre à nos interrogations : Aurélien Ducroz. Cet enfant de Chamonix est multiple champion du monde de ski freeride. Et puis un jour, au hasard d’une rencontre, il s’est mis à faire de la voile. Le montagnard qui savait tout juste que tribord c’est à droite (on exagère à peine !) s’est rapidement imposé sur des courses de plus en plus prestigieuses : Transat Jacques-Vabre, Rolex Fastnet Race ou encore la 40′ Malouine SACIB.
On l’a attrapé avant qu’il ne reparte en mer à la barre du Class40 Crosscall pour trois transatlantiques, en double, en solitaire et en équipage jusqu’en 2024. Alors Aurélien Ducroz, c’est quoi le secret pour devenir champion ?
Comment est-ce que tu te présentes ?
Je sais jamais quoi faire ! Même mes enfants ne savent pas quoi dire ! Je dis « skieur et navigateur », même si ça ne fait pas très sérieux comme métier !
Quelle est la place de la compétition dans ta vie ?
Je suis arrivé dans le monde de la compétition dès l’âge de 5 ans à travers les clubs de sports. Depuis, je ne n’ai jamais quitté ce monde et c’est lui qui me nourrit en permanence. Ce qui m’a toujours éclaté, c’est que pour rester compétitif il faut toujours se remettre en question, continuer à apprendre, avoir une vision plus lointaine et ne jamais se reposer sur ses acquis. L’adversité est un moteur génial. Dans les sports que je pratique, la compétition n’est pas contre les autres : elle est avec toi-même.
Quelles sont les clefs pour performer dans un sport ?
C’est un ensemble, mais il faut commencer par la base : être prêt physiquement. En 20 ans de carrière, je n’ai jamais eu aucune blessure, même en pratiquant des sports assez traumatiques et c’est grâce à une bonne préparation physique. Après, viennent l’entraînement et la technique.
Ensuite, quand tu montes en niveau, tu ne peux rien laisser au hasard et pour ça, il faut être bien entouré. Il y a bien sûr la famille, mais aussi tout le staff du Crosscall Sailing Team, et en particulier, Jonathan Chodkiewiez, le préparateur du bateau. Dès qu’il y a un problème, c’est avec lui que je discute pour réfléchir aux solutions possibles pour optimiser les performances du bateau. Et bien sûr toutes celles et ceux qui m’accompagnent également sur la gestion des partenaires et de la communication.
À lire aussi : 👉 Justine Dupont : surfeuse de haut niveau et écolo, équation impossible ?Enfin, il y a le bateau. Avec mon partenaire principal Crosscall, on est parti d’une feuille blanche pour créer un Class40 alliant innovation et durabilité. On avait des dimensions à respecter, mais on était complètement libre dans les formes. Le défi était colossal et on y est arrivé en se servant des compétences de chacun. La technologie Crosscall a été intégrée au cœur de l’électronique présent à bord afin d’optimiser les performances. Ensuite à l’intérieur, tout est adapté à ma morphologie. Le bateau n’était pas encore mis à l’eau que je le connaissais déjà par cœur !
Pour être un champion, faut-il une part d’inconscience ?
Bien sûr ! Il y a plein de choses que l’on fait par inconscience parce qu’on ne les connaît pas. Si t’attends de tout connaître avant de faire du bateau et bien tu ne feras jamais de bateau parce que c’est impossible de tout prédire. Et c’est dans le sport comme dans la vie en général. Si on n’ose pas, si on ne tente pas, si on ne pousse pas un peu le bouchon, globalement, il ne se passe pas grand-chose.
Du coup, y a-t-il un sport où tu es nul ?
Je ne dois pas être bien bon en foot et je pense que je n’ai pas la grâce pour être un danseur !
Un conseil pour démarrer la voile ?
Allez naviguer ! Il y a plein de centres de formations en France. Se retrouver à la barre d’un bateau pour aller d’un point A à un point B, ce sont des sentiments et des responsabilités extraordinaires à prendre et à découvrir. C’est un accomplissement de dingue.